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La co-construction, levier de transformation pour les territoires

Le Rameau réunissait ce 26 juin son "réseau des pionniers des alliances en territoires". Autour d'une question : comment mieux valoriser les territoires entrés dans une dynamique de co-construction au service d'une transformation globale ?  

Le Rameau poursuit ses travaux au long cours sur les dynamiques de co-construction et les "alliances innovantes", avec l'Observatoire des partenariats créé en 2008 avec la Caisse des Dépôts et en partenariat avec le Medef et le Mouvement associatif. L'association réunissait ce 26 juin son "réseau des pionniers des alliances en territoires" autour de l'enjeu de la reconnaissance de l'importance de cet échelon local. "Comment pouvons-nous valoriser plus et mieux la capacité des territoires à être des moteurs de la grande transformation que nous vivons ?", a interrogé en préambule Charles-Benoît Heidsieck, président-fondateur du Rameau.

Le réseau réunit 350 "catalyseurs territoriaux", qui sont à la fois des entreprises, des associations et autres "structures d'intérêt général", des acteurs publics dont des collectivités locales et des acteurs académiques. Convaincus de la nécessité de la co-construction, ces acteurs sont engagés localement dans des partenariats de différents types - dialogue territorial, expérimentations collectives, accompagnements ou gestion d'un lieu. Avec, en ligne de mire, les objectifs de développement durable (ODD) de l'Agenda 2030 ; partenaire du Rameau, le Comité 21 sortira d'ailleurs en septembre prochain un guide d'appropriation de ces ODD par les collectivités territoriales.

À Loos-en-Gohelle, le maire contractualise avec les habitants

"La co-construction, c'est la nouvelle éducation populaire", a témoigné Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), qui ne veut plus entendre parle de "démocratie participative". Celui qui a fait de sa ville minière un laboratoire de la transition écologique s'est interrogé sur la "conduite de changement". "On change si on est en action, si on est impliqué", a-t-il expliqué. "Construire la ville ensemble" : c'est ce qu'il a proposé à ses habitants, jusqu'à contractualiser avec des méthodes telles que celle du "50/50". "Les habitants démarrent en consommateurs et progressent en citoyens", a observé Jean-François Caron, qui insiste aussi sur le défi qu'un tel changement représente pour les agents publics. Les villes de Loos-en-Gohelle, Grande-Synthe, Le Mené et Malaunay ont récemment réalisé un "référentiel" pour les "territoires pilotes de la transition".

Sur la base de ses travaux, le Rameau diffuse également un référentiel sur la "co-construction territoriale". La co-construction produit de la performance, de la confiance et de l'innovation : trois impacts constatés empiriquement, que l'Observatoire des partenariats va désormais s'attacher à "qualifier" par type d'acteurs, par territoire et par domaine.      

Sortir des silos pour financer ces nouveaux modes d'action

Pour que de telles démarches à la fois transversales et partenariales puissent se développer, "il est essentiel de sortir les instruments de financement des silos", a mis en avant Philippe Jahshan, président du Mouvement associatif. C'est ce que le gouvernement, avec le Commissariat général à l'égalité des territoires, s'emploierait à faire avec des modes d'intervention tels que "Territoires d'industrie" et "Action cœur de ville". La "cohésion des territoires" passerait justement par la "construction de liens de solidarité" dans et entre les territoires, avec la mise en place de nouveaux "cadres de coopération", a expliqué Hugo Bevort, directeur des stratégies territoriales au CGET.

Dans cette nouvelle approche, la Caisse des Dépôts a également entrepris de se transformer, avec la création de la Banque des Territoires, pour "être au plus près des territoires dans son organisation et sa manière d'agir", a ajouté Gisèle Rossat-Mignod, directrice du réseau à la Banque des Territoires. Selon elle, cette proximité se traduit dans les décisions d'investissement comme dans la capacité d'ingénierie de la Banque des Territoires, pouvant endosser le rôle de "tiers de confiance" dans des projets impliquant une grande diversité d'acteurs.