La politique de la ville a son comité d’histoire
La politique de la ville a 45 ans d’histoire que ses acteurs souhaitent éclairer et valoriser : c’est le projet du comité d’histoire de la politique de la ville, qui a été créé officiellement par un arrêté publié au Journal officiel du 29 avril 2022.
"La politique de la ville, c’est l’histoire de femmes et d’hommes, du pied des tours jusqu’aux sommets de l’État qui ont refusé le fatalisme, le déterminisme, la victimisation, la stigmatisation de nos quartiers et qui, tous les jours depuis 45 ans, se sont remontés les manches pour prendre à bras le corps les difficultés qu’il y avait." Le 15 mars dernier, Nadia Hai, ministre déléguée à la Ville, annonçait la création d’un comité d’histoire de la politique de la ville, déclarant qu’il était nécessaire "de faire connaître cette politique publique, de la reconnaître et surtout, de tirer des enseignements de son histoire pour mieux anticiper, éclairer et aiguiller nos réflexions sur la politique de la ville à venir". "Si, depuis 45 ans, nous sommes à l’œuvre pour réhabiliter avec les habitants des quartiers leur cadre de vie, je suis intimement convaincue que c’est leur image ainsi que celle de la politique de la ville qu’il nous incombe aujourd’hui de réhabiliter", justifiait alors la ministre ajoutant "qu'un budget annuel de 300.000 euros sera consacré aux travaux de cette nouvelle instance".
Publiés au Journal officiel du 29 avril 2022, deux arrêtés ont officiellement créé ce comité d’histoire de la politique de la ville et désigné ses membres. Placé auprès du ministre de la Ville, le comité aura pour missions "d'encourager l'étude et la recherche sur l'histoire de la politique de la ville et du développement social urbain", "de promouvoir la diffusion des travaux historiques sur la politique de la ville à des fins de connaissance et de formation", "de recenser et de valoriser les archives de la politique de la ville", "d'organiser des recueils de témoignages, des journées d’études" et autres événements sur le sujet, de mobiliser des acteurs "pour faciliter l'émergence de projets locaux autour de l'histoire de la politique de la ville" ou encore "d'intéresser l'opinion à l'histoire de la politique de la ville et des actions menées en faveur des quartiers concernés et de leurs habitants".
Une politique publique "laboratoire d’innovation" à documenter davantage
"C’est une politique publique très peu documentée, qui n’a pas fait l’objet de travaux historiques et sur laquelle les gens disent tout et son contraire. Elle est pourtant une politique très intéressante à étudier parce qu’elle est souvent un laboratoire d’innovation", selon Michel Didier, désigné président du comité d’histoire de la politique de la ville après en avoir été le préfigurateur. Jeune retraité de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) où il occupait jusqu’à août 2021 les fonctions de conseiller-expert auprès du directeur général délégué à la politique de la ville, Michel Didier a dédié l’ensemble de son parcours professionnel à la politique de la ville et au développement social urbain, d’abord sur le terrain à Montreuil puis au sein des services de l’État.
A ses côtés, un comité d’orientation du comité d’histoire réunira, en tant que "membres de droit", des représentants de l'Etat et des opérateurs publics (DGCL, ANCT, Anru, Caisse des Dépôts...), de l'Observatoire national de la politique de la ville et du Conseil national des villes, des associations d'élus (France urbaine, Intercommunalités de France, Villes de France, Ville et banlieue, AMF, ADF, Régions de France) et d'autres acteurs liés à la politique de la ville (USH, Fnau, réseau des Centres de ressources, régies de quartier, Fédération des centres sociaux...).
Ont en outre été désignées de nombreuses personnalités ayant contribué de différentes manières à la politique de la ville, dont Jacques Bourgoin, ancien maire PCF de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Dominique Figeat, ancien secrétaire général de la commission nationale de développement social des quartiers, Antoine Loubière, ancien rédacteur en chef de la revue Urbanisme, Béatrix Mora, ancienne directrice du service des politiques urbaines et sociales à l’Union sociale pour l’habitat (USH), Philippe Van De Maele, le premier directeur général de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), ou encore Bénédicte Madelin, ancienne directrice du centre de ressources Profession Banlieue et militante associative.
Au titre du conseil scientifique, sont nommés des universitaires tels que Renaud Epstein, maître de conférences en sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Saint-Germain-en-Laye – dont on connaît bien la série Twitter "Un jour, une ZUP, une carte postale", histoire des quartiers populaires à travers le recueil de vieilles cartes postales (voir illustration article) qui vient de donner lieu à l'ouvrage "On est bien arrivés – Un tour de France des grands ensembles" –, Joëlle Bordet, psycho-sociologue et directrice émérite de recherche du Centre scientifique et technique du bâtiment, Philippe Estèbe, géographe et docteur en sciences politiques, Isabelle Laudier, responsable de l'Institut pour la recherche de la Caisse des Dépôts, Brigitte Guigou, socio-urbaniste et professeur associée à l’École d’urbanisme de Paris, ou encore Marie-Christine Jaillet, géographe et sociologue.
L’association qui portera le comité d’histoire de la politique de la ville sera créée d’ici début juin et sera hébergée au sein du nouveau campus Condorcet d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
Références : arrêté du 14 avril 2022 portant création du comité d'histoire de la politique de la ville, publié au Journal officiel du 29 avril 2022, arrêté du 22 avril 2022 portant nomination au comité d'histoire de la politique de la ville, publié au Journal officiel du 29 avril 2022. |