Plessé développe sa politique agricole communale (44)
Installation-transmission de fermes, foncier, alimentation, biodiversité... avec sa politique agricole communale, la commune de Plessé s'attaque à tous les pans du sujet. Objectif : maintenir un tissu agricole actif, avec autant d'installations d'agriculteurs que de départs à la retraite.
À Plessé, commune d'un peu plus de 5 000 habitants aux confins de la Loire-Atlantique (44) et de l’Ille-et-Vilaine, le premier adjoint s'occupe d'agriculture, d'alimentation, d'environnement et de biodiversité. Ce qui montre bien l'importance accordée au sujet agricole. De la petite « révolution » agricole à l’œuvre depuis 2020-21, on peut retenir une image emblématique. Celle de la fête du patrimoine agricole, organisée chaque mois de septembre lors des journées nationales du patrimoine. « L'idée, c'est de faire découvrir l'activité d'une ferme, de communiquer positivement sur l'agriculture, souligne Rémi Beslé, premier adjoint. De mettre en avant des dynamiques d’installation qui vont en susciter d'autres et ainsi maintenir notre tissu agricole vivant. »
Dès leur élection en 2020, les élus de Plessé se penchent sur le sujet agricole : « Comme partout ailleurs, des fermes disparaissent, explique l'adjoint. Et moins d'agriculteurs, c'est le risque de perdre notre identité agricole : nous avons un paysage de bocage à sauvegarder, des familles à faire venir pour maintenir une entraide agricole historique mais aussi une ambiance agricole. » Considérant que l'agriculture est un des pans économiques majeurs de la commune, l'équipe municipale décide de définir une politique agricole communale (PAC comme son acronyme européen !), visant à installer autant d'agriculteurs que le nombre de départs en retraite annoncés.
Une politique agricole conçue avec les habitants
Pour définir les contours de cette politique publique, un comité d'une vingtaine d'habitants volontaires est créé et la mairie se fait accompagner par la SCIC Cap 44, qui forme des porteurs de projets agricoles. « Nous sommes partis d'une feuille blanche et après un diagnostic local, nous avons défini notre politique agricole communale autour de six enjeux : l'installation-transmission des exploitations, le foncier comme bien commun à rendre accessible à tous, y compris les porteurs de projets non issus du milieu agricole, le développement d'une agriculture viable et durable, l'alimentation, le respect de la biodiversité et la communication positive sur l'agriculture. »
Des cafés-installation
Dès 2021, la commune organise des cafés-installations pour mettre en lien des agriculteurs cédants ou bientôt à la retraite et des porteurs de projets. « On va rencontrer les futurs cédants pour mieux les accompagner dans cette étape. De l'autre côté, on est sollicités par des personnes qui souhaitent s'installer chez nous du fait de notre label Territoire bio engagé et de l'entraide agricole qui prévaut ici depuis longtemps. On crée ainsi la rencontre, parfois avec une cohabitation temporaire du cédant et du repreneur, qui facilite l'insertion du nouvel arrivant dans la commune. »
Un suivi des locations et transactions foncières
Côté foncier, la commune utilise des outils déjà en place : « Chaque mairie est informée des avis du Comité départemental des orientations agricoles sur la mise en location des terres. Sur le volet cession de terrains, c'est l'outil Vigie foncier des Sociétés d'aménagement foncier et d’établissement rural qui nous renseigne. Nous prenons juste le temps de regarder ces informations et d'intervenir si les choix vont à l'encontre de nos objectifs. » Depuis 2020, la commune a ainsi préempté à trois reprises : pour éviter une transformation en terrain de loisirs en installant une productrice de fleurs, pour implanter deux porteurs de projets plutôt que de voir une ferme existante agrandie et enfin pour s'opposer à une vente purement spéculative.
Une régie directe pour la cantine scolaire
La commune souhaitait également augmenter la commande publique de produits agricoles locaux et a donc fait évoluer sa cantine municipale, avec le soutien des parents d'élèves. « Nous étions en marché avec une société de restauration, nous sommes passés depuis juillet 2023 en régie directe. » Les locaux étaient déjà bien équipés, la mairie a simplement recruté l'ancienne cuisinière de la société de restauration aidée d'une adjointe. Les enfants mangent désormais bio à 70 %, avec des produits agricoles achetés dans un périmètre maximum d'une centaine de kilomètres.
Attentifs à la biodiversité et aux paysages
« Grâce à cette politique, nous avons réussi à atteindre notre objectif et installer 26 exploitants, ce qui compense exactement les départs en retraite », se réjouit l'élu. Même s'il reste une inquiétude côté élevage : « Les nouveaux installés sont souvent des maraîchers et les jeunes du milieu agricole préfèrent opter pour ces métiers plutôt qu'être éleveurs. C'est un métier plus contraignant, pourtant essentiel au maintien de nos paysages. » Au plan paysages et biodiversité, la commune s'implique aussi avec le syndicat de bassin versant Chère-Don-Isac. Les haies ont été inscrites au PLU : « Chaque agriculteur qui veut en arracher doit déposer une demande en mairie. Avant d'accorder l'autorisation, nous vérifions qu'il plante deux fois le linéaire qui va disparaître : c'est très efficace ». Le diagnostic des mares est également en cours, à la fois au titre de la biodiversité mais aussi pour l'abreuvement des troupeaux.
S'impliquer sur l'agricole : l'enjeu d'une extension de la démarche
Malgré ces réussites incontestables, une collectivité qui s'empare du sujet agricole n'est pas toujours vue d'un bon œil par la profession : « On empêche certaines fermes de s'agrandir, on renouvelle aussi la façon de penser le métier, souligne l'élu, déjà visé par des tags malveillants. Nous sommes devenus une commune emblématique d'une manière de faire, cela fait réagir certains syndicats agricoles. » La solution viendra peut-être d'un essaimage de l'action communale vers Redon Agglomération, qui est engagée dans un Projet alimentaire territorial (PAT). Des cafés installation démarrent ainsi dans d'autres communes de l'EPCI. « Les collectivités ont longtemps laissé faire sur l'agricole, alors qu'elles construisaient des zones d'activités économiques. C'est un pan économique majeur de notre équilibre que nous devons accompagner. »
La politique agricole communale de Plessé en quelques chiffres
- 10 000 à 12 000 euros sont consacrés chaque année à animer cette politique agricole communale, pour l'instant intégralement autofinancée
- 26 nouveaux agriculteurs installés en trois ans, qui compensent les 26 départs en retraite
- 94 exploitations en activité sur 6 500 hectares de terres agricoles cultivables hors forêts
- 50 % des exploitations sont en production laitière
Commune de Plessé
Nombre d'habitants :
Rémi Beslé
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