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Crise financière et économique - Ile-de-France : les collectivités prennent la parole

"Si les banques continuent avec la même prudence à l'heure où nous préparons le budget, que va-t-on faire ?", s'inquiète le premier adjoint au maire de Noisy-le-Grand qui s'est exprimé spontanément lors d'un colloque sur la crise bancaire et la récession, qui était organisé le 13 novembre à Paris par l'association des maires d'Ile-de-France. La réponse d'Olivier Balmont, directeur de pôle à la Fédération bancaire française n'a pas été rassurante. Les établissements bancaires feront en sorte de répondre aux objectifs fixés par le plan de soutien aux banques. La situation "s'arrange" déjà. Mais il y a "énormément de choses à mettre en place". Par conséquent, "la machine repart doucement", a prévenu le représentant des banques, qui a évoqué une crise "solide" et "grave".
Combien de temps dureront les difficultés ? "Personne n'en sait rien", a répondu Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyse économique. Le professeur avance une hypothèse : la crise durera tant que les prix des logements américains continueront à baisser, ce phénomène entretenant en effet un véritable cercle vicieux. "Il y a un problème de connaissance de ce qui se passe", un problème de "traçabilité des risques", a diagnostiqué l'économiste, qui a osé faire un pronostic : "On a encore 12 mois de crise à digérer."


 

Renforcer les moyens d'expertise

Les premiers effets de la récession sont déjà perceptibles. Les défaillances d'entreprises ont augmenté en Ile-de-France de 50% au second trimestre 2008 par rapport au premier trimestre. Autre signal négatif : le recul de 4% de l'emploi intérimaire francilien en août 2008 par rapport à son niveau un an plus tôt. Dans l'immobilier, la frilosité des banques et la réduction de la solvabilité des ménages se conjuguent pour faire chuter les achats de logements neufs. Le groupe Nexity constate qu'il a dû renoncer à 28 programmes de construction, rien qu'en Ile-de-France. Les programmes ayant été lancés avant le début de la crise iront cependant jusqu'au bout, a assuré une représentante de l'opérateur.
Malgré des conditions de crédit plus onéreuses, les élus doivent "maintenir leurs investissements", a déclaré le rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, Gilles Carrez. Mais comment les financer ? Pour le président du Comité des finances locales, les élus ont plutôt pour philosophie actuellement d'"augmenter le moins possible" les impôts. Le recours à l'emprunt sera donc l'une des seules solutions. Et de ce côté, Gilles Carrez est confiant. "Je suis sûr que beaucoup de banques vont se tourner vers le marché des collectivités locales, qui restent des clients intéressants car solvables". Après les déboires que certaines collectivités ont connu avec des produits structurés, plusieurs élus ont relevé que la prudence imposait de recourir à des emprunts à taux fixe. Les collectivités devront renforcer leurs moyens d'expertise pour "mieux maîtriser les risques" liés à la dette et la comptabilité publique devra permettre de mieux identifier le coût des produits bancaire sur toute leur durée, a estimé Edouard Lecoeur, directeur de mission Partenariat public/privé chez Deloitte Consulting.

 

Thomas Beurey / Projets publics

 

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