La vocation d’insertion du service civique se confirme
Le recours des jeunes au service civique est plus élevé dans les départements marqués par un taux important de chômage des jeunes. Dans ces départements, l’offre de missions de volontariat dans le service public a fortement augmenté ces dernières années.
"Plus le chômage des jeunes est élevé, plus la probabilité de réaliser un service civique est forte." Publiée ce 26 février 2024 par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), une étude met en évidence des différences départementales importantes dans le recours au service civique.
144.000 jeunes ont été en mission de service civique au cours de l’année 2022. Si en moyenne "environ 10% d’une génération réalise un service civique", ce taux oscille de 3% en Haute-Savoie à 36% en Guadeloupe. Pour mesurer le recours au dispositif parmi les 16-25 ans, l’Injep calcule un "indicateur conjoncturel de réalisation du service civique" correspondant à "la part d’une génération qui effectuerait le service civique si les modalités d’entrée en mission observées dans l’année se maintenaient dans le temps". Les disparités sont fortes entre l’outre-mer et la métropole puisque 27,4% des jeunes vivant dans les DOM réalisaient un service civique en 2022, contre 9,5% dans l’Hexagone. Des variations importantes sont également constatées dans le territoire hexagonal : le taux atteint 18% dans l’Aisne, près de 17% dans l’Indre et le Pas-de-Calais, "alors qu’il tombe à 5% dans l’Ain, en Savoie ou dans les Hauts-de-Seine".
"En moyenne, une hausse d’un point de la part des jeunes au chômage ou inactifs est associée à une augmentation de 0,6 point de la part d’une génération réalisant le service civique dans le département", observe l’Injep. Le recours au service civique est aussi plus élevé dans les départements où les jeunes volontaires sont moins diplômés. Au niveau national, 27% des volontaires démarrant une mission "n’ont aucun diplôme ou sont titulaires d’un CAP ou d’un BEP" ; ce taux atteint 33% dans les départements où la probabilité d’effectuer un service civique est la plus forte et descend à 23% dans les départements où le dispositif est moins plébiscité.
Une mobilisation des services publics pour accueillir des jeunes en service civique
Autre constat : "l’offre de missions dans le secteur public augmente le recours au service civique". L’Injep met en évidence une forte progression du nombre de missions réalisées dans le secteur public, dont le poids dans l’ensemble des missions a presque triplé entre 2014 et 2022 (de 12% à 35%). La part des collectivités territoriales dans ce mouvement n’est pas précisée ; parmi les 9.500 organismes agréés pour accueillir des volontaires, 13% étaient des collectivités, selon le rapport 2022 de l’Agence du service civique.
"Cette augmentation s’observe dans tous les départements, mais dans des proportions très variables" : le nombre de missions offertes par le secteur public a été "multiplié par 1,3 dans l’Ain, 1,5 et 1,6 respectivement à Paris et en Eure-et-Loir, alors qu’il a été multiplié par plus de 10 dans la Somme, le Gers, le Calvados, ou en Guadeloupe". Ainsi "dans les Pyrénées-Orientales, le Jura, le Cher, la Corse et l’Indre, plus d’une mission sur deux prend place dans le service public", ajoute l’Injep. La situation est bien différente à Paris, dans les Bouches-du-Rhône et l’Oise, où moins d’une mission sur cinq se déroule dans le public et où le secteur associatif reste le plus grand pourvoyeur d’offres.
"Les services publics se mobilisent donc davantage pour accueillir des missions de service civique dans les départements où le chômage des jeunes est plus important", conclut l’Injep. Ces données confirment la dimension de "dispositif d’insertion" du service civique, le volontariat étant "mobilisé comme un moyen de développer leur expérience professionnelle"… cela "en complément" de la dimension "engagement citoyen" qui est mise en avant depuis la création du dispositif en 2010 (voir notre article). Pour rappel, le "réarmement civique" voulu par Emmanuel Macron passe par la généralisation du service national universel (SNU) à horizon 2026 (voir notre article).