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Fermeture des centrales à charbon en 2022 : le gouvernement compte garder le cap

Le gouvernement a confirmé ce 3 avril sa volonté de fermer les dernières centrales à charbon en France d'ici 2022, après avoir pris connaissance d'un rapport commandé à RTE sur la sécurité d'approvisionnement.

"On confirme l'échéance de 2022 par rapport aux éléments sur la sécurité d'approvisionnement que RTE nous a fournis", a déclaré ce 3 avril François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, lors d'une conférence de presse. À la demande du gouvernement, le gestionnaire du réseau d'électricité devait mener une évaluation dans le cas où plusieurs projets seraient retardés, notamment la mise en service de l'EPR de Flamanville (Manche) ou de la centrale à gaz de Landivisiau (Finistère). Résultat : son rapport montre "qu'il y a un certain nombre de précautions à prendre", mais qu'il existe une "voie" pour sortir du charbon dans la production d'électricité en France, a estimé François de Rugy. "Notre détermination et notre volontarisme sont extrêmement forts sur cette question", a-t-il ajouté.

Quatre centrales à reconvertir

La France compte encore quatre centrales à charbon. EDF en exploite deux : celle de Cordemais en Loire-Atlantique (qui compte deux tranches) et celle du Havre en Seine-Maritime. Les deux autres appartiennent au groupe d'énergie allemand Uniper : Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône et Saint-Avold en Moselle. Le charbon a produit l'an dernier 5,8 TWh, l'équivalent de seulement 1,1% de la production électrique française (qui est largement dominée par le nucléaire). C'est grâce à ce moindre recours au charbon, très polluant, mais aussi au fioul et au gaz, que les émissions de CO2 du système électrique ont chuté de 28% l'an dernier.
Même si le charbon joue un rôle marginal dans la production d'électricité française, EDF comme Uniper défendent l'utilité de ces moyens facilement mobilisables, notamment pendant les pics de consommation hivernaux. Les inquiétudes sont aussi sociales : le gouvernement décompte un peu plus de 670 emplois directs et 740 indirects sur les quatre sites. La CGT avance, elle, jusqu'à 5.000 emplois concernés au total - un chiffre qui compte salariés directs, prestataires permanents et employés à la logistique du charbon dans les ports. Le gouvernement a promis un "projet de territoire" pour accompagner les quatre sites qui devraient être fermés.
Pour maintenir la sécurité d'approvisionnement dans des circonstances plus difficiles, RTE préconise dans son rapport d'actionner certains leviers, en particulier de mener des actions pour maîtriser la consommation d'électricité et d'"optimiser" le calendrier de visites décennales du parc nucléaire. L'objectif est d'éviter que les réacteurs d'EDF soient à l'arrêt pendant l'hiver lorsque les besoins sont plus importants. En complément, RTE suggère de "maintenir la disponibilité de deux tranches" à Cordemais, où l'approvisionnement est particulièrement tendu, la région disposant de peu de moyens de production. Ces deux tranches fonctionnant au charbon ou converties à la biomasse seraient utilisées dans un cadre précis, "quelques dizaines d'heures par an".