Habitat - La mobilité des actifs pèse sur la demande en logements
L'Anil (Agence nationale d'information sur le logement) publie une étude consacrée au thème "Conditions de logement et mobilité des ménages d'actifs". Celle-ci s'appuie sur l'exploitation de l'enquête nationale logement de 2013. La cible de l'étude est constituée des 17,4 millions de ménages (au sens de l'Insee) disposant d'un logement en propre, 3,1 millions d'actifs étant par ailleurs hébergés par une personne de leur famille ou par un autre tiers ou vivant dans un structure collective (caserne ou foyer par exemple). Sur ces 17,4 millions de ménages d'actifs, 10,8 millions disposent d'un emploi stable, tandis que 2,5 millions sont concernés par le chômage, 1,9 million par l'emploi temporaire et que 2,2 millions sont dans une situation d'emploi non salarié.
Chômage et emploi temporaire incitent à la mobilité...
Les ménages en emploi stable sont majoritairement (58%) propriétaires de leur logement, tandis que les ménages au chômage ou en emploi temporaire sont majoritairement locataires (respectivement 60% et 59%). Sans surprise, ces écarts dans les statuts d'occupation reflètent aussi des écarts dans les revenus moyens.
Si on resserre les enseignements de l'étude sur la situation au regard du logement, les résultats montrent que les ménages d'actifs sont, à 77%, satisfaits de leurs conditions de logement, 18% les trouvant acceptables et 6% insuffisantes ou très insuffisantes. L'étude montre également un taux d'effort médian de 20%, plus important pour les actifs chômeurs ou en emploi temporaire (26% et 25%) que chez les actifs en emploi salarié stable (23%).
L'étude met surtout en évidence une forte mobilité́ résidentielle des ménages d'actifs, particulièrement chez ceux en recherche d'emploi ou en emploi temporaire. Ces derniers sont en effet 32% à avoir déménagé entre 2009 et 2013, contre 26% pour les ménages d'actifs en emploi stable, 22% pour les inactifs, 7% pour les retraités et 20% pour l'ensemble des ménages. Au total, 5,5 millions de ménages ont déménagé en quatre ans, dont 4,5 millions d'actifs.
Le statut du nouveau logement après déménagement est étroitement lié au statut dans l'emploi. Ainsi, les ménages en emploi stable ou non salarié emménagent plutôt comme propriétaires, tandis que ceux en emploi temporaire ou en recherche d'emploi emménagent plutôt comme locataires dans le parc privé. Le parc locatif social a toutefois permis de loger 17% des actifs mobiles.
... mais le logement peut aussi être un frein à la mobilité
Ces mobilités résidentielles sont très liées à des événements professionnels. Les ménages ayant connu un changement d'établissement ou d'entreprise, ou une mutation, sont ainsi deux fois plus mobiles que le reste de la population. Au total, 33% des ménages d'actifs ayant connu au moins une évolution dans l'emploi - et même 41% de ceux ayant connu un changement d'établissement ou d'entreprise - ont déménagé entre 2009 et 2013, soit nettement plus que dans la population de ménages d'actifs n'ayant connu aucune modification dans l'emploi (21%).
En dépit de ces chiffres, l'Anil montre que changer de logement peut constituer un frein à la mobilité professionnelle et géographique. Selon une étude du Conseil d'orientation pour l'emploi, une majorité́ des actifs (56% des salariés et 55% des personnes en recherche d'emploi) disent ne pas être prêts à déménager pour trouver un emploi qui correspondrait à leur recherche, alors qu'ils ne trouveraient pas d'emploi similaire proche de leur lieu de vie actuel.
Au final et toutes causes confondues, les principaux motifs du dernier déménagement chez les ménages actifs sont les raisons liées au logement (37%), les raisons personnelles et familiales (25%), les raisons professionnelles (16%), la mobilité résidentielle forcée (12%) et les raisons liées à l'environnement (7%).