Développement économique - La stratégie d'innovation d'Ile-de-France ne convainc pas les acteurs économiques
Le conseil régional d'Ile-de-France a adopté le 23 juin 2011 son projet de stratégie régionale de développement économique et de l'innovation (SRDEI). Objectif : repenser la politique de développement économique de la région et développer une vision de long terme. Cette stratégie fait suite au schéma régional de développement économique qui couvrait la période 2006-2010 et structurait l'action économique de la région. Elle est le fruit de réunions qui se sont tenues d'octobre 2010 à avril 2010 entre la région et les acteurs économiques. Plus de 900 millions d'euros seront consacrés à cette politique d'ici 2014, et au total près de 2 milliards d'euros si on compte les fonds apportés par les partenaires de la région. Trois axes principaux sont couverts. En premier lieu, le renforcement des PME et PMI. La stratégie vise ainsi d'ici 2015 le développement de 500 PME/PMI pour qu'elles dépassent le seuil des 50 salariés, et le doublement du nombre d'entreprises de taille intermédiaire (ETI) industriels. Elle propose aussi de renforcer les capitaux permanents de ces entreprises, via des prêts participatifs de développement, et des avances remboursables. Deuxième axe stratégique : le développement de l'innovation. Forte de sa stratégie régionale d'innovation (SRDI) construite en 2010, et dont la cohérence avec la SRDEI a été pensée, la région s'est fixé pour objectif "d'augmenter le nombre de créations d'entreprises innovantes et de les accompagner dans leur croissance, de développer les maillages de territoires et de compétences et de prendre en compte les grands enjeux environnementaux et sociétaux comme moteurs de l'innovation." Au cœur des actions envisagées : des programmes de soutien et d'accompagnement dédiés aux acteurs économiques et destinés à développer des champs d'innovation ("la métropole intelligente et connectée, l'appropriation du design par les PME, l'innovation sociale"). La région souhaite aussi favoriser l'expérimentation, qu'elle voit comme un facteur de l'innovation des territoires. "L'objectif est donc de mettre en relation les grands pôles d'innovation et l'ensemble des territoires de la région, particulièrement les territoires économiquement vulnérables, pour favoriser l'émergence de projets adaptés à l'écosystème local", précise le projet de SRDEI.
Un plan d'actions plutôt qu'une stratégie
Enfin, troisième axe, la région veut développer la solidarité des territoires, à travers notamment la réduction des inégalités territoriales. "On doit non seulement comprendre que notre potentiel de croissance est insuffisamment exploité, mais aussi que la puissance publique doit agir pour corriger ces inégalités, sous peine de voir baisser la productivité des facteurs (particulièrement du travail)", insiste le document. Des pactes pour le développement économique, l'emploi et la formation, avaient été mis en place dans le précédent SRDE pour cibler géographiquement les financements de la région et permettre une articulation avec les autres démarches territorialisées comme les contrats de projets Etat-région, les contrats urbains de cohésion sociale (Cucs) ou les projets financés par les fonds européens. Ces pactes devront prendre en compte les nouvelles préconisations de la SRDEI, et notamment la localisation des actions et expérimentations en faveur de l'innovation sociale et l'implantation des parcs industriels écologiques envisagés. De nombreuses mesures, destinées à repenser les fondements et les finalités de l'action économique de la région mais qui n'ont pas complètement convaincu ni le Conseil économique, social, et environnemental régional d'Ile-de-France, ni le Medef Ile-de-France, qui avait demandé au conseil régional de revoir sa copie. Dans un avis adopté le 26 mai 2011, le Ceser Ile-de-France estime ainsi que la "SRDEI consiste davantage en un plan d'actions qu'en une stratégie, dont il constate le manque d'objectifs, d'indicateurs et de repères chiffrés". Autre critique : l'objectif de croissance économique, qui est absent du projet, et qui devrait pourtant être "plus prospectif et proactif sur les nouvelles activités à créer", et l'absence également de la problématique de l'emploi. Le Ceser "aurait souhaité que la SRDEI soit porteur d'une véritable ambition, vision globale à long terme du devenir du développement économique du territoire, afin de tirer l'Ile-de-France vers le haut, conforter et renforcer son rôle et sa position en Europe et dans le monde", souligne l'avis du conseil, et "que cette ambition soit fédératrice et motivante pour l'ensemble des acteurs du monde économique". Jean-Paul Huchon, président du conseil régional, a quant à lui estimé lors de l'adoption de la SRDEI qu'elle était au contraire "ambitieuse" et "visait l'objectif de dépasser d'un point la croissance moyenne des autres régions".