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Education - La réforme du collège en conseil des ministres le 11 mars

Mise en œuvre à la rentrée scolaire 2016, la réforme des collèges présentée mercredi 11 mars en conseil des ministres ne touchera que de loin les collectivités locales. Pas une raison pour faire l'impasse si on en croit Najat Vallaud-Belkacem qui inscrit cette réforme dans le cadre d'une "cohérence d'ensemble" dans laquelle on trouve aussi : les nouvelles règles pour la carte scolaire, les nouvelles règles également pour l'affectation des moyens, sans oublier naturellement la réforme de l'éducation prioritaire (voir notre article Deux réformes pour "faire reculer le déterminisme social à l'école"), le grand plan numérique (voir notre dossier Les Tice, un plan numérique pour l'éducation), mais aussi la publication d'un nouveau socle commun (annonciateur de nouveaux programmes), la mise en place de nouveaux parcours (orientation, artistiques et culturels, citoyens) ou encore les évolutions de l'évaluation et du DNB (le brevet).
Un court chapitre de la réforme des collèges est consacré à la lutte contre la ghettoïsation. C'est là qu'il est rappelé que "l'allocation des moyens d'enseignement se fera désormais en fonction des difficultés sociales (des élèves) des collèges". C'est là aussi qu'il est rappelé qu'un grade sera créé pour les enseignants de l'éducation prioritaire leur permettant d'"accéder aux plus hauts échelons de rémunération".

Un outil de diagnostic de la ségrégation sociale pour préparer les futures cartes scolaires

Ce chapitre aborde aussi la carte scolaire, rappelant "la création de secteurs communs à plusieurs collèges pour favoriser la mixité sociale". Comme cela a été acté lors du conseil interministériel du 6 mars à la citoyenneté et l'égalité, "sur la base d'un diagnostic partagé, réalisé en 2015-2016, de nouveaux secteurs de recrutement des collèges seront définis, avec les conseils départementaux, pour regrouper plusieurs établissements et favoriser ainsi une meilleure mixité sociale dans la procédure d'affectation". Cela dans le prolongement du décret publié au JO du 17 juillet et de sa circulaire d'application (voir nos articles Carte scolaire calée sur un périmètre de transports urbains : un décret invite à passer des conventions du 22 juillet 2014 et Mixité sociale dans les collèges : une circulaire suggère un mode de concertation entre conseils généraux et rectorats).
"La carte scolaire sera revisitée et nous sommes en train de concevoir un outil de diagnostic sur la ségrégation sociale et faire de la simulation sur ce que pourrait changer une évolution de la carte scolaire. Les recteurs sont chargés de dresser de premiers constats qu'ils partageront ensuite avec les conseils généraux", avait précisé Najat Vallaud-Belkacem à la presse, le 9 mars. Le comité interministériel avait précisé que le ministère de l'Education nationale livrerait au cours de l'année 2015 cet "outil de mesure permettant aux acteurs de terrain de définir un 'micro territoire' et de mesurer la ségrégation entre les collèges, tout en permettant d'effectuer des simulations".
Aux journalistes, Najat Vallaud-Belkacem avait annoncé la nomination d'un comité scientifique constitué autour des sociologues de l'éducation Agnès Van Zanten et Pierre Merle, et de l'économiste Eric Maurin, chargé d'accompagner le ministère dans la définition de la nouvelle carte scolaire.

Anglais dès le CP, sauf dans les territoires transfrontaliers

D'une manière plus générale, la réforme du collège mise sur les pédagogies actives. Elle semble accorder aux établissements une plus grande liberté d'action avec des enseignements interdisciplinaires (sur des thèmes comme "information, communication, citoyenneté", "culture et création artistiques" ou encore "langues et cultures régionales et étrangères"...), de l'accompagnement personnalisé et des travaux de groupe.
Elle prévoit de mettre en place une deuxième langue vivante dès la 5ème. La 1re langue vivante serait quant à elle apprise à partir du CP. Ce sera obligatoirement l'anglais sauf dans les zones frontalières où l'allemand ou l'espagnol pourront être préférés (dans ce cas, la LV2 en 5e sera l'anglais). Dès lors, les classes bilangues et européennes seraient "rendues désuètes" par la réforme. Ce qui, au passage, retire un outil aux familles qui cherchent à contourner la carte scolaire...
4.000 nouveaux postes sont annoncés, soit 15 ou 16h environ de plus dans la DHG (dotation horaire globale) de chaque collège.
La réforme du collège sera débattue dans un mois, le 10 avril exactement, au Conseil supérieur de l'Education. "La consultation s'ouvre", a indiqué la ministre de l'Education nationale, laissant entendre que les cadres étaient fixés et que s'il pouvait y avoir des retouches, des ajustements ou des précisions, il n'y aura pas place à la négociation.

Valérie Liquet avec ToutEduc