Hydrogène propre : Élisabeth Borne en appelle au partenariat entre État, secteur privé et collectivités

En présentant une première liste de dix projets retenus pour créer une filière française d'hydrogène bas carbone, la Première ministre a insisté, mercredi 28 septembre, sur l'importance du partenariat avec les collectivités et l'industrie. Ces dix projets - sélectionnés dans le cadre du PIIEC européen - recevront 2,1 milliards d'euros d'aides publiques sur un total de 5,3 milliards d'euros d'investissements.

Si les crises sont des opportunités, la crise énergétique actuelle pourrait bien accélérer la consolidation d’un filière hydrogène "vert" en France et en Europe. C’est en substance le message d’Élisabeth Borne qui, le 28 septembre, en visite sur le site le de recherche et développement de l'équipementier automobile Plastic Omnium, à Venette près de Compiègne (Oise), a rappelé l’objectif de la stratégie hydrogène française lancée en 2020 : faire de la France l’un des leaders mondiaux de l’hydrogène décarboné. "Nous avons face à nous des bouleversements majeurs, stratégiques, énergétiques, climatiques qui nous conduisent à revoir notre manière de penser, de produire, de consommer. La France (et l’Europe) a une carte en main pour faire de ces défis des opportunités, pour construire un pays décarboné et souverain", a déclaré la Première ministre, annonçant une liste de dix projets retenus pour faire émerger cette filière. Ces projets français figurent dans la première salve de 41 projets sélectionnés au niveau européen, dans le cadre Projet important d’intérêt européen commun (PIIEC) porté conjointement par 15 États européens. Ce PIIEC a été mis en place pour soutenir la R&D dans le domaine de l’hydrogène décarboné. L’enjeu est pour l’UE de tenir ses objectifs dans la lutte contre le réchauffement climatique, à savoir la neutralité carbone en 2050. Or si l’hydrogène est très prometteur, il est pour l'heure essentiellement produit à partir d’énergie fossile.

"C'est la première pierre d'un filière qui naît"

Les dix projets français recevront 2,1 milliards d'euros de crédits publics, auxquels s’ajouteront 3,2 milliards d’euros d’investissements privés, soit un total de 5,3 milliards d'euros. "C'est la première pierre d'un filière qui naît", s'est félicitée la cheffe du gouvernement, soulignant qu'un quart de ces projets européens étaient français. Les 2,1 milliards d’euros sont puisés dans les 9 milliards engagés depuis 2020 dans la stratégie hydrogène française, financés avec les crédits du plan de relance et le grand plan d’investissement France 2030 piloté par Bruno Bonnell. Parmi ces dix projets figurent la construction sur le territoire de quatre gigafactories d’électrolyseurs (notamment à Belfort), de sites de production de réservoirs à hydrogène, de piles à combustibles pour la mobilité durable, de trains et véhicules utilitaires à hydrogène, et de matériaux nécessaires à la production de ces équipements. Les nouvelles usines seront implantées dans sept régions. Quelque 5.200 emplois directs sont attendus.

Investir dans l'ensemble de la chaîne de valeur

Pour réussir la stratégie hydrogène et parvenir à s’imposer comme leader, "il nous fallait un plan d’action et bâtir une filière hydrogène complète. (…) Nous voulons privilégier les secteurs dans lesquels les entreprises françaises existent déjà", a souligné Élisabeth Borne. La France a fait le choix d’investir dans l’ensemble de la chaîne de valeur (recherche, innovation compétences) en, privilégiant l’électrolyse et les équipements à hydrogène pour la mobilités lourde et professionnelle. À cet égard, Plastic Omnium industrialisera des réservoirs haute pression, pour le stockage d’hydrogène destiné à la mobilité. L’usine, dont la construction sera lancée dans les prochaines semaines, permettra à terme de fabriquer 80.000 réservoirs par an, a indiqué son dirigeant, Laurent Favre. Le projet recevra 160 millions d'investissements entre 2022 et 2028, avec 150 emplois à la clé, a précisé Élisabeth Borne. "Le partenariat entre l'État, le secteur privé et les collectivités est le fondement de notre réussite industrielle et énergétique, nous devons continuer à le développer", a-t-elle martelé.

Dans la décennie à venir, la France espère produire 6,5 GW d'hydrogène par électrolyse avec la création de 100 à 150.000 emplois. Deux autres projets hexagonaux sont en cours d’instruction par la Commission européenne, dans le cadre de la deuxième vague du PIIEC présentée le 21 septembre. "Il s'agit cette fois d'avancer sur la production et les usages de l'hydrogène décarboné", a indiqué Élisabeth Borne. Une dizaine de projets français sont en lice pour deux nouvelles vagues, centrés sur les infrastructures de production et la mobilité. La France entend se mobiliser au niveau européen pour que l'hydrogène reste bien reconnu comme une activité durable autorisant des aides d'État.