À Saint-Dyé-sur-Loire, le Musée d’Autrefois raconte l’histoire du village (41)

« Nos racines, c’est important ! On a tendance à oublier d’où l’on vient. Aujourd’hui, à Saint-Dyé, il n’y a plus de paysan. Pourtant, nous venons tous de la terre », explique Martine Boulet, fondatrice et animatrice du Musée d’Autrefois de Saint-Dyé-sur-Loire. 

Ce lieu étonnant, aménagé dans une ancienne grange présente des objets d’autrefois, vêtements de paysan ou costumes de fête, délicats bonnets de baptême ou d’enterrement finement brodés, moulins à café et ustensiles de cuisine, ou encore des outils qui racontent les métiers d’antan : ceux qui servaient à transformer le lait en fromage, à faire du pain ou à tailler des sabots de bois… 

La mémoire du village

« C’est dans les années 2000 que j’ai commencé à amasser des choses. Tous ces objets appartiennent à des habitants de Saint-Dyé, je n’en veux pas qui viennent d’ailleurs, c’est notre mémoire. Au départ, je suis allée voir les habitants un par un, presque en porte à porte, pour leur demander des objets. Les associations, la mairie, les pompiers, le facteur et l’école ont été les premiers à m’en apporter », raconte celle que tout le monde appelle ici Martine. 

De l’école d’autrefois, elle a soigneusement conservé les registres, les photos de classe, et quelques cahiers d’écoliers jaunis et écornés –que le visiteur peut même feuilleter, ce qui n’est généralement pas possible dans un musée. Les habitants du village ont été invités à identifier les enfants qu’ils reconnaissaient sur les photos, eux-mêmes ou d’anciens camarades de classe, et à noter leurs noms. Les registres, soigneusement rédigés à la plume, racontent la vie de ce morceau de campagne solognote. Des remarques des professeurs seraient inimaginables aujourd’hui : « Élève docile, ira en école de couture » !

Dans les registres de mai-juin 1940, les colonnes indiquant la profession des parents précisent souvent : « réfugié ». C’est l’Exode, cette époque de la Seconde Guerre mondiale où près de deux millions de Parisiens se sont enfuis vers le sud, à l’approche des Allemands en route vers la capitale. La région Centre fut alors l’une des plaques tournantes de ces flots de réfugiés. 

Un musée communal mais bénévole

Ce musée insolite est communal, porté par la mairie, mais c’est Martine Boulet qui fait tout ou presque. « Auparavant il était hébergé par la Maison de la Loire, une structure régionale, mais quand celle-ci a déménagé, nous avons décidé de le réinstaller dans un nouveau lieu, juste à côté de la nouvelle Maison de la Loire, dans une ancienne grange appartenant à la municipalité et que nous avons transformée, explique le maire de Saint-Dyé-sur-Loire, Didier Heitz. Des bénévoles et deux techniciens de la commune l’ont nettoyée, repeinte, et ont tout mis en place sous le regard vigilant de Martine. On a voulu faire par nous-même, cela n’a pas coûté grand-chose à la commune à part de petites fournitures… », précise le maire.

Petite cité de caractère du Centre-Val-de-Loire 

Saint-Dyé-sur-Loire est situé à 8 kilomètres de Blois. Ici les pôles d’emploi sont la centrale nucléaire de Saint-Laurent, et les zones d’activités de Mer et de Blois. Le village vit essentiellement du tourisme, la commune a d’ailleurs participé à la création de l’association Petites Cités de caractère du Centre-Val-de-Loire. L’été, les cyclistes sont nombreux à randonner le long de la Loire, et nombreux sont ceux qui font une halte à la Maison de la Loire et donc au musée d’Autrefois, d’autant que l’accès est libre et gratuit. Mais ce lieu n’attire pas que les vacanciers ; les habitants du village aiment se retrouver dans la cour fleurie derrière la nouvelle Maison de la Loire, où la collection se cache derrière de somptueuses haies d’hortensias.