Fréquentation touristique : les grèves entraînent un "coup d'arrêt à la bonne dynamique du début d'année"
Alors que la grève perlée de la SNCF se poursuit et que le conflit à Air France attend toujours son dénouement, des inquiétudes commencent à se faire jour à propos de l'impact, actuel ou potentiel, de ces événements sur l'activité touristique et plus particulièrement sur la fréquentation hôtelière. Ces inquiétudes sont d'autant plus vives que la France semblait bien partie pour connaître une nouvelle année touristique exceptionnelle, après les très bons résultats de 2017 (voir nos articles ci-dessous du 13 février et du 6 avril 2018).
De nombreuses annulations ou reports
Selon une "première analyse", le cabinet MKG Consulting, spécialisé sur le secteur de l'hôtellerie, observe ainsi un "coup d'arrêt à la bonne dynamique du début d'année". Depuis le début de 2018, une nette amélioration se faisait sentir sur les performances hôtelières, avec notamment un taux d'occupation en hausse de plus de deux points par rapport au premier trimestre 2017. Mais, "depuis le début du mois d'avril, les hôteliers français enregistrent de nombreuses annulations ou des reports liés aux différents épisodes de grève".
Une étude jour par jour entre le 1er et le 17 avril montre ainsi très clairement que les plus fortes baisses de taux d'occupation correspondent aux jours de grève de la SNCF, "ce qui montre que les clients se sont adaptés à la grève perlée en annulant ou en décalant leurs déplacements". Il apparaît, certes, un phénomène de rattrapage au lendemain des périodes de deux jours de grève, mais celui-ci ne suffit pas à regagner la fréquentation perdue.
L'étude de MKG Consulting montre aussi que la baisse de fréquentation consécutive aux grèves est beaucoup plus forte en province qu'en Ile-de-France. Lors du premier jour de grève au début du mois d'avril, la fréquentation des hôtels en province a ainsi chuté de 40%, contre 10% en Ile-de-France.
Toutes les grandes villes touchées, Paris et l'Ile-de-France épargnées
Afin d'éviter que l'impact des vacances scolaires décalées selon les zones influe toutefois sur les résultats, MKG Consulting a procédé à un redressement. Si on considère alors l'Ile-de-France et les sept premières villes françaises (Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes et Bordeaux), il apparaît que toutes les grandes villes de province enregistrent un recul de fréquentation les jours de grèves, allant d'environ -2% à Nantes à -9% à Lille. La perturbation due au conflit social à la SNCF se fait sentir y compris hors des journées de grève : la baisse de fréquentation se maintient en effet, de façon moins importante, dans les périodes hors grève, avec un recul allant de -2% à Nantes à -6% à Lille. Seule Marseille fait exception, avec une fréquentation en hausse de 3% dans les périodes hors grève.
La situation de Paris et de l'Ile-de-France est très différente. La capitale enregistre ainsi une hausse de la fréquentation hôtelière de 2% durant les journées de grève et de 4,5% hors grèves. En Ile-de-France, la hausse de la fréquentation est plus importante encore, avec respectivement +4% et +6%.
Conclusion de MKG Consulting : "Le mois d'avril devrait se terminer avec une fréquentation en net recul en province ; en revanche, l'hôtellerie francilienne devrait tout de même afficher une fréquentation en progression par rapport à l'an dernier, mais en recul par rapport à l'excellent début d'année 2018." Précision importante : l'étude prend en compte seulement les six premières journées de grève, sur un total qui pourrait aller jusqu'à 36 journées si le conflit se prolonge, comme envisagé par les syndicats, jusqu'à la fin du mois de juin...