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Environnement - La moitié des eaux des bassins Rhône-Méditerranée et Corse en mauvais état écologique

Seuls 51% des rivières des bassins Rhône-Méditerranée et Corse affichent un bon état écologique. Un taux "encore loin des 66% fixés à l'horizon 2015 par le Grenelle de l'environnement, malgré de nettes améliorations dans le traitement des eaux usées", souligne l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée dans son rapport annuel 2010 publié le 6 décembre. Les principaux facteurs de dégradation de la qualité des eaux sont la pollution par les pesticides et les altérations physiques des rivières, a constaté l'agence. Le plus répandu des pesticides, le glyphosate - substance active du Round-up®, un herbicide très connu utilisé aussi bien dans les zones agricoles que par les collectivités et les particuliers - se retrouve dans les trois-quarts des cours d'eau. Mais le plus alarmant selon l'agence est la présence dans 60% des rivières et 40% des cours d'eau de 6 pesticides interdits depuis 2003 dont l'atrazine, ce qui témoigne de la persistance d'un usage illicite de ces produits. "La présence de pesticides dans les rivières et les nappes est d'autant plus préoccupante que l'on n'observe aucune évolution significative à la baisse", met en garde l'agence. Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), cancérogènes issus de la combustion des matières fossiles (bois, charbon, pétrole...) contribuent aussi à la contamination des rivières : ils sont présents sur 97% des sites de surveillance. Concernant les PCB, interdits depuis 1987 mais toujours présents dans l'environnement du fait de leur stabilité et de leur persistance, les niveaux de concentrations mesurées très élevés (plusieurs milliers de μg/kg) ne se trouvent que dans les sédiments du Tillet, affluent du lac du Bourget, en Savoie. Au total, les micropolluants sont présents sur la totalité des sites de surveillance et pour les plus contaminés d'entre eux (Rhône, Saône, Vouge...), plus de 100 substances différentes ont été mises en évidence.
Parmi les rivières en mauvais état écologique, 2/3 ont subi de graves déformations physiques (débits modifiés, construction de seuils, de barrages ou de digues). 60% d'entre elles ont ainsi vu leur régime hydrologique modifié, 70% leur morphologie dénaturée (berges rectifiées et souvent rétrécies) et dans 70% des cas également, des seuils ou des barrages placés en travers bloquent la circulation des poissons et des sédiments et vont jusqu'à provoquer des dégénérescences et des disparitions de poissons.
Point positif, tout de même, dans cet état des lieux : la modernisation des stations d'épuration ces 20 dernières années a permis de diviser par dix les concentrations en ammonium dans les cours d'eau, permettant de passer d'une qualité médiocre à bonne. Parallèlement, la concentration en phosphates dans les cours d'eau a été divisée par dix depuis le début des années 90. "Ces progrès ont permis un net recul de l'eutrophisation et une amélioration du peulement des fonds de rivières en invertébrés, notre le rapport. Pour autant, les déformations physiques des rivières et la destruction des habitats continuent d'entraver le développement biologique."