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Environnement - De plus en plus de marées noires en eaux douces

Dans son deuxième Atlas des marées noires dans les eaux intérieures, l'association environnementale Robin des bois dénonce "l'indifférence des pouvoirs publics" face à la hausse des pollutions des cours d'eau en France.

"Les marées noires dans les eaux intérieures sont en augmentation", selon l'association environnementale Robin des bois qui a publié le 9 mars la deuxième édition de son atlas consacré à ce thème portant sur la période 2008-2010. L'atlas 2004-2007 "recensait 561 pollutions soit une moyenne annuelle de 140" alors que celui de 2008-2010 en recense 643, "soit une moyenne de 214". "Le réseau hydrologique français est impacté par des micropolluants persistants au premier rang desquels les PCB. De par leur présence, tous les bassins font l'objet de restrictions ou d'interdictions de pêche depuis 2005. Ceci n'empêche pas les pollutions par hydrocarbures [pétrole brut, carburants, huiles, solvants, principalement, NDLR] de se perpétuer et de s'amplifier, dans l'indifférence des pouvoirs publics", déplore l'association. Or, estime-t-elle, ces pollutions condamnent faune et flore "à une triple peine" : "le colmatage et l'engluement, la longue dégradation de l'habitat et la bioaccumulation de micropolluants toxiques et persistants comme les métaux lourds".

Les accidents de poids lourds principaux responsables

"Les accidents de transport impliquant en premier lieu des poids lourds sont désormais à la première place" du classement des causes identifiées de ces marées noires intérieures. "La deuxième cause des pollutions des eaux douces par les hydrocarbures est la maintenance dégradée, la vétusté ou l'abandon des cuves à fioul de chauffage." Les pollutions par hydrocarbures d'origine industrielle reculent de la première à la troisième place par rapport au premier atlas. "Ce recul pourrait correspondre à la désindustrialisation et être malheureusement compensé par la tendance à l'augmentation des pollutions en provenance des friches industrielles et sites pollués". Les pollutions d'origine agricole – vidanges intempestives des cuves à fioul ou à gazole – sont aussi en augmentation très sensible, passant de la huitième à la quatrième place dans cette nouvelle édition de l'atlas. "Le développement du transport et du tourisme fluvial se traduit également par une augmentation proportionnelle des dégazages", note également Robin des bois qui constate aussi une "augmentation sensible" des pollutions consécutives aux travaux publics. "Il s'agit dans la plupart des cas d'une mauvaise maintenance des engins et d'une mauvaise connaissance de l'environnement, ce qui aboutit à des agressions de canalisation".
Les pollutions sont cartographiées par bassin (Artois-Picardie, Rhin-Meuse, Seine-Normandie, Loire-Bretagne, Adour-Garonne, Rhône-Méditerranée-Corse) et par type de pollution – trafic routier, distribution, chauffage domestique, agriculture, industrie, sites pollués, réseaux d'eaux pluviales ou usées, trafic ferroviaire, malveillance, navigation, inondation et travaux publics. "Mais l'exercice a ses limites : plusieurs facteurs ont pu concourir à l'événement et un quart des pollutions reste d'origine inconnue", prévient l'association.

Premier bassin touché : Loire-Bretagne

Chaque bassin fait l'objet d'une brève présentation et d'une cartographie. Les pollutions sont classées par département à l'intérieur du bassin et par ordre chronologique en partant des plus récentes en 2010 jusqu'aux plus anciennes en 2008. Le bassin où le plus de pollutions sont recensées est celui de Loire-Bretagne, avec 168 marées noires. Vient ensuite le bassin Rhône-Méditerranée-Corse (140), Seine-Normandie (121), Rhin-Meuse (83), Artois-Picardie (69) et Adour-Garonne (62).
L'atlas est le fruit "d'un travail de trois ans de collecte, de synthèses et d'analyses des informations disponibles après des pollutions par hydrocarbures de cours d'eau aussi différents qu'un ru et que le Rhin", rappelle Robin des Bois. Ses sources sont "les services de l'Etat ou ses appuis techniques comme le Barpi (Bureau d'analyse des risques et pollutions industriels), les préfectures et le Cedre (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux)". Reste que "l'apport principal provient de la consultation de la presse quotidienne et hebdomadaire régionale. Ces médias ont d'autant plus d'importance dans ce domaine que les comptes rendus officiels administratifs et obligatoires et les retours d'expérience sont de plus en plus irréguliers".
Pour l'association environnementale, "ces pollutions [sont] devenues si banales que nombre d'entre elles ne sont même pas signalées. Comment croire à cet égard qu'il n'y ait eu aucun événement hydrocarbure dans les rivières en Corse et entre Marseille et Nice pendant ces trois dernières années ?", interroge-t-elle.