Environnement - La région Ile-de-France adopte son plan Climat à l'unanimité
Le conseil régional d'Ile-de-France a adopté à l'unanimité le 24 juin son plan Climat. Révisable tous les cinq ans, il est articulé autour de trois axes : "l'exemplarité des politiques publiques régionales à travers la gestion du patrimoine, les financements et la commande publique ; la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; l'adaptation du territoire aux effets du changement climatique". "Aujourd'hui, nous passons un cap, a souligné Jean-Paul Huchon, président du conseil régional. Avec ce plan, l'ensemble des actions menées ou aidées par la région ne pourra plus se faire sans prendre en compte l'urgence écologique et sociale que nous impose la situation actuelle. Ce plan est un programme concret qui va considérablement transformer le visage de l'Ile-de-France dans les vingt prochaines années."
Le plan se décline à travers 24 actions thématiques. Au chapitre de l'exemplarité, la région va intégrer la règle d'"éco-compatibilité" dans l'ensemble de ses politiques publiques. Les lycées, qui représentent 6 millions de m2, sont appelés à renforcer leur sobriété et leur efficacité énergétique (l'objectif est de réduire d'au moins 40% d'ici 2020 la consommation énergétique des bâtiments). En parallèle il est prévu d'optimiser l'exploitation des installations énergétiques (contrats de fourniture énergétique, gestion des contrats de maintenance). Au total, plus de 500 millions d'euros sur 10 ans seront affectés à ces actions. Le plan prévoit aussi de définir un niveau d'exigence régional de performance énergétique pour les réhabilitations et nouvelles constructions de bases de plein air et de loisirs et de mettre en oeuvre un plan de déplacement de l'administration. La région entend aussi constituer un réseau francilien des achats publics durables pour rendre la commande des administrations exemplaire au point de vue social et environnemental en cherchant à partager les connaissances et à mutualiser les achats.
En matière de transports, la région souhaite engager des expérimentations pour remédier aux émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux déplacements domicile-travail et professionnels (bureaux partagés, développement de la visioconférence). Le plan vise aussi à accompagner le doublement du tonnage de marchandise transporté par voie d'eau à l'horizon 2020 (avec, par exemple, l'ouverture du port urbain de fret sur le canal de l'Ourcq à Pantin en 2012), à développer le fret ferroviaire en améliorant les installations et les embranchements et à réduire les émissions de GES de la livraison aux clients, dernier maillon de la chaîne logistique.
Lutte contre la précarité énergétique
Le plan Climat régional entend aussi "participer activement à la lutte contre la précarité énergétique en articulant prévention et accompagnement, investissement et dispositifs humains" et jouer la complémentarité avec les dispositifs existants (mise en réseau d'acteurs, financement de la réhabilitation thermique). Il propose également de mobiliser des "éco-compagnons" pour aider les ménages en situation de précarité énergétique à mieux gérer leurs dépenses d'énergie. Pour accélérer le rythme des réhabilitations thermiques performantes et celui de la valorisation du potentiel francilien d'énergies renouvelables, la région va créer une société d'économie mixte, la Sem Ile-de-France Energies nouvelles, qui sera dédiée à la réhabilitation thermique du logement collectif (copropriétés et petits bailleurs sociaux) et du patrimoine bâti des collectivités ainsi qu'à la production d'énergie renouvelable. La région va investir 15 millions d'euros dans cette structure. En partenariat avec l'Ademe, elle a également mis sur pied un dispositif d'accompagnement spécifique pour les PME et les très petites entreprises. Des personnes qualifiées seront mises à leur disposition pour les aider à mieux gérer leur consommation d'eau, d'énergie et leur production de déchets : cet appui doit permettre de baisser le coût de production de l'entreprise et de financer une partie du poste de conseiller.
Enfin, alors que les simulations réalisées par Météo France sur la région francilienne font apparaître des perspectives alarmantes pour la fin du siècle - hausse très importantes des températures avec des étés très chauds (+2,9°C à +5,7°C selon les scénarios), très fort déficit de précipitations estivales (jusqu'à -30,4 mm en juin), la région entend tenter de contrecarrer ces scénarios catastrophes à travers plusieurs actions. Elle compte par exemple identifier puis lutter contre les îlots de chaleur urbains sur l'ensemble de son territoire, avec notamment un objectif de 10m2 de surface d'espace vert par habitant. Elle vise aussi une meilleure gestion de l'eau sur le plan quantitatif et qualitatif (maîtrise des ruissellements, trames verte et bleue, etc.).