Logement - Habitat indigne et dégradé : l'Ile-de-France en première ligne

L'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) d'Ile-de-France et la direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement (Drihl) publient une étude sur "L'habitat dégradé et indigne en Ile-de-France". En 120 pages, celle-ci dresse un état des lieux très complet et actualisé (le dernier remontait à 2011), montrant que si les regards sont aujourd'hui braqués sur Marseille en matière d'habitat dégradé ou indigne (voir notre article ci-dessous du 6 novembre 2018), l'Ile-de-France n'est pas vraiment mieux lotie. L'essentiel du document - qui s'accompagne de nombreuses cartes et photos - reste toutefois consacré à une description détaillée des politiques de lutte contre l'habitat indigne au sein de la région et des différents outils mis en œuvre : Opah, PIG, ORI, Orcod et Orcod-IN...

157.000 logements indignes en Ile-de-France

Selon l'étude, l'Ile-de-France compte 157.000 logements privés potentiellement indignes, soit 4% du parc privé francilien, tandis que près de 1,3 million de ménages seraient confrontés à un habitat dégradé. La part du "parc privé potentiellement indigne" (PPPI) varie toutefois fortement selon les départements franciliens. Elle représente ainsi 7,4% du parc privé total en Seine-Saint-Denis (2,8% dans le parc occupé en propriété et 15,8% dans le parc locatif privé) et 6,5% à Paris (3% et 9,5%). Les six autres départements affichent des taux de PPPI nettement inférieurs : 3,6% dans le Val-de-Marne et le Val-d'Oise, 3,5% dans les Hauts-de-Seine, 2,3% en Seine-et-Marne, 1,3% dans les Yvelines et 1% en Essonne.

A Paris et dans la petite couronne, l'habitat ancien (logements construits avant 1949) prédomine très largement au sein du PPPI : 95% à Paris, 90% dans le Val-de-Marne, 87% en Seine-Saint-Denis et 83% dans les Hauts-de-Seine. Cette part de l'habitat ancien tombe à 52% dans le Val-d'Oise. Toujours à Paris et en petite couronne, les logements en copropriété (immeubles) représentent la majeure partie de l'habitat dégradé et indigne. Dans la grande couronne, la répartition est plus équilibrée, avec davantage de logements individuels concernés.

Sur-occupation et saturnisme

En termes d'âge de la personne de référence du ménage, les plus de 59 ans prédominent nettement, mais dans des proportions variables. Leur part relative est plus importante dans les départements comptant le plus faible PPPI : 32% dans les Yvelines et l'Essonne, contre 22% en Seine-Saint-Denis, 24% dans le Val-de-Marne et 26% à Paris. A l'inverse, la part relative des moins de 26 ans dans le PPPI est plus importante à Paris (8,2%) et dans le Val-de-Marne (7,8%) que dans le Val-d'Oise (4,6%), mais aussi la Seine-Saint-Denis (4,7%).

Sans surprise - compte tenu de la densité urbaine et du coût du logement - le phénomène de sur-occupation des logements concerne principalement Paris et la petite couronne. La part des logements sur-occupés dans le PPPI est ainsi de 25% en Seine-Saint-Denis (qui compte des logements un peu plus grands, mais davantage de familles nombreuses), de 23% à Paris (avec des logements plus petits, mais davantage de personnes isolées), de 19% dans les Hauts-de-Seine et de 16% dans le Val-de-Marne. A l'inverse, cette part tombe à 7% en Seine-et-Marne (le département le plus "rural" et le plus étendu d'Ile-de-France) et à 8% dans les Yvelines.

En matière de santé, le risque de saturnisme - au sens de la part du PPPI d'avant 1949 où vivent des enfants de moins de six ans - trois départements sont particulièrement touchés : la Seine-Saint-Denis (24% du PPPI potentiellement concerné), le Val-de-Marne (20%) et les Hauts-de-Seine (17%). A l'inverse, les Yvelines (11%) et Paris (11%) sont nettement moins concernés (dans le cas de Paris, du fait du nombre réduit d'enfants).