Investissements dans les territoires : le nombre de projets baisse de 5% en 2024
L’année 2024 est marquée par un recul des projets d’investissement sur les territoires, selon la dernière édition du baromètre de l’attractivité des territoires publié par le cabinet Ancoris et le groupe Scet (filiale de la Caisse des Dépôts) ce lundi 17 février. Tous secteurs confondus, 1.595 projets d’investissement ont été détectés en France l’an dernier, soit un recul de 5%.
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© Ancoris et Adobe stock
"C’est la plus grosse baisse qu’on ait pu constater sur les douze dernières années", a indiqué Guillaume Gady, directeur général d’Ancoris sur France Inter. La tendance baissière se confirme après le pic enregistré en 2021 (1.871) et c’est l’industrie qui enregistre le recul le plus frappant avec une chute du nombre de projets de 17%, passant de 392 en 2023 à 325 en 2024. "La réindustrialisation n’est plus perçue comme la première source d’optimisme par les territoires en 2024", selon le baromètre. Elle occupe aujourd’hui la 4e place de la dynamique territoriale au lieu de la première en 2023.
Les incertitudes politiques et économiques expliquent la baisse significative des projets d’investissement sur l’année 2024 et le net décrochage fin 2024 : la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, l’instabilité gouvernementale qui en a découlé, la hausse des taux, la dégradation des trésoreries, la crise énergétique et la hausse des défaillances d’entreprises notamment. Cette dégradation touche également les projets d’implantation à capitaux étrangers qui chutent de 36%.
Les décideurs territoriaux restent optimistes
Malgré ces difficultés, les décideurs territoriaux gardent le moral. 85% d’entre eux se déclarent optimistes ou très optimistes pour le développement de leur territoire, malgré les obstacles qui perdurent pour attirer et maintenir des investissements. "L’accès au foncier et les difficultés de recrutement (44%, +18 points) demeurent les principaux freins à l’implantation d’entreprises", indique le baromètre. Concernant le foncier, "il ne s’agit plus uniquement de créer de nouveaux espaces mais aussi de valoriser les potentiels dans les zones d’activités existantes, de mobiliser le foncier sous-utilisé et de proposer des solutions immobilières plus intenses".
"Cet optimisme des territoires ne fera pas tout, loin de là, mais il est un levier sur lequel nous appuyer collectivement pour naviguer dans la mer agitée de 2025", déclare Christophe Lasnier, directeur général adjoint de la Scet. "C’est en arrêtant de s’opposer les uns aux autres que nous pourrons redresser l’attractivité de notre pays et de nos territoires." Le rebond passera en particulier par la mise en place de politiques européennes et nationales en faveur de l’attractivité pour contrer les stratégies ambitieuses des États-Unis et de la Chine.
Répondre aux besoins spécifiques des entreprises industrielles
"À l’échelle territoriale, les initiatives telles que France Relance, les sites clés en main, et le programme Territoires d’Industrie doivent être consolidées et amplifiées pour répondre aux besoins spécifiques des entreprises industrielles", selon l’étude. II est aussi nécessaire de simplifier et de stabiliser les politiques publiques pour permettre aux industriels de se projeter sur le long terme et de prendre des décisions d’investissement.
Enfin, si les entreprises priorisent aujourd’hui la sécurisation de leur trésorerie au détriment de projets d’engagement environnemental ou d’économie circulaire, le rebond pourrait bien venir de leur remotivation dans les questions de transition écologique selon Guillaume Gady : "Si le président des États-Unis Donald Trump a fait le choix de délaisser l’industrie verte, nous identifions là une opportunité sans précédent pour accompagner nos fleurons industriels dans leur transition, et de se démarquer pour attirer de nouveaux projets."
Étude réalisée sur la base de 8.000 entretiens menés auprès de décideurs publics et privés complétés par une enquête réalisée auprès de 174 collectivités.