Opération séduction à destination des internes en médecine (55)

« C’est surtout une opération séduction à destination des internes. Pour leur donner envie de s'installer, et déjà peut-être en effectuant des remplacements », explique Fatima El Haouti, vice-présidente de la communauté d'agglomération, en charge de la santé et la protection des populations. Cette action de promotion du territoire, peu coûteuse, répond à une difficulté que rencontrent de nombreux territoires. Cet été, deux généralistes ont pris leur retraite, sans être remplacés. Dans la ville centre, la moitié des douze médecins est âgée de plus de 60 ans. Les indicateurs sont moins sombres sur le reste de l'agglomération, mais guère enthousiasmants. Il faut notamment ajouter à ce tableau le manque de spécialistes (ORL, etc.).

Médecine de ville et hôpital

Cette journée d'accueil est organisée deux fois par an, en novembre et en mai. Soit au début de chaque semestre d'internat. Une vingtaine d'étudiants en médecine (19 en novembre 2023, 18 en mai 2024) réalisent leur internat sur le territoire, à l'hôpital ou dans des cabinets médicaux en ville. La plupart viennent de la fac de Nancy, à une heure de train. 

L'agglomération a eu l'idée de contacter l'hôpital, qui organisait déjà ses propres journées d’accueil des internes, pour se joindre à l'initiative, et y associer la communauté de communes voisine des Portes de Meuse, où des internes peuvent également faire un stage en médecine de ville. « Cela évite les doublons et permet à tout le monde de se croiser. Sans ces journées, les internes ne se rencontreraient pas : c’est l'un des premiers constats que nous avions établis et qui nous a incités à mettre en place ces journées d'accueil. Désormais, à la fin des journées d'accueil, il est très rare que les internes repartent sans avoir échangé leurs coordonnées », raconte Fatima El Haouti. La communauté des professionnels de santé du territoire du Barrois (CPTS), est un autre partenaire important, elle est directement impliquée dans la préparation de la journée et fournit la liste de l'ensemble des internes. 

Un vivier de potentiels nouveaux médecins

Depuis 2021, le déroulement de ces journées s'est « amélioré » aux dires de l'élue et de la coordinatrice santé de l'agglomération, en charge de cette préparation. « Nous nous adaptons pour tenir compte des retours des internes », souligne l'élue. De l'après-midi organisée dans un complexe sportif de Bar-le-Duc en 2021 à la journée entière aujourd'hui, le planning s'est enrichi et étoffé. Avec des temps forts. Le déjeuner en est un, « un moment de partage auquel les étudiants sont attachés, c'est pour cela que nous prenons soin des assiettes », note la coordinatrice Rachel Claquin. La raclette fait ainsi partie des menus préférés de la grande tablée, et elle était au menu de la journée de novembre (« la Meuse à la montagne »). Autre soin apporté : l'animation de l'après-midi. Chasse aux trésors, visite du patrimoine sous forme de jeu en centre-ville (trouver les appareils médicaux cachés dans des vitrines), sport (lancer de javelot, initiation au golf). Enfin, les journées se terminent par une dégustation de produits locaux. 

Tous les partenaires jouent le jeu, des professionnels de santé des Maisons de santé pluridisciplinaires, à l'hôpital et la polyclinique, l'Agence régionale de santé et la CPAM (pour les aides à l'installation), sans oublier les services de la collectivité : office du tourisme, services des sports et de la culture de la Comcom voisine. Chacun vient présenter ses activités lors de petites tables rondes entre lesquelles les internes circulent.

Ouverture sur les autres métiers de la santé

Cette année, une autre journée d'accueil a été organisée, pour les étudiants en kiné, infirmiers etc. Elle s’étend sur une après-midi seulement, dans un lieu patrimonial, avec le concert d'un artiste local et un temps de rencontres d'acteurs locaux (maisons de retraite, hôpital, etc.), sous forme d'un mini-salon des métiers. Une première édition qui sera reconduite en 2025, compte tenu des « bons retours ». « Certains peuvent arriver le matin en traînant les pieds, mais ils repartent tous enchantés de leur journée », assure l'élue.

La coordinatrice du projet, Rachel Claquin, en charge du contrat local de santé et des maisons de santé, devient la référente des internes, tout au long de leur séjour dans l'agglomération. « Le but est de les aider si besoin, comme on a pu le faire pour une interne qui avait du mal à trouver un logement. On sent bien que ce sont des attentions très appréciées », explique-t-elle. Elle prend également soin de garder contact avec eux. Les internes qui émettent l'idée de s'installer sont particulièrement chouchoutés. Pour apporter un coup de pouce dans des recherches, démarches ou devancer des questions.

Les élus notent déjà que certains internes ont commencé à faire des remplacements sur l'agglomération, en cabinet. Deux internes ont assuré des remplacements cet été. L'un d'eux envisage une installation. Les élus croisent les doigts. 

Les généralistes des deux maisons de santé réfléchissent, quant à eux, à l'idée de devenir maîtres de stage pour pouvoir accueillir des internes.