Éric Lombard veut "renforcer les simplifications dans les procédures industrielles"
Lors d'une visite à la filière aéronautique toulousaine, le ministre de l'Économie a promis aux industriels une nouvelle étape après celle du budget qui a laissé des traces. Sa priorité sera la "simplificiation", a-t-il dit, évoquant notamment un allègement des procédures industrielles. Le chantier de la simplification est également conduit au niveau européen.
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© @ArnoSimion/ Éric Lombard visite la chaîne d'assemblage de l'A321
Tourner la page du budget : c’est ce à quoi veut s’atteler le ministre de l’Économie, Éric Lombard, qui était en déplacement en Haute-Garonne, ce jeudi 13 février, pour évoquer la "souveraineté industrielle". Si la fuite budgétaire est loin d’être colmatée, comme a pu le constater la Cour des comptes hier, la situation de l’industrie à la peine depuis des mois impose un changement de braquet. Le locataire de Bercy a d’emblée placé l’enjeu au niveau européen dont il espère voir l’émergence d’une "troisième voie" entre la Chine et les États-Unis, "celle qui aura su conjuguer la compétitivité à la responsabilité sociale et à la responsabilité environnementale", a-t-il déclaré depuis le site d’Airbus à Toulouse, en présence de son PDG, Guillaume Faury, de la présidente de région, Carole Delga, et du président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc. "Si Airbus et sa filière forment un exemple pour nos industries, c’est parce qu’elles sont européennes", a-t-il soutenu, après avoir visité la chaîne d’assemblage de l’A321 XLR, dernier né de la famille des moyen-courriers. Auparavant, il s’était rendu aux Ateliers de la Haute Garonne, le leader mondial des rivets qui servent à attacher les pièces aéronautiques. L’occasion de rappeler : "Tout l’écosystème autour de ces leaders de l’industrie fait vivre des territoires."
"Vache à lait"
Le ministre se devait avant tout d’apporter des réponses à l'inquiétude montante des capitaines d'industrie (voir notre article du 27 janvier). Plutôt d’un naturel posé, Guillaume Faury avait haussé le ton lors de ses vœux, au mois de janvier. "En France, nous avons des filières historiquement championnes, comme l’automobile, le nucléaire et l’aéronautique. Certaines n’ont pas été soutenues comme il se devait à l’échelon français et européen. Elles en payent aujourd’hui le prix et c’est cela que nous devons éviter", avait-il averti. La filière aéronautique, dont les carnets de commandes sont pleins pour les dix ans qui viennent, ne doit pas servir "de vache à lait pour réparer les finances de l’État", avait lancé celui qui est également président du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), se plaignant qu’on lui mette des "bâtons dans les roues", avec un trop-plein de charges et de règlements. "Sans un soutien fort et s’inscrivant dans la durée de la part des pouvoirs publics, la filière ne pourra pas relever les défis mondiaux d’ampleur inédite auxquels elle fait aujourd’hui face", avait-il appuyé.
"Simplifier les procédures industrielles"
Alors que le budget prévoit une contribution exceptionnelle des grandes entreprises estimée à 8 milliards d’euros, Éric Lombard promet d’agir sur le deuxième levier : l’allègement de normes. "Le premier impératif est sans doute celui de la simplification", a-t-il insisté. En lien avec Laurent Marcangeli (Action publique, Fonction publique et Simplification) et Marc Ferracci (Industrie), "nous proposerons des enrichissements" dans le projet de loi de simplification de la vie des entreprises "pour renforcer les simplifications dans les procédures industrielles". Le texte initié par ses prédécesseurs a été adopté au Sénat le 22 octobre, il doit à présent être examiné à l’Assemblée. On sait que le terrain est en friche depuis les annonces faites par Michel Barnier, juste avant la censure de son gouvernement, concernant l’exemption des projets industriels du décompte du ZAN. Lors d'un débat sur les Territoires d'industrie, Marc Ferracci avait assuré en janvier que l’idée n’était pas abandonnée (voir notre article du 16 janvier).
Le gouvernement pourrait par ailleurs s'inspirer d'un projet de loi clé en main "d'accélération de l'économie française" que le président du Medef, Patrick Martin, a remis la semaine dernière au Premier ministre.
Mobiliser l'épargne
Le sujet de la simplification est aussi porté aujourd’hui au niveau européen avec la "boussole pour la compétitivité", découlant du rapport Draghi (voir notre article du 29 janvier). Pour soutenir les trois filières aujourd’hui les plus en difficulté – automobile, acier et chimie – Éric Lombard mise sur l’achèvement de l’union des marchés des capitaux et la mise en place d’un "label d’épargne européen". De quoi "permettre de mobiliser l’épargne dormante des Français et des Européens pour alimenter notre industrie". Il entend aussi mobiliser l'épargne au niveau national. Dans son rapport remis à Roland Lescure en 2024, Olivier Lluansi préconisait de flécher cette épargne dans des fonds régionaux, à l’image de ce que certaines régions font déjà mais à trop petite échelle (voir notre article du 20 janvier).
Sur la question du prix de l'énergie - autre point de crispation des industriels -, le ministre a simplement vanté "les infrastructures de grande qualité", l'"énergie abondante, pilotable, bon marché et décarbonée" dont bénéficie la France.