Sport / Formation - Formations aux métiers du sport : les étudiants défient Najat Vallaud-Belkacem
Les étudiants en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) ont proposé, mercredi 9 avril, un premier match à la nouvelle ministre en charge des sports, Najat Vallaud-Belkacem. En manifestant dans quinze villes en France, ils entendaient dénoncer la situation actuelle de leur formation et exprimer leur "ras-le-bol". En cause, selon Laurent Beauvais, président de l'Anestaps (Association nationale étudiants en Staps), auteur d'une lettre adressée à Najat Vallaud-Belkacem, Manuel Valls et Benoît Hamon, ministre en charge de l'enseignement supérieur, "les nombreux choix corporatistes assumés par le ministère des Sports […] ces derniers mois".
Premier choix contesté par les étudiants : la disparition du Centre d'analyse des formations, des emplois, des métiers de l'animation et du sport (Cafemas). Ce groupement d'intérêt public créé en 2011 a en effet été victime l'année dernière du comité interministériel pour la modernisation de l'action publique (Cimap), sans "aucune concertation [et] en opposition à l'avis de l’ensemble des partenaires oeuvrant dans le champ de la formation aux métiers de l’animation et du sport" (lire notre article du 22 avril 2013 ci-contre). Le Cafemas, qui avait pour mission de recueillir et synthétiser l’ensemble des données disponibles concernant l’adéquation emploi-formations dans les domaines du sport et de l’animation, allait, selon Laurent Beauvais, mettre à jour des chiffres sur la grande diversité d'insertion des diplômés en Staps, notamment auprès d'institutions liées à la santé. De larges débouchés qui permettent aux diplômés d'échapper à l'obligation faite d'en passer par un BPJEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport) pour travailler dans certaines filières, et donc au contrôle du ministère des Sports. Une obligation injustifiée, selon Laurent Beauvais. Pour lui, non seulement le BPJEPS est plus cher et fait l'objet de moins d'aides sociales pour les étudiants, mais surtout, il compte en moyenne deux fois moins d'heures de formation que les diplômes Staps (700 contre 1.500).
Plus largement, l'Anestaps réclame une réflexion sur la lisibilité des diplômes du sport, dont la complexité a récemment été épinglée par une mission d'inspection du ministère des Sports (lire notre article du 7 janvier 2014 ci-contre). "A titre d’exemple, écrit Laurent Beauvais, dans le domaine du sport et de la santé, de nouveaux certificats de spécialisation viennent d’être créés pour les diplômés de Jeunesse et Sport, sans qu’aucune réflexion soit menée avec les professionnels de la santé, ni aucune articulation pensée avec les formations existantes (licence Staps)." Dans cette optique de réflexion et de concertation, l'Anestaps s'inquiète enfin de la mise en place des conférences régionales du sport, prévue durant le cours de l'année 2014. Ici, le dialogue qui devrait s'instaurer entre le mouvement sportif et les conseils régionaux au sein des futures instances pourrait, selon Laurent Beauvais, "exclure le monde de l'éducation et celui de la santé".
Forte d'une mobilisation qui a rassemblé près de 4.000 étudiants en Staps ce mercredi 9 avril, quelques heures avant la nomination d'un secrétaire d'Etat aux Sports, l'Anestaps attend que la nouvelle ministre des Sports relève le gant.