Santé - La relance des restructurations hospitalières risque de heurter de front les petites villes
A l'occasion d'un déplacement au centre hospitalier régional de Metz-Thionville, le 5 juin 2007, Roselyne Bachelot a annoncé son intention de "forcer le pas sur les restructurations" des services hospitaliers. Soulignant qu'il s'agit là d'un "enjeu majeur [qui] va dominer la période qui s'ouvre", la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports entend procéder à "un réexamen de l'implantation des activités de soins au sein des établissements". Ces restructurations devraient viser en priorité la chirurgie et l'obstétrique.
Pour Roselyne Bachelot, plusieurs arguments plaident en faveur de cette recomposition de l'offre de soins. Outre "l'évolution démographique des territoires", elle met en avant "la qualité des soins". Certaines disciplines nécessitent "un matériel coûteux et des équipes pluridisciplinaires", ce qui justifie de "les regrouper pour en garantir l'excellence et la sécurité". A l'inverse, des activités comme la médecine, les soins de suite ou la gériatrie, doivent être "assurées au plus près de nos concitoyens, dans un souci constant de proximité". A ces arguments traditionnels en faveur des restructurations hospitalières, la ministre en ajoute un autre plus inattendu : celui de la démographie médicale. Elle estime en effet que "dans les domaines de la chirurgie et de l'obstétrique, il n'est plus possible de diluer les moyens, surtout quand la ressource première, les médecins, se raréfie".
Ce retour en fanfare des restructurations heurte de front les petites villes, qui se mobilisent depuis plusieurs années en faveur du maintien de l'activité de court séjour - et notamment des maternités - dans les hôpitaux locaux. L'Association des petites villes de France (APVF) a d'ailleurs obtenu gain de cause en avril 2006, avec l'enterrement de fait du rapport du professeur Vallancien, qui préconisait la fermeture immédiate de 113 blocs opératoires réalisant moins de 2.000 actes par an. Devant la mobilisation des petites villes, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, avait suspendu les restructurations en cours et chargé les agences régionales de l'hospitalisation de mener des études au cas par cas, qui n'ont jusqu'alors donné lieu à aucune traduction concrète. Plus récemment, lors de l'annonce du plan Hôpital 2012 en février 2007, l'APVF s'est félicitée de ce nouvel effort d'investissement, mais en soulignant "l'absolue nécessité d'une véritable péréquation nationale et infrarégionale afin que ne soient pas oubliées les petites structures hospitalières dont la modernisation est une absolue nécessité". Tout en approuvant la politique de complémentarité entre les différents hôpitaux d'un même territoire de santé, l'association avait rappelé son intention de rester "très vigilante dans le domaine de la politique de regroupement des hôpitaux".
Jean-Noël Escudié / PCA