Saint-Sauvant et une association d’insertion dynamisent le territoire (86)

Depuis plus de 10 ans, un partenariat étroit, établi entre la commune de Saint-Sauvant dans la Vienne et une association d’insertion locale, dynamise tout le territoire. À l’époque, la commune est propriétaire d’un ensemble immobilier vétuste, composé d’un ancien restaurant, de deux logements inhabités et de bâtiments. L’équipe municipale ne peut pas envisager sa destruction, en raison de contraintes liées à la continuité du bâti traditionnel le long de la rue. Elle se penche alors en 2010-2011 sur un projet de réhabilitation, pour faire de ce site un centre d’accueil et d’hébergement à vocation sociale.

Dans le même temps, quelques habitants créent l’association Solidarité environnement insertion (SEI) afin de mener des actions sociales et d’insertion qui contribuent à la préservation et à la réhabilitation du patrimoine local. Une opportunité pour la mairie, qui propose à l’association de mutualiser les réflexions autour de cet habitat, puis d’en confier la réhabilitation et la gestion. « Se retrouver face à un tel projet, un an à peine après la création de l’association a été un vrai défi mais aussi une marque de confiance de la part de la mairie », raconte Amélie Crosse, directrice de l’association.

Ancien hôtel

L'Aigail a été une auberge, il y a très longtemps, puis un restaurant dans les années 80. L’ancien hôtel est tout d’abord réhabilité en un gîte de groupe. Les travaux sont menés par l’association, qui obtient pour cela l’agrément chantier d’insertion dans le domaine du bâtiment. Huit salariés en insertion, un encadrant technique spécialisé dans le gros œuvre, une directrice et une accompagnatrice à temps partiel, ainsi qu’un jeune en service civique sont chargés de l’ensemble du chantier, à l’exception des lots techniques de la plomberie et de l’électricité. Un architecte supervise le tout. La municipalité prend en charge les travaux (env. 700 000 euros), en grande partie soutenue par des partenaires publics. En juillet 2016, après un temps de réflexion prolongé en raison de changements d’équipes municipales, le gîte de l’Aigail est inauguré. Il offre une capacité de 45 places et sa gestion est confiée à l’association par l’intermédiaire d’un bail emphytéotique de 18 ans. L’association règle toutes les charges de fonctionnement du gîte et conserve les fruits de son activité.

Parcours d’insertion

Reste toutefois la question de l’ancien restaurant. Dotée d’un budget limité, la municipalité confie le chantier à l’association qui, cette fois-ci, prend en charge les investissements, recherche prêts et financeurs, en contrepartie d’un bail emphytéotique administratif de 99 ans. « Nous pensions à raison qu’une association pouvait mobiliser davantage de financements que la collectivité. Nous avons pu par exemple obtenir du mécénat de compétence de la part d’artisans locaux », poursuit l’animatrice. D’un coût de 538 000 €, le chantier bénéficie d’aides de la région, du département, de l’europe, de mécénat d’entreprise, d’un prêt à taux zéro octroyé par France active, de dons d’habitants et d’un prêt bancaire qui complète le financement. Le restaurant d’insertion Ô Poirion ! ouvre quelques mois avant le gîte. Il est également géré par l’association qui se dote pour cela d’un nouvel agrément chantier d’insertion dans les métiers de la restauration/hôtellerie. Dix personnes en parcours d’insertion professionnelle et de formation y travaillent en permanence, en cuisine et en salle, ainsi que pour assurer l’accueil des touristes du gîte. « Le démarrage n’était pas forcément simple, le temps de se faire connaître. Mais rapidement, nous étions complets », témoigne l’animatrice. L’association mise sur des produits locaux et de saison, ainsi que sur une souplesse de service, qui va du simple repas aux banquets. La municipalité fait par ailleurs régulièrement appel à son service de traiteur.

Dynamiser la vie communale

La confiance accordée par la mairie à l’association dès son démarrage a été un formidable levier de développement des activités de cette dernière. Aujourd’hui, elle salarie 35 personnes, dont neuf permanents et encadrants chargés d’animer le gîte, le restaurant, des prestations dans le bâtiment, l’entretien des espaces verts et une conciergerie, ainsi que l’accompagnement des personnes en insertion. Le gîte et le restaurant font vivre l’économie locale et ont amené de nouveaux habitants, puisque des salariés résident sur la commune. « Notre relation avec l’association est constante. Nous continuons à partager des idées et des projets et s’ils ont besoin, nous les aidons. La notoriété de l’association est très importante aujourd’hui sur le territoire. Les habitants, dont certains pouvaient être méfiants au départ, apprécient les services rendus par les personnes en insertion », se félicite le maire de la commune, Christophe Chappet. « L’association créée de l’emploi sur des niches économiques qui n’intéressent pas les artisans, à l’image de la toute nouvelle conciergerie rurale, qui propose de menus services aux habitants, comme le changement d’une bouteille de gaz ou le nettoyage d’une voiture par exemple. »