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Municipales - La droite désormais majoritaire dans les villes, notamment les grandes

Après les élections municipales, la majorité des villes, y compris les grandes, est désormais détenue par la droite, que le maintien du FN au deuxième tour n'a finalement guère handicapée, selon les analystes.
La défaite de la gauche dimanche est près de trois fois plus lourde que celle de la gauche en 2001, et deux fois plus que celle de la droite en 2008. En 2001, dans les communes de plus de 10.000 habitants, le solde négatif de la gauche (différence entre les villes perdues et les villes gagnées) était de 56 villes ; en 2008, il s'élevait à 82, aux dépens de la droite. Cette fois - pour les communes non de plus de 10.000 habitants mais de plus de 9.000 -, ce solde "se monte à 165", selon Bruno Jeanbart, de l'institut de sondages OpinionWay.
En 2001, sous le gouvernement Jospin, la gauche avait perdu 101 villes mais en avait gagné 45. Sept ans plus tard, la droite en avait abandonné 118 mais conquis 36. Rien de tel cette fois-ci puisque la gauche a perdu 155 communes de plus de 9.000 habitants, selon Manuel Valls. Ses gains devraient se situer sous la vingtaine.
Résultat, la droite se trouve aujourd'hui à la tête de 645 communes de plus de 9.000 habitants et la gauche de 395, selon OpinionWay. Le rapport s'est brutalement inversé (577 à gauche et 502 à droite avant le vote de dimanche).
La droite détient désormais aussi la majorité des grandes villes, à savoir celles de 100.000 habitants et plus : 22 contre 19 à la gauche, laquelle en perd dix et n'en gagne aucune. Seule consolation pour la gauche, elle reste majoritaire dans les dix plus grandes villes (6 contre 4 à la droite).
Les observateurs attribuent ce résultat à plusieurs facteurs, à commencer par celui de l'abstention. Les abstentionnistes du second tour s'étant répartis presqu'à égalité entre gauche et droite, selon OpinionWay, le différentiel constaté au premier tour (de six à dix points de participation de plus à droite qu'à gauche) n'a pas été comblé.
Ensuite, le haut niveau du Front national n'a pas desservi la droite. Dans une série de villes gagnables dimanche où se jouait une triangulaire, une partie des électeurs du FN du 23 mars ont voté UMP le 30, comme à Charleville-Mézières (à gauche depuis la Libération), Maubeuge, Reims, Saint-Etienne, Tourcoing, Tours. Dans ces villes, le candidat FN recule en pourcentage de 4,5 à 8 points, selon les cas. Autrement dit, il y a eu du "vote utile" chez des sympathisants FN.
"Les triangulaires n'ont absolument pas atténué la défaite de la gauche", observe Brice Teinturier (Ipsos). C'est que, estime Emmanuel Rivière (TNS Sofres) "l'électorat FN est avant tout un électorat d'opposition" au pouvoir, qui a fait cette année "la chasse aux socialistes". L'UMP a été identifiée comme "la meilleure manière d'incarner l'alternative au PS, mais pas la manière exclusive", poursuit Emmanuel Rivière. En revanche, dans une série de villes où le premier tour l'avait placé nettement devant l'UMP face à la gauche, notamment dans le Midi, le FN progresse aux dépens de l'UMP. En tout cas, s'il y a eu onze villes gagnées par le FN, dont Béziers et Fréjus, il n'y a pas eu de "raz-de-marée", remarque Jérôme Fourquet (Ifop).
Autre facteur générateur de défaite, "les mauvais reports de voix à gauche", en tout cas "là où la gauche était dispersée", au premier ou au second tour. Les résultats à Limoges, détenue par la gauche depuis 1912 et où perdure une influence communiste, ou Belfort, sont éloquents à cet égard.
Le PCF poursuit sa décrue, notamment en Ile-de-France. "En cas de vague rose, il perd des villes au profit du PS, en cas de vague bleue, c'est au profit de l'UMP", relève Bruno Jeanbart.
Enfin, le scrutin marquerait une certaine "usure du socialisme municipal", selon Emmanuel Rivière. Les échecs de Michel Delebarre à Dunkerque et la victoire à Montpellier du dissident Philippe Saurel en seraient des indices.
Le deuxième tour a d'ailleurs vu la victoire de plusieurs dissidents, ces intrépides engagés dans la bataille sans le soutien du PS ou de l'UMP. Exclu du Parti socialiste, Philippe Saurel a remporté une victoire éclatante dans la capitale du Languedoc, tenue par le PS depuis plus de 35 ans, face au PS Jean-Pierre Moure, candidat de l'union de la gauche et président de l'agglomération (27,40%).
A Dunkerque, après 25 ans de mandat, le socialiste Michel Delebarre n'a recueilli que la moitié des voix (26,27%) de son ancien adjoint Patrice Vergriete (55,53%). En Charente-Maritime, Jean-François Fountaine maintient La Rochelle à gauche, malgré son exclusion du PS et face à la jeune candidate officielle Anne-Laure Jaumouillié.
A Villejuif (Val-de-Marne), une alliance inédite réunissant des écologistes en rupture avec EELV, dont l'ex-candidat à la présidentielle Alain Lipietz, un dissident socialiste, l'UDI, le tout emmené par l'UMP Franck Le Bohellec, a fait tomber la maire communiste sortante qui avait le soutien des partis traditionnels de gauche. A Fontainebleau, le sortant et dissident UMP Frédéric Valletoux a devancé les candidats UMP et PS avec 47,77% des suffrages.

 

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