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Social / Santé - Fin de vie : la part des décès en maisons de retraite a progressé de 50% en trente ans

L'Observatoire national de la fin de vie publie un rapport intéressant et riche sur un sujet délicat. Intitulé "Vivre la fin de sa vie chez soi", ce document - entrecoupé de nombreux témoignages - entend répondre à une question : "Pourquoi la France est-elle l'un des pays d'Europe où l'on meurt le moins souvent chez soi ?" Une question qui se pose avec d'autant plus d'acuité que le vieillissement de la population et la médicalisation croissante vont sans doute renforcer cette tendance. Le rapport rapproche notamment deux chiffres antagonistes, qualifiés de "constat accablant" : 85% des Français déclarent souhaiter "passer leurs derniers instants" à domicile, mais 25% seulement des décès surviennent à domicile. Cette dernière proportion diminue d'ailleurs régulièrement (28,6% en 1990). Si la part des décès à l'hôpital est resté stable depuis 1990 (27,5%), celle des décès en maison de retraite a fortement augmenté - même si elle reste encore très minoritaire -, passant de 8% en 1990 à 11,6% en 2010. Curieusement, des traditions socioculturelles sous-jacentes semblent perdurer, si l'on en juge par les écarts entre régions, difficilement explicables autrement : pourquoi 20% des Auvergnats meurent-ils à domicile, contre 31% des habitants de la région Paca ?
La seconde partie de l'étude est consacrée à l'entourage, "au coeur de l'accompagnement à domicile". Sur ce point, le constat est davantage connu, - par exemple sur le risque d'épuisement des aidants -, mais l'Observatoire apporte néanmoins des éclairages intéressants, en particulier sur l'impact du mal-logement ou sur la question des ressources, au-delà du seul aspect pécuniaire. La troisième partie aborde la question des soins à domicile et des obstacles à lever pour développer ce mode de prise en charge. Enfin, le rapport s'achève sur une dernière partie reposant sur une approche originale, puisqu'elle consiste à "adapter l'hôpital aux enjeux du domicile", à travers des solutions comme l'amélioration de la communication pour éviter les ruptures de prise en charge, le développement du recours aux "prescriptions anticipées" (au cas où...) ou la préparation et l'accompagnement des sorties d'hospitalisation.
Le rapport se conclut sur la mise en avant de quatre grands axes d'action, regroupant une série de préconisations très concrètes égrenées tout au long du document : mettre en place une véritable politique d'aide aux aidants ; faire évoluer le bénévolat et développer de nouvelles formes de solidarité de proximité ; mettre en place une politique nationale de développement des soins palliatifs à domicile ; considérer l'hôpital comme une ressource. Parmi les nombreuses mesures proposées par le rapport, on retiendra notamment celle consistant à créer, sur le modèle anglais, des services d'hospitalisation de jour en soins palliatifs qui pourraient notamment accueillir les résidents des maisons de retraite et les personnes adultes handicapées en fin de vie. L'Observatoire propose de mettre en place dix à vingt expérimentations de ce type sur une période de trois ans.