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Municipales - Région par région, ce que l'on retiendra du deuxième tour

Ile-de-France

L'Ile-de-France a aussi connu sa vague bleue dimanche, au second tour des élections municipales, avec plus d'une trentaine de villes basculant à droite, tandis que Paris reste au PS et que le FN gagne une ville dans la région.

Pour Jean-Paul Huchon, président PS de l'Ile-de-France, qui a connu de nombreuses soirées électorales, "celle-là est une des plus tristes, c'est un très mauvais résultat", a-t-il déclaré.
Des villes emblématiques de la gauche et du PCF sont tombées dans l'escarcelle de la droite, comme Bobigny - après un siècle de communisme - le Blanc-Mesnil, Saint-Ouen ou Argenteuil. A l'inverse, son opposante au conseil régional Valérie Pécresse (UMP) a salué des "résultats exceptionnels". Si la députée des Yvelines attribue une partie de ce succès au "désenchantement de l'électorat de gauche qui s'est abstenu", elle voit surtout la récompense d'un "effort de renouvellement profond des équipes que l'on présentait".
Certes, Paris reste au PS et Anne Hidalgo devient la première femme maire de Paris. Une victoire dûment fêtée dans ce contexte peu favorable face à son adversaire Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), même si la droite conquiert le IXe arrondissement et conserve le Ve. Les listes d'Anne Hidalgo, réunissant le PS, le PCF, le PRG et les Verts, obtiennent 91 sièges, celles de Nathalie Kosciusko-Morizet réunissant l'UMP, l'UDI et le MoDem 71. Le Parti de Gauche ne sauve qu'un de ces deux conseillers.
Mais globalement, l'essai du premier tour de la droite, qui avait fait une poussée, est transformé dans tous les départements franciliens.
Dans les Hauts-de-Seine, la droite triomphe et reprend presque tout à la gauche (Asnières, Colombes, Fontenay-aux-Roses) ne laissant que Clichy-la-Garenne au PS. Restent aussi les quatre bastions rouges (Genneviliers, Nanterre, Bagneux et Malakoff) qui avaient été sauvés dès le premier tour.
Dans les Yvelines, autre bastion bleu, l'UMP renforce encore ses positions. Et remporte l'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, 2e pôle économique de l'ouest parisien après la Défense. Mais ce département restera sans doute comme celui où le FN a remporté sa seule ville de la région: Mantes-la-Ville. Un candidat de 32 ans est arrivé en tête dans cette ville ouvrière où la gauche était divisée.
"Ca va être compliqué à gérer dans le département", a reconnu Mme Pécresse, tandis que cela sonne comme un revers aussi pour Jean-Paul Huchon qui "ne voulait pas la moindre ville FN dans sa région", en plus du basculement à droite de son ancien fief, Conflans-Sainte-Honorine.
L'autre ville où le FN a failli l'emporter, Villeneuve-Saint-Georges, reste finalement d'un cheveu à la maire PCF sortante. Mais le PCF a perdu son baston de Villejuif au profit d'une alliance iconoclaste UMP-UDI-PS-écologistes, et la droite compte aussi dans ses succès la sous-préfecture de l'Haÿ-les-Roses.
Dans l'Essonne, la réélection du maire-sortant de Corbeil-Essonnes Jean-Pierre Bechter (UMP), bras droit de Serge Dassault, a focalisé l'attention en raison de sa mise en examen pour des soupçons de fraudes électorales. Mais dans le reste du département, la gauche a connu une hécatombe, perdant Viry-Châtillon, les Ulis, ou encore Palaiseau, ville du ministre délégué à la Ville François Lamy. A l'inverse, le fief de Manuel Valls, Evry, où il était sur la liste sortante, reste à gauche.
Dans le Val d'Oise, la droite a aussi gagné du terrain avec des villes comme Argenteuil (4e ville de la région), Eaubonne, Eragny ou Jouy-le-Moutier. En revanche, Cergy reste un fief socialiste et le PS conserve aussi Saint-Ouen-l'Aumône et Villiers-le-Bel.
Enfin, la droite a fait une percée historique en Seine-Saint-Denis, fief de la gauche: elle compte désormais 21 mairies, dont plusieurs banlieues déshéritées qui avaient toujours voté communiste ou socialiste, contre 19 à gauche.

Rhône-Alpes

 

La réélection du socialiste Gérard Collomb à Lyon et la victoire de l'écologiste Eric Piolle à Grenoble masquent une cascade de revers pour la gauche en Rhône-Alpes, de Saint-Etienne à Chambéry en passant par Valence.

Vingt-trois des 92 villes de plus de 9.000 habitants que compte la région basculent à droite, qui en contrôle désormais 66.
A Lyon, M. Collomb, qui avait fait l'union entre les deux tours avec EELV, a finalement vaincu assez facilement le candidat UMP Michel Havard. Ce dernier échoue même à l'emporter dans le 5e arrondissement, où il se présentait.
Réélu pour un troisième mandat, le sénateur-maire PS pourrait bien avoir remporté une victoire à la Pyrrhus, car la vague bleue qui a déferlé sur l'agglomération lyonnaise risque de lui coûter la présidence de la métropole.
Plusieurs fiefs socialistes sont tombés dans l'escarcelle de l'UMP comme Saint-Priest, Rilleux-la-Pape où une guerre fratricide opposait le maire sortant PS et un dissident socialiste, ou encore Francheville.
A Grenoble, le candidat EELV Eric Piolle, allié au Parti de Gauche, a annoncé sa victoire, aux dépens notamment du premier adjoint sortant de la ville Jérôme Safar, auquel le PS avait retiré son investiture pour le second tour.
"Nous avons réussi à renverser l'ordre préétabli qui nous promettait un maire choisi. Nous sommes des pionniers, nous avons inventé quelque chose de nouveau et les Grenoblois nous ont entendus", s'est réjoui M. Piolle.
Si la gauche garde les deux premières villes de la région ainsi que la quatrième, Villeurbanne, elle abandonne en revanche Saint-Etienne, Valence, Chambéry, Roanne, Saint-Chamond, Romans, Albertville et Privas à la droite.
Dans la Loire, la liste d'union de la droite conduite par l'UMP Gaël Perdriau reprend Saint-Etienne au maire PS sortant, Maurice Vincent, refermant une parenthèse à gauche après 25 ans de règne de la droite.
A Roanne, l'ancien maire UMP Yves Nicolin reprend aisément son fauteuil à sa rivale socialise Laure Déroche, maire sortante, tandis que le divers droite Hervé Reynaud s'impose à Saint-Chamond et l'UMP Christophe Bazole à Montbrison.
Le FN, qui ne comptait aucun élu municipal dans le département, en remporte "une douzaine", selon sa présidente départementale Sophie Robert, malgré des scores en recul sensible au second tour par rapport au premier.
En Savoie, Chambéry s'offre au député européen UMP Michel Dantin après 25 ans de gestion par la gauche, tandis qu'Albertville revient dans le giron de la droite après être tombée de justesse dans celui du PS en 2008.
Même mouvement dans la Drôme, conforme à la tendance nationale, avec la victoire à Valence de l'UMP Nicolas Daragon, à la tête d'une liste d'union de la droite, et celle de l'UMP Marie-Hélène Thoraval à Romans-sur-Isère.
En Ardèche, l'ancien maire divers droite de Privas, Michel Valla, a récupéré son fauteuil au détriment du sénateur-maire PS sortant. A Aubenas, le maire-sortant UMP, Jean-Pierre Constant, avait été réélu sans surprise dès le premier tour.
Statu quo dans les principales villes de Haute-Savoie, où la droite se trouve confortée à Annecy et Thonon-les-Bains, ainsi que dans les Hautes-Alpes, où l'UMP Roger Didier conserve Gap et le PS Gérard Fromm garde Briançon.
Dans la principale ville de l'Ain, Bourg-en-Bresse, le maire PS Jean-François Debat avait été réélu dès le premier tour, rare éclaircie dans un ciel qui s'annonçait déjà menaçant pour les socialistes.

PACA

La gauche a échoué dimanche à prendre à la droite la mairie de Marseille, perdant aussi d'autres villes dans une région où l'extrême droite dirigera désormais un nombre record de sept communes, dans le Var et le Vaucluse, et dispose même d'une mairie de secteur dans la cité phocéenne.

Le maire sortant de Marseille, Jean-Claude Gaudin (UMP), a remporté un quatrième mandat, avec un score écrasant de 42,39% des voix contre 31,09% à la liste du PS Patrick Mennucci. L'équipe UMP, qui gérait jusqu'ici la ville avec une courte majorité, obtient une très large majorité de 61 sièges au conseil municipal (20 pour la gauche, 20 pour le Front national).
Le FN et son leader marseillais Stéphane Ravier, qui recueillent 26,51% des voix, ont aussi remporté le 7e secteur, le plus peuplé de la ville (150.000 habitants), une première.
Dans cette région où le Front national avait déjà géré quatre villes dans les années 1990, le parti lepéniste a aussi remporté dimanche trois communes dans le Var: Cogolin, le Luc, et surtout Fréjus (53.000 habitants) où David Rachline, 26 ans, a obtenu 45,55% des suffrages face à deux listes de droite.
Le Vaucluse est le département comptant désormais le plus grand nombre de municipalités d'extrême droite de France (quatre), même si le FN a échoué à prendre Carpentras, Cavaillon ou Sorgues.
Orange et Bollène restent dirigées par Jacques et Marie-Claude Bompard (Ligue du Sud).
Au Pontet, commune de quelque 15.000 habitants dans la banlieue d'Avignon, la liste FN conduite par un jeune kinésithérapeute, Joris Hébrard, a été élue avec 42,62% des voix, soit sept d'avance sur la liste UMP.
A Camaret-sur-Aigues, 4.500 habitants, la liste de Philippe de Beauregard, soutenue par le FN, a remporté le scrutin avec 36,31% des voix. M. de Beauregard est à la tête de la Direction des affaires juridiques de la mairie d'Orange.
Dans ce département, la gauche se consolera avec la victoire de la liste menée par la socialiste Cécile Helle, qui en récoltant 47,48% des suffrages, met un terme à 19 ans de gestion UMP. Le candidat FN Philippe Lottiaux, arrivé en tête au 1er tour, a tout de même recueilli 35,02% des voix.
Dans les Bouches-du-Rhône, la droite garde Aix-en-Provence, après un ralliement à Maryse Joissains d'un ancien adjoint, et conquiert Salon-de-Provence, ainsi que la mairie communiste d'Aubagne. La gauche garde en revanche Gardanne et Martigues (PCF), Vitrolles et Istres.
A Nice, l'UMP Christian Estrosi a été réélu pour un deuxième mandat avec 48,6% des suffrages, tandis que l'UMP "filloniste" David Lisnard a ravi haut la main Cannes après un duel fratricide avec le "copéiste" Philippe Tabarot.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence en revanche, la gauche conserve Digne-les-Bains, où la liste FN était arrivée en tête au 1er tour. La liste DVG de Patricia Granet l'a emporté, avec 46,98% des suffrages face au FN (33,40%) et à une liste d'union de la droite (19,62%). Au premier tour, le maire PS sortant ne se représentant pas, deux listes DVG s'étaient affrontées.
Dans les Hautes-Alpes, la droite a aisément conservé Gap, avec la réélection de l'UMP Roger Didier à près de 80% des voix, tandis que la gauche garde Briançon, avec la large victoire du maire PS Gérard Fromm.

Poitou-Charentes

 

En Poitou-Charentes, le PS a reperdu des villes gagnées à la droite en 2008, comme Angoulême ou Saintes, mais a conservé quelques municipalités menacées, notamment Poitiers dans la Vienne, ou Cognac en Charente.

 

En Charente-Maritime, à Saintes, reprise par la gauche en 2008, le sans étiquette Jean-Philippe Machon, (centre-droit), soutenu par l'UMP et l'UDI, l'a emporté avec 55,73% des voix face à la candidate PS Isabelle Pichard-Chauché (44,27%).

Même basculement à Rochefort, troisième ville de Charente-Maritime, où le maire PS sortant, Bernard Grasset, ne se représentait pas. L'UMP Hervé Blanché, un avocat de 43 ans, a battu le candidat socialiste André Bonnin.

Le PS conserve son fief de La Rochelle où dans un duel fratricide, le dissident Jean-François Fountaine l'a emporté face à la candidate investie par le PS, Anne-Laure Jaumouillié. Une configuration et un vote identique aux législatives de 2012 qui avaient vu le dissident Olivier Falorni l'emporter face à la présidente PS de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal.

En Charente, Angoulême, la préfecture, est revenue dans le giron de la droite qui l'avait perdue en 2008. L'UMP Xavier Bonnefont, chef de file de l'opposition municipale de 34 ans, formé notamment par Jean-Pierre Raffarin à la Région, a obtenu 60,15% des voix au second tour, contre 39,85% au maire sortant PS Philippe Lavaud.

Ailleurs en Charente, le socialiste Michel Gourinchas, 57 ans, a conservé la sous-préfecture de Cognac, ravie en 2008 à la droite qui la détenait depuis 1971.

Le premier tour avait aussi vu un basculement à droite hautement symbolique: Jarnac (4.400 habitants), ville natale de François Mitterrand (1916-1996) où repose l'ancien président socialiste. Le maire PS depuis 2001, Jérôme Royer, a été battu par le divers droite François Raby.

Dans la Vienne c'est un statu quo avec la victoire à Poitiers, administrée par le PS depuis 1977, du maire sortant Alain Claeys, 65 ans, qui s'est bien tiré d'une quadrangulaire où il a récolté 41,08% devant son challenger le plus sérieux, la candidate UMP Jacqueline Daigre (34,18%).

L'autre grande ville du département, Châtellerault, n'a pas changé de direction et Jean-Pierre Abelin (Nouveau Centre) a été réélu à l'issue d'une triangulaire avec le Parti socialiste et le Front national.

En Deux-Sèvres, le choc avait été le basculement dès le premier tour de Niort, après 60 ans de gestion de la gauche.

Le statu quo a prévalu dans les sous-préfectures de département, à Parthenay où le maire sortant UDI Xavier Argenton a été réélu avec 58,1% des voix, devant la PS Françoise Bély (41,9%), et à Bressuire où le maire sortant divers droite Jean-Michel Bernier avait été réélu dès le premier tour, tout comme à Thouars (10.000 habitants) le maire socialiste Patrice Pineau.

 

Midi-Pyrénées

 

Le désaveu national infligé au gouvernement aux municipales n'a pas épargné une région aussi à gauche que Midi-Pyrénées où le Parti socialiste a perdu Toulouse, quatrième ville de France.

 

Dans cette région qui a voté à 57,94% François Hollande au second tour de la présidentielle en 2012 et où un seul conseil général sur huit est de droite, le résultat de la Ville rose l'emporte sur tout le reste. C'est la plus importante prise de l'UMP dans l'Hexagone.

Certes, le Parti socialiste conserve presque toutes ses préfectures, Auch, Cahors, Foix, Rodez, mais il cède la capitale régionale. Dans les autres chefs-lieux, Albi, Montauban et Tarbes, la gauche fait pâle figure contre la droite et le temps est subitement très lointain où Albi et Montauban étaient citées comme étant à sa portée.

Les socialistes et leurs alliés abandonnent Millau et l'ancienne cité ouvrière de Decazeville dans l'Aveyron et la sous-préfecture gersoise de Condom. En Haute-Garonne, Villemur-sur-Tarn, théâtre de la douloureuse fermeture de l'usine Molex, est passée à droite. A Saint-Gaudens, le socialiste sortant a été écrasé par un conseiller général sans étiquette.

Dans l'agglomération toulousaine, les sortants socialiste et communiste ont été battus dès le premier tour à Balma et Saint-Orens par les UMP Vincent Terrail-Novès, fils de l'entraîneur du Stade Toulousain, et Dominique Faure. Le sortant PRG a été surclassé à Cugnaux par son adversaire Modem.

Mais la défaite la plus lourde à digérer sera celle de Toulouse. Le Parti socialiste voulait croire que, dans cette ville de gauche qui a voté Hollande à plus de 62% à la présidentielle, l'adage selon lequel Toulouse votait à gauche à la présidentielle et à droite aux municipales appartenait à l'histoire ancienne.

Le sortant socialiste Pierre Cohen a été donné vainqueur dans tous les sondages, sauf le dernier entre les deux tours. Mais le premier tour a donné le ton. Dans le match retour des municipales de 2008, le député UMP Jean-Luc Moudenc a devancé M. Cohen de presque 6%.

M. Cohen bénéficiait d'une réserve de voix a priori plus importante. Il a fusionné sa liste avec celle des Verts. Mais sur les quatre autres têtes de liste de gauche (9,5% des suffrages du premier tour au total), trois au moins se sont abstenues d'appeler à voter Cohen, la quatrième s'exprimant confusément.

M. Moudenc, lui, a rassemblé la droite bien avant le premier tour. La victoire de dimanche est le terme d'une entreprise menée dès le lendemain de sa défaite de 2008 et l'aboutissement d'une campagne parlant aux Toulousains: doublement des effectifs de la police municipale, construction d'une deuxième rocade et d'une troisième ligne de métro...

Quant aux électeurs du Front national, M. Moudenc leur a tendu la main en leur disant: "Vous n'êtes pas, pour la plupart, des gens d'extrême droite, vous n'êtes pas des fascistes, vous êtes des gens en colère".

Le Front national n'a pas atteint son objectif de se qualifier pour le second tour à Toulouse. Mais dans un département comme le Tarn, il a démontré la solidité de son implantation. Présent dans sept villes au second tour, il a maintenu ses scores du premier.

A Lourdes, avec l'usure du pouvoir dont la droite n'est pas exempte, le Front national a sans doute contribué à la défaite du sortant UMP Jean-Pierre Artiganave et au seul succès inattendu de la gauche, en la personne de Josette Bourdeu (PRG).

 

Languedoc-Roussillon

 

Un dissident socialiste a conservé dimanche à la gauche la ville de Montpellier, capitale du Languedoc-Roussillon où l'extrême droite n'a pas confirmé les espoirs suscités par le premier tour, malgré quelques belles prises comme Béziers.

 

Le dissident socialiste Philippe Saurel a remporté la capitale régionale tenue par le PS depuis plus de 35 ans, avec 37,54% des voix. M. Saurel, qui s'est posé pendant toute la campagne comme un candidat anti-système, a devancé le PS Jean-Pierre Moure, candidat de l'union de la gauche et président de l'agglomération (27,40%). Philippe Saurel, un ancien adjoint de Georges Frêche, avait reçu le soutien de la maire PS sortante Hélène Mandroux.

Dans les Pyrénées-Orientales, Louis Aliot, numéro deux du Front national et compagnon de Marine Le Pen, n'a pas réussi son pari de faire de Perpignan et ses quelque 120.000 habitants la plus grande ville aux mains de son parti.

Si au premier tour, il a déjoué les sondages en arrivant en tête avec 34,20% des voix, le maire sortant Jean-Marc Pujol, après le retrait de la gauche, a conservé Perpignan dans le giron de l'UMP dimanche, avec 55,11% des suffrages exprimés. Le vice-président du FN a obtenu 44,89% au terme d'un second tour marqué par un net rebond de la participation.

Dès lundi, l'équipe de M. Pujol sera rappelée aux réalités d'une ville de 120.000 habitants frappée par un taux de chômage culminant à 16% et des indicateurs de pauvreté parmi les plus élevés de France.

Dans le Gard, à Saint-Gilles, le FN ne transforme pas non plus l'essai. L'avocat médiatique Gilbert Collard a perdu l'élection avec 48,50% des voix face à l'UMP Eddy Valadier (51,50%) dans cette commune qui fut la première à être dirigée par un membre du Front national, en la personne de Charles de Chambrun (de 1989 à 1992). M. Collard, élu député en 2012, était pourtant arrivé en tête au premier tour avec 42,75% des suffrages. Il a annoncé un recours.

A Nîmes, où le parti de Marine Le Pen avait aussi enregistré de très bons résultats dimanche dernier, son candidat Yoann Gillet arrive derrière le sortant UMP Jean-Paul Fournier, avec 24,42% des voix contre 46,80% dans une quadrangulaire.

L'extrême-droite peut se prévaloir cependant de beaux succès dans la Région. Robert Ménard, pas officiellement membre du FN mais soutenu par Marine Le Pen, a remporté Béziers, deuxième localité de l'Hérault et ville natale du résistant Jean Moulin dirigée pendant 19 ans par la droite.

L'ancien patron de Reporters sans frontières (RSF), qui a milité pendant plus de 20 ans pour la liberté de la presse dans le monde, a recueilli 46,99 % des voix dans une triangulaire qui l'opposait au divers gauche Jean-Michel du Plaa (18,38%) et à l'UMP Elie Aboud (34,63%), dans cette ville de 70.000 habitants qui enregistre un fort taux de pauvreté.

A Beaucaire, petite ville gardoise de 16.000 habitants, le FN remporte également une victoire, en la personne de Julien Sanchez. Avec 39,82% des suffrages, ce jeune cadre du Front national a devancé le maire sortant Jacques Bourbousson (DVD), qui a obtenu 29,01% des voix, devant un autre DVD et un DVG.

 

Région Centre

 

La défaite cinglante du sénateur-maire socialiste sortant Jean Germain à Tours signe la déroute de la gauche en région Centre, où une liste d'union PS-PC-Front de gauche a échoué à regagner l'ancien fief communiste de Bourges.

 

Jean Germain, sénateur-maire PS sortant de Tours a essuyé dimanche une cuisante défaite face à la liste d'union de la droite conduite par Serge Babary (UMP), qui a recueilli 49,75% des suffrages.

M. Germain avait reconnu la victoire M. Babary dès le début de soirée, deux heures avant la publication des résultats officiels qui lui donnent 41,67% des voix.

Le sénateur-maire sortant socialiste, pourtant donné favori pour un 4e mandat abordait le second tour en position défavorable avec 27,83% des voix dimanche dernier, contre 36,43% à son adversaire de droite.

De nombreux électeurs du FN se sont reportés sur la liste de M. Babary, faisant passer le FN de 12,93% à 8,56% des voix en une semaine. En revanche, l'alliance nouée au second tour entre la liste de M. Germain et celle d'EELV (11,30%) n'a pas suffi à empêcher la victoire de la droite.

Dans l'agglomération tourangelle, la courte défaite du maire sortant PS de Joué-les-Tours, M. Philippe Le Breton, par 43,41% des voix contre 44,84% à son adversaire d'union de la droite Frédéric Augis, a confirmé le basculement de l'agglomération. Là aussi, le FN a échoué à jouer les trublions, son score chutant de 18,13% à 11,73%.

A Bourges, la gauche a échoué dans sa tentative de reconquête de cet ancien fief communiste, le centriste Pascal Blanc (UDI) l'emportant aisément avec 53,64% des voix pour succéder à son mentor, le maire sortant UDI Serge Lepeltier, qui ne se représentait pas. L'alliance nouée entre les deux tours par la liste de Mme Irène Félix (PS) avec la liste PC-Front de gauche menée par Jean-Michel Guérineau n'a pas suffi à convaincre les électeurs de redonner Bourges à la gauche.

De leur côté, les électeurs de Châteauroux ont durement sanctionné l'alliance du socialiste Mark Bottemine avec deux dissidents de la majorité municipale sortante de droite et ont donné la victoire à Gil Avérous, dauphin du sénateur-maire sortant Jean-François Mayet (UMP). Dans une quadrangulaire qui l'opposait à la liste de M. Bottemine, au Front de gauche et au FN, M. Avérous l'a emporté avec 48,97% (33,91% au 1er tour). La liste menée par M. Bottemine n'a attiré de son côté que 26,34% des électeurs.

En Eure-et-Loir, le maire UMP de Dreux, Gérard Hamel, a été réélu dimanche soir avec 48,10% des voix, dans une quadrangulaire où le FN a été contenu à 12% des suffrages, en retrait par rapport au premier tour. Le candidat socialiste Valentino Gambuto a attiré 23,65% des électeurs, tandis que le candidat DVD Tayeb Touazi a réuni 16,25% des suffrages.

Maigre consolation pour la gauche dans la région Centre, le maire PS sortant de Blois, Marc Gricourt, a conservé facilement la mairie du chef-lieu du Loir-et-Cher avec 57,55% des suffrages, devançant son challenger UMP Jacques Chauvin de près de 35 points.

En revanche, Vendôme, à gauche depuis 1989, a basculé à droite. La maire sortante socialiste Catherine Lockhart s'est inclinée dans une triangulaire avec 37,83% des voix face à Pascal Brindeau (UDI, 51,89%), qui n'a aucunement été gêné par un FN à 10,28% des voix.

Dans le Loiret, le sort d'Orléans avait été scellé dès le 1er tour avec la victoire sans appel de l'UMP Serge Grouard, reconduit avec 53,65% des voix.

 

 

Champagne-Ardenne

 

La droite a confirmé son ancrage en Champagne-Ardenne dimanche au second tour des municipales, progressant dans chaque département, principalement dans la Marne où elle remporte la ville symbole de Reims et dans les Ardennes avec la prise historique de Charleville-Mézières.

 

Dans la Marne, le député UMP Arnaud Robinet à la tête d'une liste UMP-UDI-MoDem a emporté la mairie de Reims avec 46,20% des voix devant la maire PS sortante Adeline Hazan (42,76%) qui avait conquis la ville en 2008 et le candidat FN (11,04%) qui perd près de cinq points par rapport au premier tour.

L'ancien ministre UMP du Logement Benoist Apparu a été élu à Châlons-en-Champagne, préfecture de la Marne, avec 46,49% des suffrages lors d'une triangulaire qui l'opposait au PS Rudy Namur (34,42%) et à Pascal Erre, chef de file du FN dans le département (19,09%).

Le Parti socialiste parvient à conserver Vitry-le-François, ville prise à la droite en 2008, où le maire sortant Jean-Pierre Bouquet est réélu avec 47,25% des voix.

L'élection a peu mobilisé dans la région Champagne-Ardenne, avec une participation de 57,30% dans la Marne et de 61,35% pour les Ardennes, alors que la Haute-Marne, département traditionnellement plus participatif, atteint le score de 63,86%.

La droite triomphe dans les Ardennes, où l'UMP Boris Ravignon emporte la ville de Charleville-Mézières, bastion historique de la gauche depuis la Libération, avec 54,94% devant le maire sortant Philippe Pailla qui réunit 33,88% des suffrages. La gauche perd également la ville de Revin, siège de l'usine Electrolux en pleine restructuration au profit du DVD Daniel Durbecq.

Dans l'Aube, la droite, qui avait conquis Bar-sur-Aube dimanche dernier, savoure sa victoire, à l'image du député-maire sortant François Baroin, ex-ministre UMP de l'Économie, largement plébiscité à Troyes avec 62,57% des voix au premier tour ou à Romilly-sur-Seine qui reconduit le maire DVD Eric Vuillemin.

Seul îlot de résistance pour la gauche, La Chapelle-Saint-Luc, troisième ville de l'Aube, où le maire socialiste sortant Olivier Girardin a été réélu avec 56,59% des voix devant l'UMP Yves Rehn (43,41%).

En revanche, carton plein pour la droite en Haute-Marne, après la victoire au premier tour de l'UMP François Cornut-Gentille, réélu avec 72,63% à Saint-Dizier. A Chaumont, la préfecture du département, Christine Guillemy (UD-DVD) qui a succédé en septembre 2013 à l'ancien ministre UMP Luc Chatel a été élue avec 52,27% et à Langres la DVD Sophie Lelong l'emporte avec 52,66% des suffrages alors que le maire UMP sortant Didier Loiseau, arrivé troisième au terme du premier tour, n'avait pas souhaité se maintenir.

 

Auvergne

 

En Auvergne, la gauche a réussi à conserver Clermont-Ferrand au second tour des municipales avec le socialiste Olivier Bianchi (47,83%) allié au Front de gauche, mais a perdu de nombreuses villes, dont un fief PCF dans l'Allier.

 

Dans la capitale auvergnate qui n'aura connu depuis 1944 que des maires socialistes, le PS Olivier Bianchi, avec 47,83% des suffrages, a remporté la triangulaire du second tour, qui l'opposait à l'UMP Jean-Pierre Brenas (41,31%) et au candidat FN Antoine Rechagneux (10,86%).

Il est parti pour succéder au sortant Serge Godard, qui a passé la main après 17 ans de mandat.

"C'est une vraie victoire ce soir, ne boudons pas notre plaisir", s'est félicité Olivier Bianchi, tout en admettant que "dans la plupart des villes, il y a un tsunami de toute la droite", allusion à l'agglomération de Clermont où la droite aura désormais beaucoup plus de poids.

Comme au premier tour, la gauche s'est retrouvée en net recul dans plusieurs villes du Puy-de-Dôme et du reste de l'Auvergne.

A Issoire, l'UMP Bertrand Barraud l'a emporté avec 46,36% face au maire PS sortant Jacques Magne (28,35%).

A Riom, traditionnellement ancrée à gauche, le candidat de la droite et du centre Pierre Pecoul l'a largement emporté avec 54,41% des suffrages, face à Pierrette Chiesa (PS/PCF/EELV) qui a obtenu 45,58%.

A Ambert, la droite a gagné face au maire sortant divers gauche, malgré une quadrangulaire, avec une victoire de la candidate divers droite Myriam Fougère (43,99%) devant l'UMP Simone Monnerie (35,42%).

A Chamalières, Louis Giscard d'Estaing, fils de l'ancien président de la République, avait été facilement réélu dès le premier tour avec 58,43% des suffrages.

Dans l'Allier, à droite depuis l'après-guerre, la préfecture Moulins avait largement réélu dès dimanche dernier l'UMP Pierre-André Périssol pour un 4e mandat, de même qu'à Montluçon Daniel Dugléry.

A Vichy, le maire UMP sortant Claude Malhuret avait été réélu dès le 1er tour pour un cinquième mandat.

A Cusset, l'UMP Jean-Sébastien Laloy a fait tomber un bastion PCF avec 43,94% des voix lors d'une quadrangulaire au second tour, notamment face à deux listes de gauche. Le grand chelem de la droite s'est donc confirmé dans l'agglomération de Vichy.

En Haute-Loire, à l'instar de Laurent Wauquiez réélu dès le premier tour avec près de 70% au Puy-en-Velay, plusieurs maires de droite ont été reconduits dès dimanche dernier, comme à Yssingeaux ou Brioude.

Dans le Cantal, Aurillac aura été l'une des rares villes préfecture à rester au PS: Pierre Mathonier y a été réélu dès le premier tour avec 51,06% des voix.

 

Alsace

 

En Alsace, Roland Ries a permis au PS de sauver de justesse Strasbourg, son "îlot rose" dans une région très ancrée à droite, comme en témoigne la réélection aisée à Mulhouse de l'UMP Jean Rottner.

 

Dans la capitale régionale, M. Ries a été réélu dans le cadre d'une triangulaire avec le FN par 46,96% des voix, contre 45,03% à son adversaire UMP Fabienne Keller - qui échoue ainsi à reconquérir la 7e ville de France, qu'elle avait déjà dirigée entre 2001 et 2008.

La présence au second tour du frontiste Jean-Luc Schaffhauser, qui a obtenu 8% des voix, a handicapé Mme Keller.

"J'ai eu des angoisses ces derniers temps, tous les sondages nous donnaient dans un mouchoir de poche", a commenté M. Ries, 69 ans, qui en 2008 l'avait emporté avec un score beaucoup plus net. ll a affirmé dimanche avoir été réélu sur la base d'une "orientation sociale-démocrate" et d'un programme "réaliste".

A Mulhouse (Haut-Rhin), la deuxième ville alsacienne, le maire UMP Jean Rottner, qui avait succédé en 2010 en cours de mandat à Jean-Marie Bockel, a nettement remporté son premier test électoral en son nom propre, en battant son adversaire socialiste Pierre Freyburger par 45,77% contre 36,67%, lors d'une triangulaire.

La candidate frontiste Martine Binder a vu son score s'éroder entre les deux tours, passant de 21,85% à 17,55% des voix.

Cette ville historiquement à gauche était passée à droite en 2007 à la faveur du basculement dans le camp sarkozyste de Jean-Marie Bockel. Il était "difficile de résister au vote-sanction" à l'encontre du gouvernement, a commenté dimanche M. Freyburger.

Si Strasbourg reste acquise à la gauche, le coup de tonnerre est en revanche venu de la ville limitrophe de Schiltigheim (31.000 habitants) qui bascule à droite après 37 ans de gestion par la gauche. Le candidat UDI Jean-Marie Kutner, allié à l'UMP, y a nettement battu le sortant PS Raphaël Nisand (allié à EELV et au FG), par 55,49% des voix contre 44,51%.

L'UMP avait par ailleurs conservé dès le premier tour Colmar, troisième ville de la région. Le sortant Gilbert Meyer, 72 ans, y a été réélu pour un quatrième mandat avec 51,32% des voix, malgré quatre listes concurrentes.

Dans le Bas-Rhin, plusieurs maires UMP ou apparentés, tels Claude Sturni à Haguenau ou Laurent Furst à Molsheim, avaient également été réélus très facilement dès le premier tour.

Le seul "baron" PS facilement réélu avait été, à Illkirch-Graffenstaden, Jacques Bigot, également président sortant de la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS).

 

Lorraine

 

La Lorraine a été marquée par une globale stabilité au terme du second tour des municipales, notamment à Metz (PS) et à Nancy (UDI), alors que le FN a remporté la mairie de Hayange mais a échoué à faire élire son numéro 2, Florian Philippot, à Forbach.

 

Le PS a pu souffler à Metz, ville historiquement de droite où le scrutin était très ouvert, et dont l'UMP avait fait un enjeu national.

Finalement, le maire sortant socialiste Dominique Gros a conservé de justesse son siège. La victoire est également celle de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui figurait sur la liste socialiste.

Le PS a par ailleurs enregistré des victoires surprise à Verdun (Meuse) et Longwy (Meurthe-et-Moselle).

Mais les socialistes ont échoué à remporter Nancy, où Laurent Hénart, l'héritier désigné d'André Rossinot qui avait renoncé à briguer un nouveau mandat, s'est facilement imposé avec près de 53%.

"Je me suis toujours engagé ici, dans ma ville, pour ma ville. C'est une étape majeure", a déclaré M. Hénart à l'AFP.

André Rossinot, qui était maire depuis 1983, devrait en outre rester président de la communauté urbaine du Grand Nancy.

Le Front national enregistre pour sa part un demi-succès dans cette région marquée par la crise et un fort taux de chômage.

Florian Philippot, numéro 2 du parti, a largement échoué à Forbach face au sortant socialiste, Laurent Kalinowski (48%).

M. Philippot a reconnu qu'il était "bien sûr" déçu, car il était là "pour l'emporter". "Ce sera pour la prochaine fois", a-t-il déclaré.

Le vice-président du FN a récolté 35,17% des suffrages au second tour, légèrement moins qu'au premier tour (35,75%) où il était arrivé en tête.

En revanche, l'extrême droite s'est imposée à Hayange, une emblématique commune de la vallée de la Fensch qui abrite les hauts-fourneaux de l'aciérie ArcelorMittal Florange, aujourd'hui éteints.

Fabien Englemann, un ex-trotskiste cégétiste passé avec fracas au FN lors des cantonales en 2011, y a été facilement élu avec 34,7% des suffrages recueillis, devançant lors d'une quadrangulaire le candidat UMP (28,32%) le maire socialiste sortant (27,32%), et un candidat sans étiquette (9,74%).

Cet ouvrier municipal, qui a grandi dans un milieu populaire au coeur de la sidérurgie lorraine en crise, estime son grand écart politique "cohérent", disant être devenu "patriote avec l'âge" après avoir été "internationaliste".

D'autres basculements ont eu lieu au bénéfice de la droite à Saint-Dié (Vosges), un bastion de gauche remporté par David Valence (UDI); à Thionville (Moselle), où la députée Anne Grommerch a mis en échec le maire sortant PS, et à Bar-le-Duc, remportée par l'UDI Bertrand Pancher.

 

Franche-Comté

 

Le PS a réussi à sauver Besançon dimanche, avec l'aide indirecte du FN, mais s'est fait ravir par l'UMP des bastions comme Belfort, fief de Jean-Pierre Chevènement, et Montbéliard, berceau de PSA.

 

Le candidat UMP Damien Meslot (47,39%) a réussi à faire basculer Belfort, détenu par la gauche depuis 1977, lors d'une quadrangulaire.

Le maire socialiste sortant, Etienne Butzbach (31,96%), est arrivé en deuxième position, devant le candidat du Mouvement républicain et citoyen (MRC, le mouvement fondé par M. Chevènement) qui a obtenu 10,22% des suffrages, soit un peu moins que les 10,43% du frontiste Marc Archambault.

"La prise de la ville de Belfort après 37 ans de gestion de gauche, c'est très beau, je suis très ému", a déclaré M. Meslot à l'annonce des résultats. "Il n'y a pas de citadelle imprenable", a ajouté ce député du Territoire-de-Belfort.

Les responsables socialistes du département et Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre qui a été maire de Belfort de 1983 à 2007, se sont accusés réciproquement d'être à l'origine de la défaite de la gauche.

A Besançon, capitale régionale et bastion socialiste depuis plus de 60 ans, Jean-Louis Fousseret (PS, 47,39%) a été réélu avec quelques points d'avance sur le candidat UMP (44,41%), lors d'une triangulaire avec le FN (8,20%). Le maire sortant, décroche ainsi son troisième mandat.

A Montbéliard, terre ouvrière, berceau du constructeur automobile Peugeot, la candidate UMP Marie-Noëlle Biguinet (50,19%) a remporté la mairie, infligeant une cuisante défaite au maire PS sortant Jacques Hélias (27,71%), dans une quadrangulaire avec le FN (12,01%) et un candidat sans étiquette (10,09%).

Dans l'agglomération du Pays de Montbéliard, la commune de Valentigney, où le ministre de l'Économie Pierre Moscovici figurait en troisième position sur la liste du maire PS sortant, est également tombée dans l'escarcelle de la droite.

Le Haut-Doubs, terre d'agriculteurs et de travailleurs frontaliers, est plus que jamais ancré à droite avec la réélection dès le premier tour des maires sortants UMP de Pontarlier et de Morteau.

Il en a été de même dans le département de la Haute-Saône où le maire sortant de Vesoul Alain Chrétien (UMP) a lui aussi été réélu dès le premier tour.

Dans le Jura, l'UMP a conservé haut la main le chef-lieu, Lons-le-Saunier, emporté lui aussi dès le premier tour par le président de l'Association des maires de France Jacques Pélissard, avec 56,15% des suffrages. Elle a aussi pris au PS celle de Dole.

M. Pélissard, 68 ans, remporte ainsi son 5e mandat à la tête de Lons-le-Saunier (17.500 habitants), dont il est maire depuis 1989 et député depuis 1993.

 

Nord-Pas-de-Calais

 

La gauche, tout en conservant la capitale régionale du Nord/Pas-de-Calais, Lille, a perdu plusieurs de ses bastions nordistes au profit de la droite, et le FN a confirmé son implantation dans le Pas-de-Calais, après sa victoire fracassante à Hénin-Beaumont.

 

Martine Aubry, à la tête d'une liste PS-EELV, a été largement réélue (52,06% des voix) pour un troisième et dernier mandat à Lille, dans une triangulaire avec l'UMP-UDI et le Front national, mais elle pourrait perdre la présidence de la communauté urbaine, après le basculement à droite de deux villes clés, Roubaix et Tourcoing.

Autre personnalité socialiste, le ministre des Transports et de la Mer Frédéric Cuvillier a lui aussi été facilement réélu maire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Le Front national est arrivé en deuxième position, mais à près de 30 points de M. Cuvillier, seul membre du gouvernement à avoir été tête de liste pour les municipales.

Le parti de Marine Le Pen, qui avait créé la sensation du premier tour avec la victoire de Steeve Briois à Hénin-Beaumont, a pris également la deuxième place à Outreau, voisine de Boulogne-sur-Mer, ainsi que dans plusieurs villes du bassin minier du Pas-de-Calais.

Le FN y réalise des scores très élevés: 40,29% à Bruay-la-Buissière, 37,34% à Carvin, 36,10% à Montigny-en-Gohelle ou encore 31,75% à Billy-Montigny.

Dans le Nord, la gauche, qui gérait 14 municipalités de plus de 20.000 habitants sur 21, n'en détient plus que dix, après avoir également perdu Maubeuge, Hazebrouck et Loos, dans des triangulaires avec le Front national. Petite consolation : le PS ravit Douai à la droite.

Valenciennes est sans surprise restée aux mains de l'UDI, où figurait sur la liste en dernière position son patron Jean-Louis Borloo.

A Dunkerque, une révolution locale : le socialiste Michel Delebarre, maire depuis 25 ans et ancien ministre de François Mitterrand, a été sèchement battu par son ancien adjoint aux Sports, Patrice Vergriete (DVG). Ce dernier l'a emporté avec 55,53% des voix contre 26,27% pour M. Delebarre, et 18,2% pour le FN Philippe Eymery.

Autre ancien ministre socialiste, l'ancien maire de Béthune Jacques Mellick (DVG), condamné à cinq ans d'inéligibilité en 1997 pour un faux témoignage en faveur de Bernard Tapie dans l'affaire VA-OM, a échoué dans sa tentative de retour. La liste d'union de la droite menée par Olivier Gacquerre en profite pour ravir la commune au maire sortant (DVG) Stéphane Saint-André.

Menacée par une liste d'union de la gauche, de l'ancien maire communiste Jacky Hénin et du socialiste Yann Capet, la maire (UMP) sortante de Calais, Natacha Bouchart, a finalement réussi à conserver son fauteuil dans la première ville du département.

 

Aquitaine 

 

La droite et le centre-droit ont fait dimanche un retour en force lors du second tour des municipales en Aquitaine, avec comme symbole la nette victoire à Pau du président du MoDem, François Bayrou, tandis que plusieurs autres villes ont basculé à droite dans le reste de la région, outre la Communauté urbaine de Bordeaux.

 

Le président du MoDem s'est ainsi imposé à sa troisième tentative dans la cité béarnaise face au député socialiste David Habib (62,95% contre 37,05%). L'ancien candidat à la présidentielle, sans mandat d'envergure et qui jouait gros dans cette élection, est donc parvenu à arracher cette mairie, aux mains des socialistes depuis 43 ans.

Autres motifs de satisfaction pour le centre-droit : Bayonne, qui sortait de 55 ans de "dynastie Grenet", est restée dans l'escarcelle centriste avec la victoire d'un souffle (26 voix) de l'UDI Jean-René Etchegaray face au PS Henri Etcheto, de même que Biarritz, où le DVD Michel Veunac, toutefois allié aux Radicaux de gauche et au Parti socialiste, l'a emporté.

En Gironde, plusieurs villes de l'agglomération bordelaise ont basculé à droite, subissant l'attraction de Bordeaux qui a triomphalement réélu au premier tour pour un quatrième mandat l'UMP Alain Juppé.

Ainsi de Pessac, troisième ville du département (58.000 habitants), fief du président PS de la Région Alain Rousset et remportée par la liste UMP-UDI de Franck Raynal, au détriment du PS sortant, Jean-Jacques Benoît, et Saint-Médard-en-Jalles, où le centriste Jacques Mangon l'a emporté. Deux villes qui viennent compléter le tableau de chasse entamé au premier tour avec quatre communes de l'agglomération arrachées.

L'élection du sénateur PS Alain Anziani permet à la gauche de sauver Mérignac, deuxième ville de Gironde (67.000 habitants), mais, au final, c'est bien la droite qui s'adjuge la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), présidée par la gauche et qui devrait désormais l'être par Alain Juppé.

Dans le Lot-et-Garonne, à Villeneuve-sur-Lot, épicentre de l'affaire Cahuzac, Patrick Cassany, le PS sortant, a réussi à se maintenir à l'issue d'une triangulaire où le FN Etienne Bousquet-Cassagne finit deuxième.

Deuxième ville du département, Marmande (18.000 habitants) a été enlevée lors d'une triangulaire UMP-PS-FN par l'UMP Daniel Benquet face au PS sortant, Gérard Gouzes, élu depuis 1983.

Agen, préfecture du département avec 35.000 habitants, avait été conservée dès le premier tour par le sortant, l'UDI Jean Dionis du Séjour.

Dans les Landes, département historiquement "rose", Mont-de-Marsan était restée à droite dès le premier tour avec la réélection de Geneviève Darrieussecq (MoDem). Dimanche, Dax a connu un statu quo inversé, demeurant dans le giron de la gauche avec la victoire du sortant, le PS Gabriel Bellocq.

Ailleurs, en revanche, plusieurs municipalités ont glissé à droite, comme Aire-sur-l'Adour, Saint-Sever ou Saint-Vincent-de-Tyrosse.

En Dordogne, l'UMP s'est octroyée deux prises de guerre, s'adjugeant les principales villes socialistes du département, Périgueux et Bergerac, conquises par la gauche en 2008. A Périgueux (30.000 habitants), Michel Moyrand, élu en 2008 face à l'ancien ministre UMP et ex-maire Xavier Darcos, a été battu par une union de la droite menée par Antoine Audi tandis qu'à Bergerac, Dominique Rousseau a été défait dans une triangulaire par l'ex maire DVD, Daniel Garrigue.

 

Pays de la Loire

 

Les grandes villes des Pays de la Loire comme Laval, Angers ou La Roche-sur-Yon ont subi de plein fouet dimanche la vague bleue tandis qu'en Loire-Atlantique les socialistes conservaient Nantes et Saint-Nazaire et que Le Mans restait de peu à gauche.

 

Dans le Maine-et-Loire le candidat UMP Christophe Béchu a mis fin dimanche à 37 ans de règne du Parti socialiste à Angers, en s'imposant face au maire sortant PS Frédéric Béatse, avec 54,36%  des voix contre 46,31%.

En 2008, M. Béchu avait échoué de 667 voix seulement face à l'ancien maire PS sortant de l'époque, Jean-Claude Antonini.

La Roche-sur-Yon conquise elle aussi par la gauche en 1977, n'a pas résisté non plus. Dans cette ville, l'UMP Luc Bouard a battu le maire socialiste sortant Pierre Regnault avec 53,90% contre 46,10% des suffrages.

Pour Jacques Auxiette (PS), qui avait cédé en 2004 le siège de maire qu'il occupait depuis 1977 pour prendre la tête de la région Pays de la Loire, "la perte de La Roche-sur-Yon, de Laval et d'Angers est un choc". Selon lui, "ces résultats appellent des changements d'ampleur et immédiats à Paris".

En Vendée, département dévolu à la droite, Fontenay-le-Comte, la seule autre grande ville qui résistait à gauche, est aussi tombée.

En Mayenne aussi, la ville de Laval, que le ministre de l'Agroalimentaire Guillaume Garot avait ravie en 2008 à la droite, a échappé dimanche aux socialistes avec la victoire de la liste d'union de la droite menée par le sénateur François Zocchetto (UDI).

Parti en tête au premier tour avec 46,40% des voix, le chef de file des sénateurs centristes a maintenu son avance et s'est imposé au second tour avec 51,57% contre 41,07% pour son adversaire socialiste Jean-Christophe Boyer, remplaçant de M. Garot depuis son entrée au gouvernement en 2012. "Il faudra surtout pour la gauche tirer les leçons de cette défaite, qu'elle soit locale mais aussi nationale évidemment", a aussitôt déclaré Guillaume Garot sur France Bleu Mayenne.

C'est en Loire-Atlantique et, dans une moindre mesure, dans la Sarthe que les socialistes ont le mieux résisté.

A Nantes, sans surprise, c'est la jeune socialiste de 34 ans, Johanna Rolland, choisie par Jean-Marc Ayrault pour tenir à sa place les rênes de la ville qu'il a dirigée de 1989 à 2012, qui l'a emporté avec 56,22% des suffrages contre 43,78% à l'UMP Laurence Garnier.

Entre les deux tours, un accord PS-EELV avait été passé en dépit de l'épineuse opposition entre les deux partis au sujet du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

A Saint-Nazaire, où se jouait la succession de Joël Batteux, maire PS depuis 1983 qui ne se représentait pas, c'est le socialiste David Samzun, qui menait une liste d'union de la gauche, qui l'a emporté avec 53,44% des suffrages contre 33,03% à son challenger UMP Ludovic Le Merrer. A noter, la percée du Front National, avec 13,53% des suffrages.

Enfin, au Mans la liste du maire socialiste sortant Jean-Claude Boulard a remporté de peu le second tour dimanche soir avec 45,74% des voix face à la candidate UMP Christelle Morançais (42,71%) dans une triangulaire où le FN a obtenu 11,55%.

Cette ville de gauche depuis 1977 a failli basculer alors qu'en 2008 M. Boulard avait été réélu dans un fauteuil au premier tour avec 58,90%.

 

Basse-Normandie

 

Le recul de la gauche aux élections municipales s'est traduit dimanche en Basse-Normandie par une très nette défaite du maire sortant à Caen, une victoire de justesse du sortant PS à Alençon et moins confortable que par le passé à Cherbourg.

 

"On est dans un tsunami politique", a déclaré sur France Bleu Basse-Normandie, en versant quelques larmes, le député-maire PS de Caen Philippe Duron, juste après avoir proclamé les résultats à la mairie.

Sa liste PS-EELV-PCF-MRC-PRG n'a enregistré que 42,96% des voix - une défaite comparable à celle de Louis Mexandeau (PS) en 2001 (42,08%) -, malgré la fusion des listes écologistes (10,23% au premier tour) et PS-PCF-MRC-PRG (26,21%) entre les deux tours et la progression de la participation d'un tour à l'autre.

"Nous n'osions pas forcément espérer un tel écart", a déclaré Joël Bruneau (UMP), à la tête d'une liste UMP-UDI.

En 2008, Philippe Duron, qui était allié aux écologistes dès le premier tour, avait réussi à faire basculer à gauche une capitale bas-normande à droite depuis 1919 selon le politologue de l'université de Caen Pascal Buléon.

Mais Philippe Duron n'a pas trouvé d'accord avec la liste DVG d'Etienne Adam (Fédération pour une alternative sociale et écologique, 5,81% au premier tour). M. Adam, qui n'a pas donné de consigne de vote, a fait valoir des désaccords sur "l'austérité" budgétaire.

Pour l'édile sortant, les raisons de sa défaite sont avant tout nationales. "Nous avons peut-être un peu négligé la proximité", a-t-il toutefois jugé, interrogé sur France 3 Basse-Normandie.

A Cherbourg, fief du ministre délégué au Budget Bernard Cazeneuve, la liste du sortant PS Jean-Michel Houllegatte, 55 ans, a remporté le scrutin avec 51,81% des voix.

La liste PS (39,20% au premier tour) a fusionné avec celle du FG (11,17%), qui a affiché mardi sa "volonté de se battre contre toutes les déclinaisons locales de cette politique d'austérité".

M. Cazeneuve, qui a laissé sa place à M. Houllegatte en 2012 pour entrer au gouvernement, avait été réélu au premier tour avec 66,82% des voix en 2008.

Saint-Lô de son côté reste à droite, mais le maire sortant UMP François Digard a été lourdement sanctionné: la liste menée par son poulain, où il figurait en troisième position, a fait un score de 13,9% des voix, à l'issue d'une triangulaire.

Et c'est la liste du conseiller municipal DVD d'opposition François Brière, 40 ans, qui l'a emporté avec 52,88% des voix.

"J'en appelle au gouvernement. Il est temps vraiment de changer de braquet, de changer de politique", a déclaré la conseillère générale PS Christine Le Coz, à la tête de la liste PS-EELV qui a obtenu un score de 33,19% à Saint-Lô.

A Alençon, le député-maire PS sortant Joaquim Pueyo a vu sa liste l'emporter après une fusion avec celle de son adjoint FG Philippe Tollot, mais par seulement 86 voix d'avance.

"C'était une élection difficile", a reconnu sur France 3 Basse-Normandie M. Pueyo, 63 ans.

 

Haute-Normandie

 

A l'exception de Fécamp, la digue rose a plutôt bien tenu en Seine-Maritime, où le PS a conservé Rouen, mais une vague bleue a submergé l'Eure, l'autre département de la Haute-Normandie.

 

Le maire sortant socialiste de Rouen Yvon Robert, qui menait une équipe PS-EELV-PCF, arborait dimanche soir avec la numéro deux de sa liste Valérie Fourneyron, ministre des Sports, un grand sourire de soulagement en annonçant les résultats.

Après un premier tour décevant, la liste de M. Robert a réalisé un bon 2e tour, l'emportant avec 46,8% des voix contre la droite menée par l'UMP Jean-François Bures (41,4%) et le Front national de Guillaume Pennelle (11,71%).

"Je suis très heureux de cette victoire et très fier de pouvoir continuer notre travail", a déclaré M. Robert.

Alors que la grande majorité des villes de l'agglomération rouennaise est dominée par le PS et notamment des proches de Laurent Fabius, une défaite socialiste à Rouen, ville natale de François Hollande, aurait relancé les tensions entre la ville centre et le reste de la métropole.

Ce fut notamment le cas durant la période 2001-2008, quand le centriste Pierre Albertini avait battu de justesse Yvon Robert.

Dans l'agglomération rouennaise, le PS a eu aussi la satisfaction de voir sa candidate officielle à Sotteville-lès-Rouen, Luce Pane, l'emporter de justesse face au maire sortant et dissident Pierre Bourguignon.

Dans le reste du département de Seine-Maritime, le PS ne perd que quelques communes, et réussit à conserver Yvetot pour 23 voix.

Sa défaite la plus sévère a eu lieu néanmoins à Fécamp, où la députée socialiste Estelle Grelier a été largement battue, alors que le total des voix de gauche du 1er tour pouvait laisser prévoir une victoire de la gauche.

Les tensions entre le PS et le PCF avant le 1er tour avaient laissé semble-t-il des traces et l'union a été très difficile dans l'entre-deux tours.

- "Un vrai grand chelem" -

A Dieppe, il n'y avait pas eu d'union du tout, mais cela n'a pas empêché la réelection du maire PCF Sébastien Jumel. Ce dernier a dépassé légèrement les 50% malgré une triangulaire, la liste PS associée à des sans-étiquette ayant choisi de se maintenir.

Toujours hégémonique en Seine-Maritime, le PS devra néanmoins continuer de composer avec les deux bastions d'opposition ou de quasi-opposition que sont Le Havre, 2e ville du département, et Dieppe, qui est la 3e.

Le Havre était restée solidement à droite dès le 1er tour avec Edouard Philippe (UMP), successeur d'Antoine Rufenacht.

Dieppe va rester une base importante du PCF. Son maire tenait dimanche soir un discours très anti-gouvernemental, parlant de "mauvais coups contre les travailleurs et les services publics".

Dans l'Eure, la gauche a subi une véritable déroute. "C'est un vrai grand chelem", s'est félicité sur France 3 Bruno Le Maire, le patron de l'UMP dans l'Eure, qui ne briguait aucun siège municipal.

L'UMP a en effet gagné à Evreux, avec Guy Lefrand, à Vernon avec Sébastien Lecornu, à Louviers avec François-Xavier Priollaud, aux Andelys avec Frédéric Duché, et même à Gisors.

Dans cette ville, le maire communiste Marcel Larmanou, 77 ans, n'a pas été en mesure de remporter un huitième mandat et a été poussé à la retraite par l'UMP Alexandre Raffaërt, et aussi par le mauvais report des voix socialistes du 1er tour.

 

Bourgogne

 

La gauche, qui a résisté dimanche à l'issue du second tour des élections municipales à Dijon et Auxerre, a en revanche perdu son bastion de Nevers et, sans surprise, la ville de Sens (Yonne).

 

A Dijon, le sénateur-maire PS François Rebsamen a conservé la mairie de la capitale des Ducs de Bourgogne, arrivant en tête d'une triangulaire avec 52,84% des voix.

Il s'agira du troisième mandat de maire pour M. Rebsamen.

Le chef de file des sénateurs socialistes a toutefois estimé qu'à l'issue de ce scrutin, les Français avaient adressé "un sévère avertissement" à la gauche.

"Il faut que la gauche se préoccupe en priorité des gens qui souffrent, des bas revenus, des petites retraites", a-t-il déclaré dans la mairie.

"Il ne faut pas que l'histoire de la gauche soit interrompue, il n'y a pas que le Medef", a-t-il poursuivi.

M. Rebsamen s'est également inquiété du "très bon score" du FN, qui fait son retour au conseil municipal dijonnais depuis 2001 en obtenant trois sièges.

Dans l'Yonne, le maire PS sortant d'Auxerre, Guy Férez, a également réussi à garder son siège après avoir senti "le vent du boulet" au cours du duel serré qui l'a opposé au député UMP, Guillaume Larrivé.

M. Larrivé, avec 48,87%, a précisé qu'il ne lui manquait "que 160 voix pour faire la différence face au maire d'Auxerre", qui a réuni 51,13% des voix.

Sans surprise, à Sens, la députée UMP Marie-Louise Fort, arrivée largement en tête au premier tour, est parvenue à conforter son avance dimanche.

Avec 51,37% des voix, Mme Fort retrouve le siège de maire qu'elle avait occupé entre 2001 et 2008.

Plus surprenant, Nevers, bastion socialiste depuis 43 ans, est tombé aux mains de Denis Thuriot, ancien socialiste à la tête d'une liste SE, qui a fait alliance entre les deux tours avec l'UMP et l'UDI.

Tandis que le maire PS sortant Florent Sainte Fare Garnot a affirmé que Nevers était "tombé à droite", M. Thuriot a estimé être "un homme avec des valeurs de gauche qui a pu et su fédérer des hommes de droite".

Nevers était dirigée par un maire socialiste depuis 1971. L'ancien premier ministre de François Mitterrand, Pierre Bérégovoy, en avait été le premier magistrat de 1983 à 1993.

En Saône-et-Loire, après la bascule à droite de Chalon-sur-Saône dès le premier tour, dimanche, c'est Montceau-les-Mines qui à son tour a changé de bord après la victoire de la candidate de droite Marie-Claude Jarrot face au maire sortant PS depuis 1995, Didier Mathus.

En revanche, le socialiste André Billardon, maire du Creusot depuis 1995, est arrivé en tête au second tour avec 51,99 % face au DVD Charles Landre (48,01%) et entamera son quatrième mandat de maire.

 

Limousin

 

Dans le Limousin, la gauche a subi un revers historique avec le basculement de Limoges à droite, réussissant toutefois à conserver Guéret, mais cédant Brive et Ussel en Corrèze.

 

L'UMP Emile-Roger Lombertie, psychiatre retraité de 63 ans, a créé un séisme en enlevant Limoges, bastion socialiste aux mains de la gauche depuis 1912. Il l'a emporté avec 45,07 des voix % face au sortant, le socialiste Alain Rodet (43,82%), maire depuis 1990 et contraint pour la première fois à un second tour.

Le député PS s'était effondré au premier tour, récoltant à peine 30% des voix, soit une chute record de plus de 25 points par rapport à son score de 2008. Cette débâcle l'avait contraint à s'allier pour la première fois avec les communistes, alors que les rapports PS-PCF relevaient dans la métropole limousine jusque-là plutôt de l'affrontement que de l'union.

Le basculement de Limoges dans l'escarcelle de la droite est historique dans cette ville historiquement enracinée à gauche: depuis 1912, elle n'a connu -- sauf pendant la période vichyste de 1941 à 1944 -- que des maires socialistes, à l'exception de la période 1944-1947 où les maires étaient communistes.

Autre fait marquant, la percée sans précédent du Front national qui, en raflant 17% des voix dès le premier tour et plus de 11% au second, peut compter sur trois sièges dans le nouveau conseil municipal.

En Corrèze, les deux sous-préfectures, Brive-la-Gaillarde et Ussel, ont toutes deux été reconquises par la droite, alors que Tulle, ex-fief du président François Hollande, est restée dans le giron du PS avec l'élection dès le premier tour du maire sortant, Bernard Combes.

A Brive, plus grande ville de Corrèze (48.000 habitants), l'UMP Frédéric Soulier, soutenu par l'UDI, a pris sa revanche sur le maire socialiste sortant Philippe Nauche, qui lui avait ravi son poste de député en 2007. Dans un duel classique gauche-droite, Frédéric Soulier, 48 ans, a très nettement devancé son adversaire, avec 58,81% des voix, contre 41,19%. Il a notamment bénéficié du désistement de l'ex-sénateur DVD Bernard Murat, arrivé troisième à l'issue du premier tour.

Ussel (10.000 habitants) a également rebasculé à droite: la socialiste sortante Martine Leclerc (39,10%) a été sèchement battue par le DVD Christophe Arfeuillère (60,89%).

Dans la Creuse, le député-maire PS sortant de Guéret, Michel Vergnier, qui briguait à 67 ans un quatrième mandat à l'issue d'un second tour pour lui inhabituel, l'a finalement emporté dans une triangulaire face à l'UMP et au FN. Elu dès le premier tour en 2008 avec 73% des voix, le député de 67 ans avait été contraint cette fois de fusionner sa liste avec celle du Front de gauche. Il l'emporte à l'issue du second tour avec 54,45% des voix, devant le candidat DVD Jean-François Thomas (31,8%) et la liste du candidat du Front national, Martial Maume (13,67%), qui avait réussi à se maintenir pour sa première participation à une élection municipale dans le département.

 

Picardie

 

La droite a repris dimanche à la gauche la mairie d'Amiens, la capitale picarde, tandis que le Front National a ravi Villers-Cotterêts, dans l'Aisne, à son maire socialiste.

 

Brigitte Fouré (UD-UDI), tête de liste de la droite et du centre unis, a remporté une large victoire à Amiens, que son mentor Gilles de Robien avait perdue en 2008 aux mains de Gilles Demailly (PS), qui ne se représentait pas.

Mme Fouré, conseillère municipale depuis 1989 et maire de la capitale picarde de 2002 à 2007 en remplacement de M. de Robien alors ministre, a remporté 50,39% des suffrages, contre 33,80% à Thierry Bonté (PS-EELV-UG), et 15,80% à Yves Dupille (FN).

Mme Fouré s'est félicitée d'avoir "une majorité absolue des suffrages", qualifiant d'"exceptionnel" ce résultat dans une triangulaire.

"Profondément déçu" par une défaite certes "attendue" mais pas avec "un écart aussi important", Thierry Bonté y voit "l'effet clair du rejet de la politique nationale par beaucoup d'électeurs, notamment de gauche".

A Villers-Cotterêts, 10.000 habitants, dans l'Aisne, c'est le Front national qui a délogé le maire socialiste sortant.

Franck Briffaut, 56 ans, conseiller régional FN de Picardie, membre du comité central du FN et déjà conseiller municipal, remporte la mairie, avec 41,53% des voix, un score "au-dessus de ce qu'on attendait", a-t-il déclaré.

M. Briffaut a battu la liste du maire PS sortant Jean-Claude Pruski (34,66%) et la liste divers droite menée par l'UDI Jean-Claude Gervais (23,80%).

Deux listes qualifiées pour le second tour, de droite et sans étiquette, s'étaient pourtant retirées pour éviter de favoriser le FN par une pentagulaire.

Soissons, 29.000 habitants, bascule quant à elle de gauche à droite à l'issue d'une triangulaire.

La liste d'union de la droite menée par Alain Crémont, déjà en tête au premier tour, devance avec 45,55% celle du maire PS sortant Patrick Day (40,34%) et la liste FN d'Emmanuel Chassagnoux (14,10%).

Dans l'Oise, la liste de la maire sortante UMP de Beauvais, Caroline Cayeux, qui avait raté de peu une réélection au premier tour, sort largement en tête du second tour avec 57,44% des voix.

Noyon, pourtant convoitée par le patron du FN départemental Michel Guiniot, reste à gauche avec la réélection du maire socialiste sortant Patrick Deguise (42,38%), qui affrontait, outre M. Guiniot (19,56%), son propre frère aîné, Gérard Deguise (UMP, 38,05%).

Enfin, à Creil, 34.000 habitants, théâtre d'une triangulaire sans le FN, la liste du maire PS sortant Jean-Claude Villemain est elle aussi réélue avec 40,02% des suffrages, devant la liste divers gauche de Hicham Boulhamane et la liste UMP menée par Michaël Sertain.

A l'issue du premier tour dimanche dernier, l'UMP s'était vue confortée dans la région, avec les réélections aisées des listes d'Eric Woerth à Chantilly, de Philippe Marini à Compiègne, de Xavier Bertrand à Saint-Quentin et d'Antoine Lefebvre à Laon.

L'abstention, qui s'élevait en Picardie à 31,67% au second tour des municipales de 2008, était en nette hausse cette année à 36,58%, après dépouillement de la quasi-totalité des suffrages, selon la préfecture.

 

Bretagne

 

La gauche a conservé ses principaux bastions en Bretagne, à commencer par Rennes, Lorient et Brest, essuyant toutefois une spectaculaire défaite à Quimper, jusqu'à présent fief du socialiste Bernard Poignant, un proche conseiller du président François Hollande.

 

M. Poignant, qui avait dirigé la ville entre 1989 et 2001, et depuis 2008, s'est incliné avec 41,81% des voix face au candidat UMP Ludovic Jolivet (58,19%). Le maire sortant a admis que la victoire de son adversaire est "nette et franche".

Ludovic Jolivet avait créé la surprise au 1er tour en obtenant 29,32% des voix contre 27,91% pour M. Poignant.

Sa liste UDI-UMP avait fusionné avec celle du Modem. La liste conduite par M. Poignant avait quant à elle fusionné avec celle de EELV, mais n'était pas parvenue à un accord avec une candidate régionaliste DVG.

Le statu quo a globalement prédominé dans les autres principales villes bretonnes, la gauche enregistrant toutefois un recul et le FN entrant dans certains conseils municipaux, comme à Lorient (Morbihan), Fougères (Ille-et-Vilaine) et Saint-Brieuc.

Le PS a toutefois essuyé, dans le Morbihan, la perte de Pontivy, qu'il dirigeait depuis près de 20 ans, et de Ploërmel, qui repasse à droite après un seul mandat à gauche.

En Ille-et-Vilaine, Rennes a confirmé dimanche son ancrage à gauche, la liste conduite par la députée PS Nathalie Appéré remportant 55,83% des suffrages face au candidat de centre-droit Bruno Chavanat (UDI/UMP/Modem), qui confirme son statut de principal opposant, avec 44,17% des voix.

Héritière d'Edmond Hervé, figure tutélaire du PS local qui avait fait basculer la ville à gauche en 1977, Mme Appéré enregistre toutefois un recul de près de 5 points par rapport à son prédécesseur socialiste Daniel Delaveau en 2008, et a été contrainte de faire alliance avec EELV et le Parti de Gauche, offrant les 2e et 3e places à ses leaders.

Dans cette ville, le scrutin a toutefois été marqué par une forte abstention, à 46,60%.

A Brest, le maire socialiste sortant François Cuillandre a devancé de peu sa rivale de droite Bernadette Malgorn, avec 52,71% des voix contre 47,29%.

Le PS conserve également Lorient, ville longtemps dirigée par l'actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, où Norbert Métairie (PS) est réélu avec 42,69% des voix à la faveur d'une triangulaire qui voit le FN recueillir 13,78% des suffrages, un score important pour la région.

La gauche conserve encore Lannion et Guingamp, dans les Côtes d'Armor.

La droite conforte de son côté ses positions à travers toutes la région.

A Morlaix (Finistère), la députée européenne et maire sortante UMP Agnès Le Brun a remporté l'élection avec 51,42% des voix, contre 48,18% à la gauche.

A Saint-Brieuc, le maire sortant, Bruno Joncour (Modem), l'emporte largement avec près de 55% des voix à l'issue d'une triangulaire qui offre deux sièges au FN (12,03% des voix).

A Dinan (Côtes d'Armor), dans une triangulaire, l'UDI Didier Lechien l'emporte avec 49,90% face à l'ancien député PS Jean Gaubert (42,89), légèrement en tête au premier tour.

La droite conserve également ses fiefs d'Ille-et-Vilaine comme Fougères et Saint-Malo, où le maire sortant René Couanau (DVD) s'incline cependant face à son ex-adjoint Claude Renoult (DVD).

Dans ce département, le maire de Vitré Pierre Méhaignerie (UDI) avait été réélu dès le premier tour tout comme, dans le Morbihan, l'UMP David Robo à Vannes.

 

Corse


La gauche a essuyé une cinglante défaite dimanche aux élections municipales en Corse en perdant Bastia, deuxième ville de l'île, où le nationaliste Gilles Simeoni a emporté une victoire historique, tandis qu'à Ajaccio, la capitale insulaire, le maire DVG sortant a été battu par le jeune député UMP Laurent Marcangeli.

 

Dès l'annonce de la nette victoire de M. Simeoni sur le fils du maire sortant Jean Zuccarelli qui conduisait une liste PRG-PCF, des centaines de Bastiais en liesse agitant des drapeaux blancs à tête de Maure ont envahi le centre-ville.

Ce "séisme politique", selon l'expression de commentateurs insulaires, met un terme à 46 ans de pouvoir sans partage de la famille Zuccarelli et des radicaux de gauche alliés aux communistes à la mairie de la deuxième ville corse.

Fils du patriarche du nationalisme corse, Edmond Simeoni, l'avocat Gilles Simeoni, 46 ans, sera, après son élection, le premier maire nationaliste d'une grande ville corse.

Sa liste a gagné au second tour avec 55,4% des voix, contre 44,6% pour M. Zucarelli. 1.840 voix séparent les deux candidats.

Partisan d'un "nationalisme d'ouverture" basé sur la démocratie et le rejet de l'action armée clandestine, M. Simeoni avait été rallié au second tour par un candidat de gauche, François Tatti, et le candidat UMP-UDI, Jean-Louis Milani.

La coalition a emporté 34 des 43 sièges de la mairie. M. Zuccarelli, arrivé sur la scène politique locale en 2008, est le fils du maire sortant qui avait fait quatre mandats, succédant à son père, Jean Zuccarelli, élu en 1968.

L'autre coup de tonnerre dans le ciel électoral corse a été la victoire dans une triangulaire à Ajaccio du député UMP Laurent Marcangeli sur le maire DVG sortant, Simon Renucci, qui n'effectuera donc pas de troisième mandat.

La victoire de l'étoile montante de la droite corse a été accueillie par une explosion de joie autour de la Maison carrée, l'hôtel de ville de la Cité impériale.

M. Marcangeli a obtenu 47,11% des voix contre 46,03% à M. Renucci et 6,86% au nationaliste José Filippi. M. Renucci, déjà battu aux législatives en 2012 par M. Marcangeli, a dénoncé dans la soirée "des irrégularités dans ces élections" avant d'annoncer qu'il se retirait de la vie politique.

Natif d'Ajaccio et conseiller municipal d'opposition jusqu'à présent, Laurent Marcangeli a mené une active campagne de terrain et a su unir la droite ajaccienne qui avait présenté trois listes en 2008.

M. Renucci, qui dirigeait une alliance avec les communistes, n'est en outre pas parvenu à s'entendre avec les nationalistes pour le second tour.

Ceux-ci ont maintenu leur liste qui a toutefois enregistré un recul de 4 points par rapport au premier tour.

La gauche a essuyé un troisième échec dans la troisième ville de l'île, Porto-Vecchio, où socialistes et communistes s'étaient alliés aux nationalistes modérés pour battre le maire sortant UMP, Georges Mela.

Mais M. Mela, qui avait raté la réélection de 39 voix au premier tour, a nettement battu le nationaliste Jean-Christophe Angelini avec 54,5% des voix.

L'échec du président communiste de l'Assemblée de Corse, Dominique Bucchini, pour reconquérir sa ville de Sartène, que le maire UMP sortant, Paul Quilichini, a conservé, a enfin scellé l'échec majeur du PCF en Corse où il ne possède plus aucun élu dans une grande ville.

 

Outre-mer

 

Les départements et collectivités d'outre-mer ont échappé au vote sanction contre le gouvernement lors des municipales et si la droite progresse à La Réunion, elle n'arrive toujours pas à gagner de terrain dans les Antilles-Guyane et perd le chef-lieu de Mayotte.

 

"Dans les outre-mer, c'est mieux qu'en métropole pour le PS. Ce soir, il y a un petit rayon de soleil qui brille en ce dimanche noir pour le Parti socialiste", a déclaré le ministre des Outre-mer Victorin Lurel sur Guadeloupe 1ère avant de rejoindre l'Hexagone.

Globalement, les parlementaires soutenant la majorité de gouvernement ont quasiment tous été élus et deux sénateurs UMP cèdent leur fauteuil de maire à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie.

Dans ces territoires, les logiques et enjeux locaux jouent souvent de manière exacerbée, particulièrement dans le Pacifique dont les collectivités jouissent d'une grande autonomie par rapport à la politique nationale.

La REUNION : La droite (UMP, UDI, DVD) a repris l'avantage à La Réunion, où elle est désormais à la tête de 14 des 24 communes de l'île.

La gauche a perdu 5 des 12 communes qu'elle détenait, dont Saint-Paul, 2e ville du département (103.000 hab), que dirigeait la députée-maire sortante DVG Huguette Bello, pourtant qualifiée de personnalité préférée de ses concitoyens insulaires.

L'effondrement du Parti communiste réunionnais (PCR) est frappant: il a perdu jusqu'à ses bastions historiques du Port et de La Possession (qui restent à gauche) et s'est replié sur une seule commune de moindre importance, Sainte-Suzanne.

Le PS est à la peine mais se console avec deux victoires symboliques: la réélection confortable de Gilbert Annette à Saint-Denis, la ville la plus peuplée des outre-mer (145.000 hab) et d'avoir quatre parlementaires sortants réélus, ceux "en conquête" ayant été battus.

MAYOTTE : Mamoudzou et ses 58.000 habitants (8e ville des outre-mer) a basculé: une liste divers gauche l'a emporté sur le sénateur-maire UMP Abdourahamane Soilihi, dans un contexte de forte participation (69%).

Outre ce basculement, les gains et pertes de la droite et de la gauche s'équilibrent dans le département. Si Koungou (26.500 hab) et Dembéni ont désormais des maires DVD, l'ancien président du conseil général et soutien de François Hollande en 2012 Saïd Omar Oili (DVG) a pris haut la main (60%) et dès le premier tour la 4e ville de l'île, Dzaoudzi-Labattoir.

GUADELOUPE : Le PS a tiré son épingle du jeu en Guadeloupe, terre du ministre des Outre-mer Victorin Lurel, conquérant 4 mairies à la suite d'une guérilla tous azimuts contre des bastions de la droite et des mairies de gauche d'autres tendances. Le parti en dispose ainsi de 11 sur les 32 de l'île.

La droite perd trois communes, même si par ailleurs Lucette Michaux-Chevry, ancienne ministre UMP a été réélue dimanche, à Basse-Terre, à 85 ans, avec sa fille Marie-Luce Penchard (aussi ex-ministre UMP). M. Lurel, ancien président de la région, n'a pas caché son envie de revenir à un ancrage local (amorcé par sa présence sur une liste dans son village natal qui s'est fait battre) plutôt dans la perspective des régionales de 2015.

MARTINIQUE : Les différentes composantes de la gauche ont pu jauger leurs forces en prévision des élections de la collectivité unique, en 2015, la droite n'ayant que peu d'influence dans le jeu local (6 des 34 communes, en recul par rapport à 2008).

Le Parti Progressiste Martiniquais (PPM, fondé par Aimé Césaire) conserve, avec des réélections dont celle de Fort-de-France dès le premier tour, son assise. Le leader du PPM, le député (apparenté PS) et président de région Serge Letchimy se réserve d'ailleurs pour cette échéance de 2015. A l'inverse, les indépendantistes (MIM) et leurs alliés ont connu des revers, comme l'échec du député Jean-Philippe Nilor ou encore le duel fratricide à Rivière-Pilote, fief du fondateur du MIM Alfred Marie-Jeanne, dont le dauphin a raté sa réélection face à un dissident.

GUYANE : Les résultats avec une prolifération de candidats "de gauche" ou "sans étiquette" égarent même si derrière les alliances à géométrie variable se joue une lutte d'influence pour la collectivité unique de 2015 entre les différentes chapelles: Walwari (parti local de Christiane Taubira), Parti socialiste guyanais, MDES (indépendantiste), "Guyane 73" du président de région Rodolphe Alexandre (ex-PSG, élu avec le soutien de l'UMP).

Trois résultats sortent du lot: la victoire à Cayenne de Marie-Laure Phinéra-Horth (DVG), ancienne adjointe de M. Alexandre qui soutenait un autre candidat; la défaite du sénateur-maire Jean-Etienne Antoinette (DVG), maire de Kourou depuis 18 ans, et enfin la défaite du maire de Matoury, Jean-Pierre Roumillac (DVG), élu jusque là sans discontinuer depuis 1989.
 

NOUVELLE-CALEDONIE : Nouméa a élu pour la première fois de son histoire une femme, la députée UDI Sonia Lagarde, après des décennies de suprématie de l'UMP. La victoire de cette descendante de bagnard, affiliée localement à Calédonie ensemble (centre), donne une tonalité aux prochaines élections provinciales dans le rapport de force entre les composantes de la droite loyaliste.

Les indépendantistes kanaks, qui gèrent l'essentiel des communes de l'intérieur et toutes celles des îles Loyauté, ont remporté 19 municipalités sur 33 en tout. Ils prennent notamment l'île des Pins au sénateur UMP Hilarion Vendegou.

 

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