La progression de la couverture 4G reste inférieure aux attentes

A l’occasion du comité "couverture numérique", le gouvernement s’est félicité de la progression de la couverture 4G. Inscrite dans les obligations du New deal mobile, celle-ci atteint désormais 96% du territoire. Un bon chiffre qui cache le maintien de disparités départementales importantes et un dossier "couverture ciblée" à la peine. 

La migration de l’ensemble des sites mobiles en 4G fait partie des engagements du New deal mobile de 2018. Cet objectif est en passe d’être atteint selon les derniers chiffres révélés par l’Arcep à l'occasion du comité de pilotage "couverture numérique des territoires" du 10 novembre. 96% du territoire est désormais desservi en 4G par au moins un opérateur. La couverture 4G par quatre opérateurs – celle qu’attendent tous les territoires – atteint pour sa part 76%, réalisant un bond de 31 points par rapport à 2018. "La France, qui était en queue du classement européen (26e sur 28) de la couverture mobile en 4G gagne 16 places en deux ans", a souligné Sébastien Soriano le président de l’Arcep. Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires a salué de son côté "le franchissement d’une étape importante" dans la résorption de la fracture numérique. Cédric O le secrétaire d’Etat aux communications électroniques s’est pour sa part félicité de la "bascule intégrale du réseau en 4G dans les prochaines semaines" tout en invitant les opérateurs à "accélérer" pour "répondre aux attentes créées par la crise sanitaire".

42 sites non livrés

Une accélération qui concerne avant tout la "couverture ciblée", dossier toujours à la peine. Sur les 2.066 sites prioritaires identifiés depuis 2018 par les collectivités, 462 seulement avaient été activés fin octobre. Un chiffre qui n’intègre même pas la totalité des 445 sites (hérités du programme zone blanche) censés être mis en service au plus tard en juillet 2020. 42 n’ont en effet pas été livrés début octobre alors même que l’Arcep avait accordé aux opérateurs une rallonge de trois mois pour tenir compte du confinement. A l’occasion du comité de pilotage, l’Arcep a certes indiqué que des "analyses" étaient en cours pour examiner les raisons de ces retards. Reste à savoir si le L33-13 et les sanctions qu’il autorise, article maintes fois évoqué par le gouvernement pour rassurer les élus sur le "respect des engagements des opérateurs", sera effectivement activé en cette période où la crise sanitaire fait figure de joker idéal. En attendant, l’objectif des 5.000 sites par opérateur en couverture ciblée pour atteindre 100% de couverture 4G d’ici à 2025 peut paraître bien abstrait. 
 

Un atlas départemental centré sur "la progression"

Pour aider les collectivités à prioriser les 600 à 800 sites annuels programmés chaque année en couverture ciblée, l’Arcep vient d’enrichir sa plateforme monreseaumobile d’un atlas départemental. Téléchargeable, celui-ci propose trois séries de cartes pour faciliter analyses et comparaisons. La première montre l’évolution de la couverture 4G (au moins un opérateur) entre 2015 et 2020, la seconde compare la performance respective des quatre opérateurs et une troisième affiche le nombre d’opérateurs disponibles par zone. En mettant l’accent sur l’évolution sur 5 ans, l’Arcep cherche visiblement à montrer le verre à moitié plein et la "progression" des aplats colorés. Elles restent cependant fondées sur des simulations numériques "fiables à 95%", vivement critiquées par les élus du fait de leur décalage avec le ressenti du terrain. Les mesures réalisées par l’Arcep sur les grands axes de communication, dans les trains et dans les lieux de vie restent accessibles uniquement sur monreseaumobile. Elles se sont enrichies, depuis peu, des mesures financées par les collectivités respectant le protocole Arcep (Auvergne Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Pays de Loire et département du Cher). Il restera à en améliorer l’accessibilité même si, comme pour les données de l’Arcep, elles sont en open data pour en faciliter la réutilisation.

Disparités départementales : l’exemple du Grand-Est

La préfecture de région du Grand-Est a publié en juillet dernier une étude sur la couverture mobile qui illustre les disparités départementales et relativise le rattrapage actuel tant certains territoires reviennent de loin. Fondée sur les données de l’Arcep, cette analyse montre qu’en Haute-Marne, la couverture à 4 opérateurs qui était de 22% en 2018, n’atteint que 49% au T1 2020 et 12% du territoire n’a toujours pas accès à la téléphonie mobile. Des pourcentages de couverture qui atteignent 59% dans la Meuse (contre 25% en 2018) et 62% dans les Ardennes (contre 37% en 2015). En outre, les zones frontalières, parmi les plus peuplées de la région Grand-Est, se révèlent concentrer le plus de zones blanches.