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Hydrogène : les projets s'accélèrent, avec 225 stations de recharge pour véhicules prévues d'ici 2025

Le développement des capacités de production d'hydrogène décarboné en France devrait suivre le scénario le plus ambitieux imaginé en 2021 par la filière, avec plus 250 projets recensés et 225 stations de recharge pour véhicules d'ici 2025, a indiqué France Hydrogène ce 6 décembre.

Avec plus de 250 projets et écosystèmes territoriaux recensés, totalisant une consommation d'hydrogène renouvelable et bas carbone d'environ 1,07 million de tonnes par an à 2030, une étude de trajectoire publiée par l'association France Hydrogène, en marge d'une matinée de conférences qui s’est tenue ce 6 décembre, fait état de volumes supérieurs à ceux des objectifs de la Stratégie nationale hydrogène et similaires à ceux du scénario "Ambition+ 2030" prévoyant 1,9 million de tonnes.

La plupart des projets visent un usage industriel de l'hydrogène (815.000 tonnes), loin devant son utilisation dans les transports (230.000 tonnes) ou pour l'alimentation d'usagers hors réseau électrique ayant besoin d'un système d'énergie de secours ou en site isolé (25.000 tonnes). Hormis 24 projets concentrant 80% des volumes d'hydrogène, 70% des projets font moins de 3 mégawatts (MW).

Mobilités hydrogène : 20% des potentiels de production d'ici 2030 

Les projets axés sur la mobilité sont ceux permettant à l’hydrogène de se développer partout sur le territoire, souligne l’étude. 225 stations de recharge hydrogène ouvriront ainsi d’ici 2025 en France avec un minimum d’une dizaine de stations prévues dans chaque région, généralement autour des principales agglomérations, indique-t-elle. Les projets de mobilités hydrogène représentent environ 230.000 tH2 d’ici 2030, soit environ 20% des potentiels de production en France. Dans le domaine ferroviaire, "la mise en service de trains régionaux hydrogène s’inscrit pleinement dans un développement territorial, via des lignes régionales non électrifiées", note l’étude. "Les 14 rames de Régiolis H2 commandées par 4 régions et déployées d’ici 2025 viendront remplacer les rames fonctionnant aujourd’hui au diesel grâce à des solutions zéro émission à l’usage et aux performances similaires : autonomie totale de 1.000 km dont 600 km grâce à 184 kgH2 embarqués et un système pile à combustible d’environ 300 kW", détaille-t-elle. Dans les transports maritime et fluvial, une trentaine de projets sont en outre recensés sur l’ensemble du territoire : propulsion de navettes de passagers, de navires portuaires ou de bateaux dédiés à la navigation intérieure mais également solutions de recharge à quai. Les solutions aujourd’hui en développement correspondent à des puissances allant de 200 kW à 2,5 MW avec plusieurs centaines de kilogrammes d’hydrogène comprimé ou cryogénique embarqués. Mais les "défs techniques et réglementaires sont encore nombreux", pointe l'étude.

Besoins en électricité, en eau et en foncier

L'hydrogène peut être produit par divers procédés, notamment à partir de la biomasse. L'électrolyse de l'eau est cependant "très largement privilégiée par les acteurs de la filière", une option qui nécessitera beaucoup d'électricité : produire 1 million de tonnes d'hydrogène en 2030 exigera plus de 50 térawattheurs (TWh), soit 10% de la consommation totale d'électricité prévue à cette date par le gestionnaire du réseau RTE, selon l'étude qui insiste sur la nécessité de sécuriser l’approvisionnement en énergie primaire, "en accélérant le déploiement des énergies renouvelables et en pérennisant les capacités de production d’électricité bas carbone".

Les prélèvements et la consommation d’eau générés par la production d’un million de tonnes d’hydrogène renouvelable et bas carbone sont compris entre 10 et 20 millions de mètres cubes d’eau. Quant à la consommation nette d’eau associée, elle représente 10 millions de mètres cubes. "En comparaison des niveaux de prélèvement et de consommation d’eau totaux en France, ces scénarios représentent moins de 0,1% des prélèvements et moins de 0,2% de la consommation d’eau, souligne l'étude. De tels niveaux sont donc significatifs, mais pas particulièrement massifs à l’échelle de la France, ainsi qu’à celle du secteur de l’énergie qui représente la moitié des prélèvements totaux et le tiers de la consommation en France. L’impact de la filière hydrogène sur le stress hydrique n’est donc pas prépondérant à l’échelle nationale mais les spécificités territoriales et saisonnières doivent faire l’objet de la plus grande attention notamment pour les risques d’impact sur la chaine d’approvisionnement de la production d’hydrogène."

La filière doit aussi composer avec une autre contrainte particulièrement forte : la disponibilité du foncier. Les stations de distribution et les usines de production ont besoin de surface au sol pour s’implanter. "À titre d’exemple, illustre l'étude, une station de recharge pour une flotte de plusieurs dizaines de bus a une empreinte au sol moyenne comprise entre 900 et 1.200 m2." De plus, les surfaces nécessaires au développement de la filière hydrogène se trouvent régulièrement dans des espaces déjà sous contrainte parfois avec des réglementations spécifiques : zones industrielles denses, espaces portuaires ou aéroportuaires, agglomérations, etc.

Actualisation de la stratégie nationale d'ici six mois

Présent mercredi, le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, a rappelé que le 8 novembre, l'Élysée avait donné six mois au gouvernement pour actualiser la stratégie nationale hydrogène en termes de cadre réglementaire et d'accès aux subventions publiques. L'exécutif voit dans l'hydrogène une technologie clé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'industrie. La filière réclame pour sa part des simplifications administratives pour se passer d'évaluation environnementale pour produire en-dessous d'un certain seuil et stocker davantage. "Nous devons raisonner en termes d'économies d'échelle pour mettre à disposition des industriels un hydrogène le plus compétitif possible", a déclaré le ministre, en assurant qu'il se préoccupait de faire en sorte que les grands électrolyseurs puissent conclure des contrats de long terme compétitifs, notamment avec EDF.