Les dossiers chauds de Cédric O : couverture numérique et lutte contre l'illectronisme, le Covid-19 en prime
En héritant des communications électroniques, Cédric O prend la main sur la couverture numérique en plus de la transition numérique et de la lutte contre l'illectronisme. Des dossiers sur lesquels la crise sanitaire a mis en valeur l'impérieuse nécessité d'accélérer. Reste à savoir si les moyens seront au niveau des ambitions.
Certains auraient espéré un grand ministère du numérique. D'autres ont pu craindre la suppression du poste du fait que "le numérique est partout". Cédric O, qui s'est succédé fin juillet 2020 à lui-même, récupère finalement un secrétariat d'État au périmètre étendu, chargé de la transition numérique et des communications électroniques.
THD et plan de relance
Une extension de périmètre qui devrait l'occuper dès cet été. La crise sanitaire a en effet mis en relief l'urgence à accélérer la couverture de la totalité du territoire en très haut débit. Accélérer ? Le verbe faisait déjà partie des "éléments de langage" de Julien Denormandie, son prédécesseur sur ce dossier. L'accélérateur du THD se conjugue cependant au pluriel, comme l'a souligné Infranum dans son plan de relance à tiroirs dévoilé au début du mois. De la couverture intégrale du pays en FTTH à l'appui aux "smart territoires" – deux sujets également chers à l'Avicca – en passant par l'accompagnement de la transition numérique des TPE et PME et la sécurisation des emplois dans les télécoms, le plan défend une approche systémique de l'aménagement numérique… Une ambition à hauteur de l'addition, évaluée à 11 milliards d'euros. Or aujourd'hui, si le numérique a bien sa place dans le plan de relance gouvernemental, le flou persiste sur le niveau d'ambition.
La 4G victime collatérale de la 5G ?
Autre sujet chaud, la 5G. L'Arcep a planifié l'organisation d'enchères fin septembre 2020 pour finaliser l'attribution des licences 5G. Mais la 5G voit son nombre de détracteurs chaque jour un peu plus nombreux. Elle est accusée d'être une aberration environnementale : fortement consommatrice en énergie (ce que nie l'Arcep), elle inciterait au "toujours plus" – de données, d'usages – incompatible avec la "sobriété" qu'impose la crise climatique. On lui reproche aussi de nuire à la santé humaine et à la biodiversité. Si certaines de ces affirmations tiennent davantage de la théorie du complot que des faits scientifiques, faute d'études – celle de l'Anses est attendue pour la fin de 2020 – elles rencontrent de plus en plus d'oreilles attentives. À commencer par certains édiles écologistes qui ont inscrit dans leur programme un "moratoire sur la 5G". Si la loi ne leur confère que peu de pouvoirs sur ce dossier, le gouvernement ne pourra faire abstraction de ces critiques. Car faute "d'acceptation sociale", les déploiements d'antennes seront compliqués, 4G comprise. Les maires vont un peu plus se retrouver écartelés entre des administrés qui se plaignent de la mauvaise qualité de réception et ceux, parfois les mêmes, qui refusent toute antenne supplémentaire. Or, s'il y a moyen "d'accélérer", c'est bien sur la couverture 4G, ambition centrale du New Deal mobile. Mais deux ans après son lancement, le bilan de ce programme gouvernemental est mitigé : si la migration de la 3G vers la 4G avance, comme le claironne la Fédération française des télécoms, la "couverture ciblée" piétine, opérateurs et collectivités se renvoyant la responsabilité de l'enlisement du dossier.
Illectronisme et StopCovid
La couverture numérique n'est cependant qu'une facette de la fracture numérique. La lutte contre l'illectronisme est un chantier beaucoup plus vaste qui n'épargne aucun territoire, aucune classe sociale. La crise sanitaire a mis en lumière ses conséquences dramatiques : renoncement au droit, décrochage scolaire, perte d'emploi faute de pouvoir télétravailler… Ce dossier fait partie de ceux sur lesquels Cédric O s'est particulièrement investi en signant ces derniers mois plusieurs conventions "pass numérique" avec des collectivités. Ce volet inclusion manque néanmoins grandement de moyens, même si la relance des emplois aidés pourrait contribuer à faciliter l'équilibre économique des lieux de médiation. Le secrétaire d'État va enfin devoir répondre aux récentes injonctions de la Cnil sur l'application StopCovid. Le gendarme des données personnelles a demandé au gouvernement de remédier dans les meilleurs délais aux problèmes de confidentialité des données traitées par l'application de traçage de contact. Vivement critiquée, notamment pour son coût et sa faible adoption par les Français, celle-ci pourrait néanmoins "profiter" du regain du Covid-19 pour prouver son utilité dans la lutte contre la pandémie.