Equipements touristiques - La Cour des comptes s'inquiète des dérives des parcs de loisirs des collectivités
En 2006, la Cour des comptes avait déjà pointé, dans son rapport annuel, "les risques courus dans le domaine des parcs de loisirs par la commune d'Amnéville" (Moselle), qui avait multiplié les équipements. A l'occasion de son rapport 2007, elle revient à la charge en s'intéressant à trois aménagements à vocation culturelle et touristique : le site du pont du Gard, le parc du Futuroscope (Vienne) et Cap'Découverte (Tarn). Ces investigations amènent de nouveau la Cour à "attirer l'attention sur les risques financiers et juridiques que peut impliquer ce type d'intervention pour les collectivités concernées".
Dans le cas du site du pont du Gard, le rapport relève un certain nombre de dysfonctionnements. Il note ainsi que le département, "après avoir joué un rôle moteur dans l'émergence du projet", en a confié la réalisation à un opérateur - la CCI de Nîmes - "manquant de références, à la stratégie inconstante, sans exercer un rigoureux contrôle sur son action, dont il devra à long terme assurer les conséquences sur le plan financier, sauf à espérer un redressement des résultats de l'exploitation". La Cour des comptes observe notamment que les prévisions de recettes avancées par la CCI se sont révélées "exagérément optimistes". Après le retrait de la CCI en 2001, l'exploitation a été reprise par un établissement public de coopération culturelle (EPCC), le premier du genre. Ce changement a permis d'introduire une gestion plus rigoureuse, mais n'a pas suffi à redresser la situation financière, avec des recettes d'activité couvrant seulement 54% des dépenses.
Pour sa part, le Futuroscope est un exemple de décisions à contre-cycle. Créé en 1984 à l'initiative du département de la Vienne et géré par une société d'économie mixte locale (SEML), le parc rencontre un succès inattendu (jusqu'à 2,8 millions de visites en 1997). Cette réussite incite le département à l'"autonomiser", en transférant la gestion à un opérateur privé, au moment même où la courbe de fréquentation commence à s'inverser. Devant la poursuite du recul (1,6 million de visites en 2002), l'entreprise se désengage, contraignant le département et la région Poitou-Charentes à créer une nouvelle SEML, dont ils détiennent 80% du capital. Si le parc n'a toujours pas retrouvé le niveau de fréquentation de 2002, le nouveau gestionnaire a toutefois su augmenter les recettes d'exploitation et réaliser des économies importantes sur les charges de maintenance et d'entretien. Mais les deux collectivités restent financièrement très exposées.
La Cour des comptes est plus critique encore sur Cap'Découverte, ouvert en 2003 sur l'ancien bassin minier de Carmaux, à l'initiative d'un syndicat intercommunal, du département du Tarn et de la région Midi-Pyrénées. La "gravité de la situation actuelle" résulte de prévisions de fréquentation pour le moins erronées. Alors que le parc tablait sur 660.000 entrées payantes en régime de croisière, celles-ci n'ont jamais dépassé 10% de ce chiffre (environ 65.000 entrées). La débâcle financière a conduit le préfet du Tarn à régler d'office les budgets du syndicat intercommunal et des communes concernées. Face à "l'impossibilité d'assurer l'équilibre financier de l'opération", la Cour des comptes estime que "la poursuite de l'activité de Cap'Découverte ne sera viable que si des décisions déterminantes sont prises, susceptibles de réduire considérablement les charges d'exploitation du syndicat intercommunal".
Jean-Noël Escudié / PCA