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Transports - Fret ferroviaire : une embellie à tempérer, selon les professionnels du rail

Le 2 février, les commissionnaires de transport, les transporteurs et les représentants des chargeurs, du transport combiné et des opérateurs ferroviaires de proximité ont tempéré l'embellie du fret ferroviaire et dénoncé d'une seule voix les obstacles à son développement en France.

Le principal obstacle au développement du fret ferroviaire en France serait le coût des sillons et d'accès aux infrastructures, ont déploré d'une seule voix le 2 février, lors d'un point presse, plusieurs organisations représentant les acteurs de cette activité. N'y a-t-il pourtant pas une embellie dans le secteur ? "Il y a certes une légère reprise du fret ferroviaire mais encore faut-il que cela dure ! Or l'avenir du fret ferroviaire reste lourdement hypothéqué par les menaces qui continuent de peser sur le réseau capillaire, ainsi que par la tarification inappropriée des sillons. Et par des lacunes dans les fondements, qu'illustre bien le retard pris dans le contrat toujours pas signé entre l'Etat et le gestionnaire d'infrastructure SNCF Réseau (ex-RFF)", répond Pascal Sainson, président d'Europorte et administrateur de l'Association française du rail (Afra), qui représente le quart de la profession.

Des problèmes structurels

Cette profession dénonce non seulement le prix du sillon, près de deux fois plus élevé en France qu'en Allemagne. "Et ce pour une qualité nettement inférieure." Concernant justement la qualité de ces sillons, "elle est en constante dégradation", malgré les efforts de régénération du réseau. Autrement dit, dans le jargon du rail, sont attribués aux opérateurs bien plus de sillons "précaires" qu'avant, et moins de sillons "fermes" et donc stables. En découle une instabilité, trop peu de visibilité ; bref tout est là pour décourager le client final... "La vitesse de circulation reste également un problème. Un train chargé roule bien moins vite qu'un camion. Il n'est jamais prioritaire sur le transport de passagers et sans cesse ralenti par des grèves ou travaux. Sur cet aspect très technique de la vitesse, nos voisins européens font beaucoup mieux", glisse un spécialiste.

Des demandes pressantes

"Pourtant la demande est là, pressante ou renaissante. Il y a de fortes attentes et les acteurs économiques sont nombreux à vouloir inverser la tendance. Mais en face persiste un déficit, une crise de l'offre", observe Jacques Chauvineau. Président de l'association Objectif OFP, il défend sa chapelle. C'est à dire le modèle des opérateurs ferroviaires de proximité, qui ont su réactiver et rentabiliser des trafics en prise avec leurs territoires : "A ce réveil du fret, les collectivités prennent donc part. Les nouvelles régions fortes de nouvelles compétences commencent à s'organiser, à se positionner, à s'y intéresser. Les choses évoluent positivement dans les centres de gravité portuaires, au port de la Rochelle notamment, qui est un bon exemple de réussite". Propriétaires de leurs voies ferrées et actionnaires d'opérateurs qui séduisent des chargeurs et industriels, les ports se retrouvent en effet en première ligne dans ce délicat exercice visant à reconquérir une forme de compétitivité du rail face à la route. "Mais tout n'est pas idéal. Un OFP comme celui nouvellement créé pour desservir l'hinterland du port de Bayonne mais aussi le territoire aquitain - l'OFP Sud-Ouest- c'est bien. Sauf que pour l'instant des blocages persistent au sein du port de Bayonne", tempère un expert.

A Niort, élus, transporteurs et chargeurs sont raccord

Les signes d'optimisme existent. Avec des collectivités locales dans la boucle. C'est le cas près de Niort. Depuis quelques jours du transport combiné y démarre sur un site de vingt hectares, comprenant deux fois 700 mètres de voies. C'est en fait une ancienne friche de zone d'activité, qui servait auparavant à... réparer des wagons ! Et qui, après six millions d'euros de travaux et six ans de préparation et d'acquisition foncière, revit en accueillant des convois chargés de fret, de conteneurs maritimes et autres caisses mobiles… Cette plateforme de Niort-Saint-Florent, élus, transporteurs et chargeurs y ont donc cru et elle démarre enfin. Une première ligne de transport combiné y assure deux rotations par semaine sur l'axe Niort-Marseille (Perpignan-Fos, Miramas-Nancy-Marseille). Une initiative portée par un syndicat mixte créé par la CCI Deux-Sèvres et deux collectivités. L'aménagement du site a été assuré par les collectivités, alors que l'offre commerciale est portée par une vingtaine d'actionnaires, chargeurs, carrossiers industriels et groupements de transport.