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Coopération décentralisée - France initiative s'exporte dans les pays en développement

France initiative souhaite exporter son modèle de soutien à la création d'entreprise aux pays en développement ou émergents. Le réseau, qui comprend déjà 240 plateformes à travers la France, estime que son système de prêts d'honneur est particulièrement adapté à ces pays pour leurs besoins en micro-finance. "Le micro-crédit traditionnel, d'origine anglo-saxonne, cherche plutôt à apporter un soutien à des personnes en grande précarité pour développer des activités de survie économique. De notre côté, l'objectif est de développer des activités durables à partir de structures pérennes pouvant entrer dans le jeu normal de l'économie marchande", a expliqué Bernard Brunhes, le président de France initiative, lors d'un séminaire sur le soutien au développement par la création d'entreprise, mardi 8 janvier. Le "prêt d'honneur" est un prêt à la personne à taux zéro et sans garantie personnelle, suscitant ensuite un effet de levier vis-à-vis des établissements bancaires.
Sachant que la moitié de ses ressources proviennent des collectivités, le réseau France initiative entend ainsi appuyer des projets de coopération internationale. Un "marché" en plein essor : une collectivité sur dix est aujourd'hui impliquée dans au moins un programme de coopération, soit environ 6.000 projets dans 120 pays ! Longtemps cantonnée à l'action sociale et solidaire (constructions d'écoles, accès à l'eau, etc.) ou à l'appui institutionnel, la coopération décentralisée prend un virage de plus en plus marqué vers l'économie. Les collectivités françaises, souvent jalouses des prérogatives de leurs voisines européennes, disposent dans ce domaine de possibilités nouvelles. Il y a un an, elles se sont vu reconnaître par la loi Thiollière du 25 janvier 2007 une compétence d'attribution en matière de coopération décentralisée. En d'autres termes, elles peuvent conclure des conventions directement avec des autorités locales étrangères et même des Etats pour mener des actions de coopération ou d'aide au développement. En cas d'urgence, elles peuvent même financer des actions à caractère humanitaire. Selon Antoine Joly, délégué pour l'Action extérieure des collectivités locales (DAECL), "les collectivités françaises disposent du cadre juridique le plus libéral au monde". La Basse-Normandie a ainsi passé un accord avec la Macédoine, alors que les Pays-de-la-Loire se sont rapprochés du Burundi.
En ayant permis la création de 26.400 emplois en France l'an dernier, la formule de France initiative a de quoi faire des émules. L'emploi est d'ailleurs l'un des enjeux majeurs des pays en développement qui doivent faire face à un afflux continue de jeunes dans les grandes villes, alors que 50% de la population africaine a moins de vingt ans ! En 2007, le Maroc est le premier pays à s'être doté d'une plateforme, avec l'appui de France initiative. Dénommée Souss massa drâa initiative, elle a pris ses quartiers à Agadir. D'autres projets sont à l'étude au Maroc, au Burkina Faso, au Liban, en Roumanie...

Michel Tendil