Intempéries - Inondations : Manuel Valls annonce un "fonds d'extrême urgence" pour les sinistrés
Manuel Valls a annoncé ce lundi 6 juin la mise en place d'un "fonds d'extrême urgence" de "plusieurs millions d'euros" pour les sinistrés des inondations. Ce fonds est destiné aux sinistrés "sans ressources ayant tout perdu", en attendant les indemnisations des assureurs, a précisé le Premier ministre à l'issue d'une réunion au ministère de l'Intérieur des ministres concernés par les inondations. Il a également confirmé que l'état de catastrophe naturelle serait reconnu dès mercredi en Conseil des ministres pour une première liste de départements et de communes sinistrés.
"L'heure est à la décrue, mais plusieurs situations font toujours l'objet d'une vigilance toute particulière", a-t-il dit, citant la Seine dans sa partie aval, le Cher et l'Essonne. "Il faut dans les jours qui viennent rester extrêmement prudents et vigilants". "La décrue sera longue et certains équipements ont été fragilisés ou dégradés, le retour à la normale prendra donc du temps", a-t-il prévenu.
"La solidarité s'impose", a-t-il souligné avant de se rendre sur le terrain avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, à Montargis, la sous-préfecture du Loiret sévèrement touchée par les inondations. Il a rencontré des habitants d'un quartier sinistré où des déchets étaient entassés devant les maisons et au coin des rues, a constaté un journaliste de l'AFP. Manuel Valls a pu voir aussi des oeuvres d'art du musée Girodet, abîmées.
A Corbeil-Essonnes, à la confluence de l' Essonne et de la Seine, le pic de la crue est attendu mardi. Si la Seine a commencé sa décrue, l'Essonne continue de monter lentement. "Certains quartiers sont totalement inondés mais les problèmes sont pour demain", a indiqué à l'AFP le maire de la ville, Jean-Pierre Bechter (LR).
Des dégâts pour plus d'un milliard d'euros
Dans le Cher, la tendance générale est à la décrue, selon la préfecture, à l'exception de la commune de Vierzon où 23 habitations ont dû être évacuées dans la nuit, tandis qu'environ 200 personnes sont au chômage technique sur la zone industrielle des Forges. L'eau du robinet est impropre à la consommation dans 13 communes du département.
En Normandie, la crue de la Seine en aval reste en cours de stabilisation, selon la préfecture de Seine-Maritime, même si l'eau a envahi à nouveau les quais de Rouen et d'Elbeuf en raison d'un fort coefficient de marée vers 4 heures du matin, avant de se retirer. Les voies sur berges à Elbeuf ont été rouvertes à la circulation.
A Paris, la décrue se confirme : le niveau de la Seine est redescendu à 5,36 m lundi à 9 heures contre 6,10 m dans la nuit de vendredi à samedi. Il s'agit de la plus forte crue depuis 1982 dans la capitale (6,18 m cette année-là), très loin cependant de celle de 1910 (8,62 m).
Le bilan global restait lundi matin inchangé, avec quatre morts et 24 blessés. Au total, 14 départements étaient encore en vigilance orange "crues-inondations" lundi matin, dans la région Centre, en Normandie et en Ile-de-France. Quelque 7.000 foyers étaient toujours privés d'électricité lundi matin, la plupart en Ile-de-France.
Des centaines de communes touchées, des gares inondées, des milliers d'entreprises et de commerces affectés par une semaine de crue, sans oublier les agriculteurs et les particuliers sinistrés notamment : les premières évaluations et la liste des dépenses à venir laissent entrevoir un coût des dégâts supérieur au milliard d'euros.
Juliette Méadel : pas d'expert pour les petits sinistres
Les assurances "se sont engagées" à mettre en place des procédures simplifiées "dans le cadre de l'état de catastrophe naturelle" pour les sinistrés des inondations des derniers jours, a fait savoir lundi la secrétaire d'État chargée de l'aide aux victimes, Juliette Méadel. "Les assurances accepteront une photo ou tous les moyens qui permettront aux sinistrés de faire la preuve de ce qu'ils ont perdu", a précisé la secrétaire d'État après une réunion avec les représentants des assureurs.
La veille, Juliette Méadel avait demandé aux assureurs "un effort particulier". "Il faudrait ne pas exiger un nombre incroyable de factures (...) L'objectif c'est que ce soit simple, pour que ce soit simple, il faut alléger", avait-elle expliqué. Selon elle, les assurances "ont l'habitude de ne pas exiger de moyens de preuves trop importants et sur les petits sinistres, de ne pas faire venir d'expert".
Dimanche, la secrétaire d'État avait en outre rappelé que les sinistrés devront réaliser leur déclaration de sinistre dans les dix jours qui suivront la publication au Journal officiel de l'état de catastrophe naturelle. Seront concernés les départements touchés "par les inondations les plus graves (...) c'est une carte qui est en train de se mettre en place", a précisé Juliette Méadel.
Des cellules médicopsychologiques d'urgence pour les personnes "traumatisées", "en état de sidération" ou de "grande inquiétude", ont par ailleurs été "activées", a-t-elle ajouté.
Environ 470.000 sinistres ont d'ores et déjà été déclarés dans 28 départements.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, devait quant à lui réunir les représentants du monde agricole et élus de Seine-et-Marne. Tandis que pour les commerces de proximité, c'est le ministre de l'Economie Emmanuel Macron qui devait convoquer une "cellule de continuité économique".
La région Ile-de-France aidera ses agriculteurs sinistrés
S'agissant d'agriculture, on saura par ailleurs que la région Ile-de-France va aider les agriculteurs dont les exploitations ont été touchées. Le secteur agricole "le plus lourdement impacté" par les inondations en Ile-de-France "est celui du maraîchage et de l'horticulture", a précisé lundi un communiqué de la région à l'issue d'une réunion entre Valérie Pécresse et des représentants agricoles franciliens. "Certaines exploitations ayant été submergées en totalité", la région va "venir en aide aux exploitations dont la survie est en jeu" avec un dispositif d'aides financières (prêts, subventions, etc.) baptisé Rebonds, qui vient normalement en aide aux entreprises en difficulté, mais sera élargi "aux exploitations agricoles gravement touchées et supportant des pertes non assurables". L'élargissement du dispositif sera proposé lors de la prochaine séance plénière, les 16 et 17 juin.
Pour les éleveurs, qui "vont très rapidement être confrontés à de grandes difficultés pour nourrir les animaux qui doivent être mis à l'abri" alors que les pâturages sont inondés, la région va aussi participer à "la prise en charge du transport de fourrage" pour les éleveurs qui voudront en faire venir d'autres régions.
Un bilan des intempéries sera fait lors d'une conférence régionale agricole en septembre, notamment concernant "les grandes cultures", sur lesquelles "l'impact des intempéries ne pourra être mesuré avec précision qu'au moment de la moisson, tant en qualité qu'en quantité".
Valérie Pécresse demande par ailleurs au gouvernement "d'obtenir de la Commission européenne des dérogations pour autoriser le fauchage des jachères afin d'alimenter les animaux".
Elle estime en outre qu'il "n'est plus acceptable qu'une interprétation bureaucratique de la loi conduise les agriculteurs à payer des amendes lorsqu'ils entretiennent les fossés pour faciliter l'écoulement normal des eaux", et appelle à ce que "les dispositions nécessaires" soient prises "pour que les agriculteurs puissent effectuer ces tâches pour le bien commun".