À Plessé, la démocratie participative fait évoluer les opinions des habitants (44)

C’est un peu avant les élections municipales de 2014 qu’Aurélie Mézière, la future maire de Plessé réfléchit au sein d’un collectif de citoyens à une autre façon de faire de la politique au niveau local, en mettant les habitants au cœur des décisions. « Nous avons fait campagne sur ce thème et obtenu 33 % des voix, ce qui nous a encouragés à poursuivre notre réflexion », indique-t-elle. En préparation de la campagne électorale de 2020, le collectif s’étoffe et bâtit un programme en allant à la rencontre des citoyens et en organisant une grande réunion publique. « Nos échanges avec des habitants de toute condition ont permis de définir huit thématiques qui sont aujourd’hui portées par autant de comités consultatifs. Ces comités se sont substitués aux commissions municipales. » 

Des comités consultatifs composés d’élus et d’habitants

Les huit comités consultatifs sont ouverts aux habitants de la commune âgés d’au moins 14 ans, qui peuvent également intégrer les groupes de projet créés au sein de ces mêmes comités. Les groupes de projet couvrent des thèmes divers tels que l’Administration générale et la gestion des ressources, le Développement économique, l’Enfance-jeunesse ou la Santé et le bien-être. Les participants, appelés VIP pour volontaires investis à Plessé, doivent remplir le formulaire d’inscription et signer la charte VIP. Ce document les engage moralement sur une année à respecter certains principes, dont ceux de l’intérêt général, de l’écoute et de la bienveillance. Sur les sujets sensibles, la charte les engage également à ne divulguer aucune information, sauf accord écrit de la maire ou de l’adjoint concerné.

Dernier mot pour le Conseil municipal

Composés d’élus et d’habitants VIP, ces comités consultatifs sont pilotés par deux à trois élus. La voix de chacun des participants a le même poids, bien qu’à la fin, ce soit toujours le conseil municipal qui tranche. Les membres des comités travaillent sur les projets issus du programme présenté lors de la campagne électorale et sur ceux qu’ils proposent au cours du mandat. Ces projets doivent s’inscrire dans le cadre de la politique globale établie par la municipalité et répondre aux 16 critères de conformité, du moins ceux qui leur sont applicables, qu’elle a définis. Parmi ces critères, figurent la sobriété en eau, le cycle de vie des matériaux, ou encore la parité. 

Les points de vigilance de la démocratie participative

Pour assurer le bon fonctionnement de son dispositif de démocratie participative, la maire, Aurélie Mézière, recommande d’être très « pratico-pratique », de se remettre en question quand une méthode ne marche pas, et en essayer une autre. « Il faut aussi faire connaître le dispositif à tous les habitants, y compris à ceux qui ne s’intéressent pas spontanément à la vie locale, sans négliger les piqûres de rappel, également utiles à l’information des nouveaux arrivants assez nombreux à s’installer à Plessé. » Par ailleurs, à l’instar d’autres communes où la participation citoyenne est en place, la ville connaît le syndrome du « Toujours les mêmes ». Toujours les mêmes habitants qui participent aux comités et aux groupes de projet et qui sont déjà investis dans les associations, parfois militants et intéressés par la chose publique. « Nous nous efforçons d’aller chercher des personnes différentes notamment par le tirage au sort d’habitants que j’invite par un courrier personnalisé à assister à une séance du conseil municipal. » Sur une trentaine d’invitations qu’elle expédie, la maire voit en moyenne cinq habitants répondre par leur présence. « Ils se rendent ainsi mieux compte du travail accompli par les élus et de la technicité nécessaire au traitement des dossiers. Après leur participation à un conseil municipal à la fin duquel je leur donne la parole quelques habitants se sont engagés dans des comités consultatifs », explique Aurélie Mézière. 

Les effets de la participation au processus de décision

Les volontaires investis à Plessé contribuent donc aux décisions prises par la municipalité et leur participation au processus de décision les amène souvent, en prenant connaissance de tous les éléments d’un dossier, à faire évoluer leur opinion. Pour ce qui concerne les rythmes scolaires par exemple, de nombreux habitants se sont mobilisés dans le groupe de travail dédié. Au départ, leur souhait était de revenir à la semaine de quatre jours mais les échanges qu’ils ont pu avoir avec des experts et des médecins les ont convaincus d’opter pour la semaine de quatre jours et demi, plus favorable au bien-être des enfants. 

Le dispositif de participation démocratique en place à Plessé est encore en phase d’expérimentation, son évaluation vient juste de commencer, rappelle la maire. « À mes yeux le premier bilan est positif, nous avons 250 Plesséens qui se sont investis dans ce processus depuis son lancement et une cinquantaine d’entre eux sont toujours en activité. »