Risques naturels - Inondations : la Seine-et-Marne et le Loiret en vigilance rouge, d'autres départements sévèrement touchés
Les pluies tombées ces derniers jours en France sont un "épisode tout à fait exceptionnel" se produisant "en moyenne tous les 100 ans", a déclaré à l'AFP, mercredi 1er juin, François Jobard, prévisionniste à Météo-France. En 72 heures, du dimanche 29 mai au mardi 31, l'équivalent de deux mois de précipitations est tombé sur les régions Picardie, Bassin parisien et le nord de la région Centre selon l'organisme de prévisions météo. "A cette époque de l'année, jamais dans ces régions on n'avait observé des pluies si durables et si intenses, et même toutes saisons confondues, a souligné François Jobard. Il est tombé environ 120 mm de pluie à Orléans, dans le Loiret, c'est-à-dire deux mois de pluie, en trois jours."
"C'est la première fois qu'on a une telle montée des eaux", a déclaré mercredi matin Nacer Meddah, le préfet de ce département, qui reste placé en vigilance rouge. "Nous avons dû évacuer hier 500 personnes sur deux centres d'accueil", a-t-il ajouté. "On a évacué trois Ephad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), une clinique, 400 détenus du centre pénitentiaire de Saran", a-t-il énuméré, se félicitant qu'il n'y ait eu "aucun blessé, aucun mort". Tout au long du cours du Loing, plusieurs communes ont été touchées, comme Montargis, surnommée "la Venise du Gâtinais", qui n'a jamais aussi bien porté son nom. Mercredi, l'accès à Orléans par voie routière comme ferroviaire était difficile. L'A10 était fermée sur de larges portions.
Perturbations dans les transports franciliens
Ce 1er juin, les secours s'activaient aussi en Seine-et-Marne placée à son tour en vigilance rouge inondations. Le centre de Nemours était en cours d'évacuation mercredi après-midi sur décision de la maire de cette ville coupée en deux par les eaux. "Il s'agit d'une crue exceptionnelle, supérieure à la crue de 1910", a prévenu Météo France. Les cours dans les écoles, les collèges et les lycées de 17 communes du "secteur critique du Loing", affluent de la Seine, ont été suspendus. A Nemours, les niveaux atteints lors de la crue de 1910 (4,25 m) avaient été dépassés à 13h00 et l'eau continuait à grimper (4,35 m à 14h00).
"Le Loing monte, il est très haut", a confirmé Patrick Septiers, maire du Moret-sur-Loing, dont les services étaient chargés de prévenir les riverains pour "qu'ils enlèvent les voitures, montent leurs meubles ou les objets de valeur à l'étage". En début d'après-midi, "plusieurs centaines de pavillons" avaient été évacués, selon la préfecture de Seine-et-Marne, qui ne déplorait "aucune victime", mais renouvelait ses appels à la plus grande prudence.
Les inondations ont causé des perturbations dans les transports franciliens (RER B, RER D, RER E et Tramway), déjà affectés par une grève contre la loi Travail. Aucun train Transilien, Intercités ou TER ne circulait ainsi entre Paris-Montparnasse et Versailles-Chantiers.
Chouchou des touristes, le château de Chambord, situé dans le Loir-et-Cher, avait aussi les pieds dans l'eau ce mercredi. Les élèves des écoles, collèges et lycées du département, seront dispensés de cours et d'activités périscolaires jeudi.
A Paris, une partie des voies sur berges a été fermée, et le niveau de la Seine était sur le point d'atteindre cinq mètres mercredi soir. La Seine avait déjà atteint 4,34 m à 15h00 et trempait les pieds du zouave du pont de l'Alma, célèbre statue qui sert de repère aux Parisiens. Lors de la crue historique de 1910, il avait eu de l'eau jusqu'aux épaules (8,62 m). La Seine pourrait atteindre le week-end prochain dans la capitale un pic, entre 5,10 et 5,70 mètres, une situation qui "n'entraîne pas de dommages significatifs mais nécessite une vigilance particulière", a prévenu la mairie.
8.000 interventions de pompiers
Au total, les inondations ont nécessité 8.000 interventions des pompiers ces derniers jours, dont un quart dans le Loiret, a indiqué ce 1er juin le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. "Nous travaillons d'ores et déjà à la mobilisation des dispositifs 'catastrophe naturelle'" pour permettre un "retour à la vie normale dans les meilleurs délais" et "nous sommes prêts à mobiliser des moyens financiers dans les meilleurs délais". De son côté, la présidente du conseil régional d'Ile-de-France, Valérie Pécresse, (LR) a annoncé qu'elle proposerait la mise en place d'un fonds d'urgence d'un million d'euros pour les communes d'Ile-de-France sinistrées afin de réhabiliter rapidement les équipements publics endommagés. Dans un communiqué publié mercredi matin, l'Association des maires de France (AMF) "exprime son émotion et son entière solidarité aux maires et aux habitants des communes concernées (...). L'ampleur inédite de ces intempéries mobilise les maires, les élus locaux et leurs agents pour prévenir, porter secours et réparer". Au nom du bureau de l'AMF, François Baroin et André Laignel "rendent hommage aux équipes municipales engagées sans relâche pour aider les sinistrés et rétablir les services de premières nécessités".
Outre les deux départements en vigilance rouge, sept autres étaient en vigilance orange "inondations" mercredi : le Loir-et-Cher, le Cher, l'Indre, l'Indre-et-Loire, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle. Selon les pompiers de ces trois derniers départements, la nuit de mardi à mercredi a été calme. Dans la Meuse, où 30 maisons ont été touchées mardi par le débordement de l'Orne, des routes fermées ont pu être rouvertes mercredi. En Moselle, la rivière "monte, mais moins fort que ce qui était prévu".
Mais après l'accalmie relative de la journée de mercredi, la prudence reste de mise car Météo France prévoyait l'arrivée de nouvelles pluies sur le Bassin parisien dans la soirée.