La Fédération nationale des travaux publics incite le monde de la construction à se mettre à l'IA

Dans un livre blanc, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) fait un état des lieux des solutions d'intelligence artificielle mobilisables dans le domaine de la construction. Parmi elles, plusieurs sont susceptibles d'intéresser les collectivités.

La révolution de l'IA concerne tous les domaines et le secteur de la construction n'est pas épargné. Pour inciter les acteurs du BTP à se saisir des opportunités de l'IA, la FNTP a publié fin décembre 2024 un livre blanc. Au-delà de la présentation des technologies et de la réglementation (notamment l'IA act européen), on retiendra surtout la vingtaine de solutions présentées dans ce document. Car si certaines sont bien connues des collectivités (vidéoprotection algorithmique, suivi des consommations énergétiques, maintenance prédictive…) d'autres sont plus innovantes.

Simulations et aide à la conception

En amont des chantiers, les entreprises peuvent s'appuyer sur des outils d'IA génératives tels que Microsoft Copilot, Aloha, Aglo ou AI tenders pour analyser les appels d'offres et rédiger des réponses s'inspirant de dossiers similaires. C'est là le pendant des solutions qui ciblent les donneurs d'ordre publics pour préparer et rédiger les appels d'offres. L'IA peut ensuite contribuer à l'optimisation des infrastructures. Flowell, imaginé par Colas, utilise par exemple de l'IA générative pour dessiner et dimensionner les équipements selon différents scenarios. Ces simulations visent à optimiser les coûts, à évaluer l'empreinte carbone du chantier ou encore à fiabiliser le planning de réalisation. Dans le même esprit, TestFit (Autodesk) et ParkCAD optimisent le design des parkings en fonction de la règlementation. A signaler également, Netcarbon qui combine des données satellitaires et l'IA pour simuler et améliorer l’impact environnemental d’un projet de construction. 

Suivi des chantiers

Pendant le chantier, l'IA peut contribuer à limiter les nuisances qu'il génère. UBY Environnement utilise par exemple des capteurs et des algorithmes pour mesurer les nuisances sonores, olfactives, vibratoires ou la qualité de l'air et de l'eau. Des données suivies en temps réel qui permettent de prendre des mesures correctives rapidement, améliorant ainsi la qualité de vie des riverains et la conformité environnementale. AI Clearing repose pour sa part sur l'usage de drones pour surveiller un chantier. Le terrassement autonome que propose Heracles Robotics permet enfin de réaliser des travaux avec un engin sans conducteur, ses déplacements étant optimisés par l'IA. 

Maintenance prédictive

En phase d'exploitation et maintenance des ouvrages, l'IA a également toute sa place. Grace à des capteurs, la maintenance prédictive vise à monitorer l’ensemble des composants d'un système et à prédire les pannes. L'IA promet de contribuer à éviter les arrêts imprévus, à réduire les coûts de maintenance tout en améliorant la fiabilité des infrastructures. C'est également à cette étape du cycle de vie d'un bâtiment que la vidéoprotection a sa place pour sécuriser un espace public ou parking

Analyse des risques

Ce panorama est accompagné d'une analyse SWOT (avantages, inconvénients, opportunités, menaces). Celle-ci souligne les avantages de l'IA pour les acteurs de la construction : gains de productivité, optimisation des ressources, réduction de l'impact environnemental, émergence de nouveaux métiers et valorisation des collaborateurs. Toutefois, des risques existent : respect du RGPD et maitrise des données, risque de biais et faible explicabilité des résultats de l'IA, perte d'expertise humaine, risque d'homogénéisation des résultats en cas de généralisation des solutions. Les acteurs du BTP devront aussi faire face à un risque de résistance au changement. Aussi une gouvernance éthique, une formation adaptée et une qualité des données sont cruciales pour en tirer pleinement parti.