Gares routières : un rapport préconise d'améliorer l'information et d'ouvrir des guichets
Le Comité de concertation des gares routières créé par l’Autorité de régulation des transports (ART) a proposé dans un rapport publié ce 12 mars deux principales "marges de progrès" pour une meilleure adaptation aux besoins des transporteurs longue distance : une information voyageur "dynamique" permettant de suivre l'évolution des plans de transport des opérateurs et des guichets de vente de billets physiques dans les gares.

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L'Autorité de régulation des transports (ART) qui "accompagne le développement du marché des autocars libéralisés" a créé en son sein en 2023 un comité de concertation des gares routières pour "débattre de sujets opérationnels autour des gares routières pour faire émerger des bonnes pratiques quant à leur exploitation, leur aménagement et les services qu’elles offrent". Le premier comité de concertation a réuni fin 2023 une quinzaine d’acteurs du secteur : des exploitants de gares routières, des représentants de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), de la Fédération des transports de voyageurs (FNTV), du Cerema, des collectivités territoriales et des opérateurs de services de transport. Le rapport publié ce 12 mars est le fruit du travail d’un groupe de six membres du comité qui a étudié tout au long de l’année 2024 les problématiques liées à l’information et la billetterie multimodales en gare routière.
Généraliser l'information dynamique en temps réel
Premier constat : les services d'information et de billetterie sont essentiels pour l'accueil des voyageurs dans les gares routières. Or, "l'usager ne trouve pas toujours en gare l'information sur l'offre de transport disponible et ne sait pas toujours où acheter son billet", constate le rapport. "La majorité des gares routières mettent à disposition des dispositifs d'information pour les voyageurs", reconnaît-il. Mais ceux-ci sont "statiques", souvent des feuilles de papier sur lesquels sont inscrits les horaires. Résultat : l'information "est parfois inadaptée ou insuffisante". Les plans de transport des compagnies de car sont en effet régulièrement modifiés dans l'année et les retards ne peuvent être communiqués en l'absence d'affichage dynamique et de système connecté aux opérateurs. De plus, les services librement organisés (SLO) tels que BlaBlaCar ou Flixbus ne disposent pas souvent, en gare, de quais qui leur soient spécifiquement attribués. Dans ce cas, l’information dynamique est plus appropriée pour indiquer aux voyageurs leur quai de départ. "Les travaux montrent que l’information en temps réel en gare est indispensable pour informer les usagers sur le point de départ de leur autocar, les horaires et les éventuels retards", soulignent les auteurs du rapport.
Ils recommandent donc de généraliser "l'information dynamique en temps réel (...) dans les grandes gares routières" et pour cela d’améliorer le partage des données. Il faut aussi selon eux garantir une information statique multimodale, c’est-à-dire accessible pour tous les services réguliers de transport, y compris les services librement organisés, de manière non discriminatoire et centralisée pour les informations le nécessitant (notamment pour le repérage des lieux en gare). Autre recommandation pour améliorer l’information des voyageurs : intégrer tous les services réguliers de transport dans les outils de mobilité par association de services (MAS), et signaler clairement leur existence en gare, comme le font d’ores et déjà quelques MAS, par exemple le dispositif lancé en 2024 par la métropole de Rouen Normandie.
Billetterie : des guichets toujours indispensables
L'autre piste de progrès concerne la billetterie. "Environ 10% des titres de transport des services librement organisés sont distribués physiquement notamment en gare, à bord des véhicules ou dans des commerces de proximité, notent les auteurs du rapport. Pour certains usagers, pouvoir acheter son titre de transport en gare routière demeure indispensable, que ceux-ci n’aient pas de carte bancaire, qu’ils préfèrent par sécurité acheter leur billet sur place, ou qu’ils soient peu familiers avec internet." Ils citent une étude de BlaBlaCar réalisée en 2024 selon laquelle les voyageurs choisissent les points de vente physiques pour trois raisons principales : le contact humain (35%), la facilité de paiement (34%), et la nécessité d’acheter sur place (12%). Aujourd’hui, les guichets des gares ne permettent pas toujours l’achat de billets pour les services librement organisés, se limitant souvent aux services conventionnés c'est-à-dire subventionnés par les collectivités. "Il serait donc judicieux de mutualiser les dispositifs de vente en permettant l’accès aux guichets des exploitants de gare routière, moyennant une commission", souligne le rapport. Pour les petites gares, il recommande un usage mutualisé des guichets existants, ou en l’absence de guichet, l’usage d’automates multimodes, notamment dans les gares de plus de 300.000 voyageurs par an. Pour les grandes gares, dans les agglomérations de plus de 500.000 habitants ou "recevant plus de 450.000 passagers", des guichets dédiés aux transporteurs et des automates multimodes devraient être installés, estime-t-il.
› Cars longue distance : la gare routière de Paris-Bercy maintenue jusqu'en 2030La gare routière de Paris-Bercy, centre névralgique, mais vétuste, des cars longue distance dans la capitale, restera ouverte jusqu'en 2030, a acté ce 6 mars le préfet d'Île-de-France lors d'une réunion avec les exploitants d'autocars et la mairie de Paris. Cette dernière avait annoncé en 2023 vouloir fermer cette gare à l'issue des Jeux olympiques, dans une volonté de limiter le trafic des autocars intramuros, un calendrier qu'elle a depuis abandonné. L'ex-ministre des Transports François Durovray avait commandé une mission fin 2024 au préfet d'Île-de-France, Marc Guillaume, au sujet de l'avenir de cette gare routière, la plus fréquentée de France (lire notre article). Il a donc conclu à un maintien en service de la gare jusqu'en 2030. Il devrait toutefois y avoir "une diminution rapide et très importante de l'utilisation de la gare de Paris-Bercy par les bus de transports et une réouverture" d'une gare dans l'ouest de Paris, porte Maillot, a indiqué à l'AFP la préfecture d'Île-de-France. Pour la mairie de Paris, cela permettra "de diminuer de moitié le nombre de cars longue distance dans la gare de Bercy d'ici la fin de l'année 2025", s'est-elle réjouie dans une déclaration à l'AFP. De quoi "apaiser le parc de Bercy et ce quartier du XIIe arrondissement qui souffrait de cette trop forte fréquentation", a-t-elle estimé. "Cette solution nous convient", a réagi auprès de l'AFP Flixbus, un des plus gros exploitants de cars longue distance. "Nous travaillerons avec toutes les parties prenantes pour que cela se passe au mieux", a-t-il indiqué. Sur le plus long terme, une partie importante des cars longue distance devraient être redirigés vers une nouvelle gare routière à Saint-Denis-Pleyel, au nord de Paris, qui bénéficie d'une correspondance avec les lignes 13 et 14 du métro. En service depuis 2017, la gare de Paris-Bercy accueille autour de 5 millions de passagers chaque année, qui empruntent des cars bon marché depuis ou vers Lille, Florence ou Varsovie, entre autres. Située dans le XIIe arrondissement, au bord de la Seine, elle a été mise en service en 1996 comme un parking de cars de tourisme pour soulager le centre parisien. La mairie de Paris souhaite qu'elle revienne à cette vocation. La gare de Paris-Bercy, entièrement souterraine, est souvent critiquée pour son mauvais état. En 2023, l'Autorité de régulation des transports (ART) jugeait qu'elle offrait aux voyageurs des services "insuffisants". Les professionnels du secteur ont longtemps plaidé pour accueillir les passagers dans une gare plus moderne, comme cela se fait à Berlin ou Londres. AFP |