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Culture - Jugement "en demi-teinte" des associations sur la politique du patrimoine

A l'occasion de la 26e édition des Journées européennes du patrimoine, la Demeure Historique - principale association regroupant les propriétaires privés - et le Groupement français des entreprises de restauration des monuments historiques (GMH) - qui regroupe 200 sociétés spécialisées - ont organisé une conférence de presse intitulée "Patrimoine en perspective". Cette opération menée depuis cinq ans lors des Journées a été l'occasion de faire un point sur le bilan de l'action du gouvernement en la matière. Selon les deux associations, ce jugement apparaît "en demi-teinte". Côté positif : la Demeure Historique et le GMH voient des "signaux encourageants" dans la politique en faveur du patrimoine. Ils se félicitent en particulier de la rallonge budgétaire de 100 millions d'euros dans le cadre du plan de relance et de la stabilisation, autour de 400 millions d'euros par an, du budget public national consacré à ce secteur. Le GMH reconnaît notamment qu'après des années difficiles sous l'effet de la rééducation des budgets, le secteur bénéficie d'une "courbe ascendante", mais qui "doit être consolidée par des crédits pérennes".
Plusieurs motifs d'inquiétude ou d'insatisfaction subsistent néanmoins. Le premier concerne le plan de relance. Si celui-ci a permis d'atteindre les 400 millions d'euros évoqués ci-dessus, la Demeure Historique constate que "les monuments historiques privés sont quasiment absents du plan de relance". De même, elle regrette que "les pourcentages d'intervention des directions régionales des affaires culturelles (Drac) décroissent, décourageant ainsi les maîtres d'ouvrage, qui sont confrontés par ailleurs à des procédures d'intervention de plus en plus complexes malgré une volonté annoncée de simplification". Les deux associations déplorent également "le 'désengagement' de certaines collectivités [qui] conduit à une impasse financière pour les gros travaux d'entretien et restauration". Enfin, elles sont revenues sur la suppression "violente, à l'initiative de quelques députés", de l'avis conforme de l'architecte des bâtiments de France (ABF) pour les travaux dans les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP). Celui-ci a toutefois été rétabli entre-temps par le Sénat dans le cadre de l'examen du projet de loi Grenelle II (voir nos articles ci-contre des 16 et 18 septembre 2009).
La Demeure Historique et le GMH demandent aussi la mise en oeuvre d'un certain nombre de mesures pour relancer la politique du patrimoine. Parmi celles-ci figurent notamment l'extension de l'application du taux réduit de TVA (5,5%) à tous les travaux sur les monuments historiques, l'élargissement de l'utilisation du chèque emploi service universel (Cesu) aux activités économiques dans les monuments historiques, l'intégration des monuments privés dans le plan de relance ou, encore, l'organisation d'une table ronde avec tous les acteurs du patrimoine.

 

Jean-Noël Escudié / PCA