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Congrès des maires - Jeux olympiques : l'héritage attise déjà la convoitise des territoires

La course à l'héritage va-t-elle devenir une épreuve olympique en 2024 ? La réponse est bien évidemment négative. Pourtant, une telle compétition aurait du succès auprès de nombreux élus locaux français bien décidés à profiter des retombées des Jeux qui se tiendront à Paris dans un peu plus de six ans.
Le 22 novembre, dans le cadre du Congrès des maires, le forum intitulé "JO 2024, un héritage territorial à construire" a fait le plein. Dans la salle, au micro, hauts responsables français et maires de petites communes trahissaient mal l'excitation qui est la leur depuis que Paris a obtenu l'organisation de l'olympiade. Une excitation qui, dans un premier temps, est à mettre sur le compte de la victoire obtenue à Lima le 13 septembre dernier et à laquelle Anne Hidalgo, maire de Paris, a tenu à associer tous les conseils municipaux qui ont appuyé la candidature parisienne. "Il y a eu une mobilisation extraordinaire des maires, notamment l'année dernière lors de ce congrès avec François Baroin et tous les maires de France qui nous ont apporté un soutien incroyable. L'argument de l'unité de la candidature, du soutien total de l'ensemble de la France est un argument que l'on a beaucoup utilisé", a rappelé Anne Hidalgo, avant d'entrer dans le vif du sujet en affirmant qu'un des fils conducteurs de la candidature a été "l'idée d'avoir des Jeux utiles pour le pays, pour la Seine-Saint-Denis, pour la jeunesse".
Et après avoir réaffirmé que l'héritage territorial serait "la clé de la réussite des Jeux", la maire de Paris a lancé des pistes sur ce que pourrait être cet héritage : les infrastructures – "c'est concret, c'est du tangible, du lourd", a-t-elle souligné –, l'emploi, "qui peut être tiré par les Jeux olympiques, notamment en termes de formation car il va falloir former à de nouveaux métiers", et l'environnement, car "les Jeux seront totalement alignés sur l'Accord de Paris". Anne Hidalgo a même évoqué des technologies qui permettront, par exemple, de "capter l'énergie des spectateurs ou des athlètes"…

La Seine-Saint-Denis déjà impactée

En attendant que la puissance d'Usain Bolt puisse se transmettre à tout un chacun, l'héritage des Jeux olympiques de 2024 est déjà une réalité dans les communes de Seine-Saint-Denis les plus impliquées par l'évènement. Mohamed Gnabaly, maire de l'Ile-Saint-Denis, où sera construit une partie du village olympique, a ainsi précisé que "la question des JO avait été intégrée dans le projet de ville". Et si pour l'élu, "ce n'est pas le village olympique qui a construit le territoire, ce sont les projets territoriaux qui ont construit le village olympique", le futur rendez-vous planétaire est un formidable accélérateur. "Implanté sur une friche industrielle où il existait depuis dix ans le projet de construire un écoquartier, le village olympique répond non seulement à l'enjeu des Jeux, mais permet avant tout d'améliorer et d'accélérer le projet de ville, s'est réjoui Mohamed Gnabaly. Ce qu'on a imaginé faire en vingt-cinq ans, nous allons le faire en sept ans."
A ses côtés, Patrick Braouezec, président de Plaine Commune, a indiqué que "jusqu'à présent, tous les villages olympiques s'étaient reconvertis en logements". Avec un village de 17.000 lits, il serait donc possible de réaliser 3.500 logements. "Mais on a déjà la cité des 4.000 [à La Courneuve, ndlr], la cité des 3.000 pas loin [à Aulnay-sous-Bois, ndlr], et on se disait que la cité des 3.500, ce n'est pas ce dont on rêvait le plus", a ironisé Patrick Braouezec. L'ambition a donc été d'imaginer non pas un quartier de logements mais un vrai quartier de ville. La reconversion envisagée se composera ainsi de logements diversifiés, sans exclure aucune population, de locaux professionnels, en anticipant ce que sera le travail en 2024, d'équipements publics et d'espaces verts. "Le village olympique sera au coeur des Jeux, il faut que les athlètes soient bien accueillis, mais aussi que, tout de suite après leur départ, la population puisse en bénéficier", a souhaité Patrick Braouezec.

Des centaines de territoires sur la ligne de départ

Mais Paris et la Seine-Saint-Denis sont loin d'être les seuls territoires à espérer un héritage des Jeux de 2024. Plusieurs épreuves (voile, football, surf, etc.) se tiendront en effet en province (lire notre article du 15 septembre 2017). Mais surtout l'ensemble du pays sera mobilisé pour accueillir des sites d'entraînement avant l'événement. "Nombreux sont les maires à nous solliciter pour que leur communes s'intègre au projet olympique", a confié Laura Flessel, ministre des Sports, avant d'annoncer qu'un programme de labellisation des sites de préparation des délégations étrangères sera lancé par le Comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) dès 2018 à travers un appel à projets. De quoi faire largement participer les territoires quand on se souvient, comme l'a rappelé la ministre, qu'en 2012, pour les Jeux de Londres, plus de 600 sites avaient été identifiés sur le territoire britannique.
Il restera bien entendu des territoires où aucune épreuve n'aura lieu, où aucune délégation étrangère ne viendra se préparer. Pour ceux-là, l'héritage des Jeux olympiques sera plus difficile à construire. A un maire d'un village savoyard qui constatait amèrement qu'après la Coupe du monde de football en 1998 "le soufflet était retombé", Anne Hidalgo a répondu en guise de conclusion : "Chacun doit se sentir propriétaire des Jeux."