Feux de forêt : le printemps pluvieux ne doit pas conduire à sous-estimer le risque incendie

Le gouvernement a lancé, mercredi, la septième édition de la campagne de prévention des feux de forêt, au moment où le premier gros incendie de la saison s'est déclaré dans le Var. Neuf feux de forêt sur dix sont "d'origine humaine" et accidentels, rappelle-t-il. Le printemps pluvieux ne doit pas conduire à sous-estimer les risques, avertit pour sa part Météo-France.

Alors que le premier gros incendie de l'année a ravagé 600 hectares du massif des Maures (Var) depuis mardi, le gouvernement et Météo-France ont lancé, mercredi 12 juin, la "campagne de prévention contre les feux de forêt et de végétation" pour 2024. Cette campagne, qui en est à sa septième édition, a en réalité déjà commencé pendant les ponts du mois de mai (sur les radios d'autoroute puis par voie de presse ou sur les réseaux sociaux) mais va s'intensifier dans les jours prochains notamment avec des clips télévisés pour se poursuivre jusqu'au mois de septembre. Elle a été "repensée" après les incendies de l'été 2022 au cours duquel 70.000 hectares étaient partis en fumée (contre environ 15.000 en moyenne ces dernières années). 

"Bons réflexes"

Les actions entreprises l'an dernier ont eu des résultats, veut croire le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, qui indique que la surface brûlée l'an dernier a été inférieure à la moyenne, même si le nombre de feux a été 1,5 fois supérieur. "Neuf départs sur dix ont une origine humaine et sont liés à des imprudences par méconnaissance. Ce n'est donc pas une fatalité", affirme-t-il. L'objectif de cette campagne est donc de généraliser les "bons réflexes" (ne pas fumer ou faire des barbecues en forêt ou en pleine nature, prévoir un extincteur pour le bricolage en plein air, éviter les tas de bois contre les habitations…). Avec l'afflux de visiteurs pour les Jeux olympiques, "il est fondamental de sensibiliser les Français et les touristes" à ces risques, souligne encore le ministère.

"Le changement climatique entraîne une augmentation du danger", les risques vont s'accentuer dans les prochaines années mais aussi "s'étendre géographiquement vers l'ouest et le nord", prévient-il. Et si, l'année dernière, la sécheresse était le gros sujet d'inquiétude, la forte pluviosité du printemps n'est pas forcément gage de moindre risque, met en garde Météo-France. Elle a entraîné "une végétation plus importante que d'habitude (…) ce qui peut poser problème si la sécheresse s'installe cet été". 

Météo des forêts

Pour la deuxième année, Météo-France déploie sa "météo des forêts" qui pointe le niveau de risque (de faible à très élevé) selon le département. Ces cartes tiennent compte des observations et des prévisions en ce qui concerne la température, le taux d'humidité, la pluviométrie et le vent. Elles sont réactualisées chaque jour à 17h de juin à septembre et donnent une estimation du risque à deux jours. "Le retour d'expérience de l'an dernier a montré un certain succès", la page "Météo des forêts" a reçu 1,5 million de visites en trois mois, se félicite l'institution, indiquant avoir modifié cette année un algorithme pour avoir une définition plus fine du territoire et tenir compte des situations "très hétérogènes" de certains départements, notamment ceux du pourtour méditerranéen au relief très marqué.

Comme chaque été, "une cinquantaine de colonnes de renforts est prévue", indique pour sa part la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (ministère de l'Intérieur), soulignant l'importance du "prépositionnement" des soldats du feu pour intervenir le plus tôt possible : "Neuf feux sur dix parcourent moins d'un hectare, seuls 3% des incendies brûlent plus de 10 hectares de végétation."

Au-delà de la campagne, la prévention des feux de forêt est un travail mené "tout au long de l'année", dans un "continuum qui va de la sensibilisation des citoyens jusqu'à la réhabilitation des espèces" dans les zones incendiées, rappelle aussi la Sécurité civile. Ce qui passe par le contrôle par les maires de l'obligation légale de débroussaillement (OLD) imposée dans toutes les communes des régions Corse, Paca, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine (sauf Corrèze, Creuse et Haute-Vienne), et dans les départements de la Drôme et de l’Ardèche. Les plans de prévention des risques d’incendies de forêts (PPRIF) permettent par ailleurs d'interdire les constructions dans les zones exposées. Ils sont l'occasion d'informer les futurs locataires et propriétaires des risques encourus. En application de la loi du 10 juillet 2023 visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie, de nouvelles dispositions visant à faciliter la connaissance des OLD entreront en vigueur au 1er janvier 2025 (voir notre article du 2 mai).

Dépérissement de la forêt

Quand l'incendie a eu lieu, il est important de créer des "vides sanitaires" pendant une période de deux ans, avant d'envisager toute replantation, de manière à éviter la réapparition de pathogènes (comme les scolytes) qui fragilisent les arbres, préconise pour sa part le ministère de l'Agriculture. Ce dernier alerte également d'une "progression extrêmement importante de la forêt dépérissante", dans le contexte du changement climatique, "ce qui augmente le risque incendie". "À l'échelle nationale, la surface forestière dépérissante observée sur la période de 2018 à 2022 est d'au moins 670.000 hectares" en moyenne chaque année, peut-on lire dans une note de l'IGN et de département de la santé des forêts (DSF) du ministère de l'Agriculture, consacrée à ce sujet. Dans l'intervalle, la superficie dépérissante est passée d’environ 300.000 ha à 1 million d’hectares par an.