Archives

Droits connexes - La gratuité des transports pour les Rmistes d'Ile-de-France suscite des réactions mitigées

Depuis le 31 mars 2007, les Rmistes d'Ile-de-France et leurs ayants droit - soit environ 350.000 personnes - peuvent bénéficier de la gratuité des transports. Ils bénéficiaient déjà, depuis le 1er octobre 2006, d'une réduction de 75% sur le coût des titres de transports (coupon hebdomadaire ou mensuel) grâce à la carte solidarité transport. Deux conditions doivent être remplies pour prétendre à cette nouvelle mesure :  avoir perçu le RMI durant le mois précédant la demande et avoir un droit ouvert au RMI auprès de la caisse d'allocations familiales (CAF) pour le trimestre en cours. Les personnes concernées devront déposer un dossier auprès de l'Agence solidarité transports de la région Ile-de-France, qui dispose d'un numéro vert pour répondre aux demandes (0.800.948.999). Le coût de cette mesure - soit 87 millions d'euros est entièrement pris en charge par la région, qui devient ainsi la seule de France à assurer la gratuité des transports. Pour leur part, les 700.000 allocataires franciliens de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), de l'allocation de solidarité spécifique (ASS), de l'allocation de parent isolé (API) et de l'aide médicale de l'Etat (AME) continueront de bénéficier de la réduction de 75% sur leurs coupons hebdomadaires ou mensuels.
L'annonce de gratuité a suscité des réactions très mitigées parmi les acteurs de la lutte contre l'exclusion. Bernard Seillier, président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale - et sénateur de l'Aveyron - a ainsi regretté que "ce type d'avantage connexe creuse le fossé pour reprendre un emploi" et aurait préféré "la mise en place d'une vraie dynamique de retour à l'emploi comme elle existe dans les pays scandinaves". Tout en soulignant que la décision "part sûrement d'un bon sentiment", Martin Hirsch, le président d'Emmaüs France, s'inquiète également, dans une interview au Figaro, d'"une mesure qui peut être contre-productive". Il estime qu'"un système où [des] travailleurs pauvres vont payer plein tarif, alors que ce sera gratuit pour les Rmistes, n'est pas viable durablement" et prône un dispositif progressif fondé sur le niveau de revenu.
Tout en parlant d'une "bonne mesure", le Secours catholique estime pour sa part qu'il "faut aller plus loin", notamment en faveur des "personnes qui travaillent et ont des revenus faibles ou sont en temps partiel et qui sont désavantagées". "Il ne faut pas dresser les uns contre les autres", a déclaré à l'AFP Gilbert Lagouanelle, directeur de l'action institutionnelle du Secours catholique. Selon lui, "il faudrait envisager par exemple une dégressivité des coûts" en fonction des revenus et c'est "l'ensemble des tarifs" des transports urbains, "au niveau de toutes les régions" qu'il faudrait revoir. Gilbert Lagouanelle souligne notamment qu'en milieu rural, le coût des transports est souvent très important et pénalise les personnes en recherche d'emploi ou en horaires décalés.
L'opposition UMP de la région a quant à elle repris l'une de ses propositions de 2003 : un coupon carte orange à 50 euros pour tous, toutes zones comprises avec d'éventuelles tarifications à 50%, soit 25 euros, pour les jeunes, les seniors, les Rmistes et les personnes au chômage.

 

Jean-Noël Escudié / PCA