Le Grésivaudan relance des activités économiques sur ses friches industrielles (38)
Depuis le XIXe siècle, les industries se succèdent et ne se ressemblent pas sur le territoire du Grésivaudan. Pour accueillir les activités nouvelles sans poursuivre l’artificialisation des terres, le territoire s’est lancé, il y a 15 ans, à la reconquête des friches laissées par les industries disparues.
En Isère, située entre les massifs de Chartreuse et de Belledonne, la vallée du Grésivaudan est attractive grâce à la qualité de vie offerte par son environnement naturel et la proximité de Grenoble Alpes métropole. 30 % de l’emploi salarié du territoire se trouve dans l’industrie. Au XXe siècle, les papeteries et aciéries se développent, grâce à la présence de chutes d’eau qui permettent la production d’hydroélectricité. Dans les années 2000, le profil industriel mute. Les entreprises traditionnelles ferment, laissant derrières elles des friches, tandis que les industries de la microélectronique commencent à s’intéresser au territoire, toujours pour sa richesse en eau. Pour accueillir ces nouvelles activités, tout en préservant son foncier, la communauté de communes Le Grésivaudan s’engage dans une politique de requalification de ces friches industrielles.
Réindustrialiser en protégeant l’environnement et la population
« Le Grésivaudan est dynamique, avec 49 zones d’activités, 700 hectares dédiés au développement économique, 1 920 établissements et près de 19 000 emplois, témoigne Jean-François Clappaz, vice-président à l’économie et au développement industriel. Comme l’espace économique disponible tend à se raréfier, et pour éviter l’artificialisation d’espaces naturels et agricoles, nous sommes partis à la reconquête des friches industrielles. 15 ans de travaux et beaucoup d’argent public ont été alloués à ces projets. Les friches nécessitent de lourds travaux de déconstruction et dépollution, et donc d’importants moyens financiers. C’est le prix à payer pour offrir de nouvelles perspectives économiques à notre territoire. » La dépollution des friches s’accompagne de démarches administratives complexes. De plus, un Plan de prévention des risques naturels d’inondation (PPRi) a été mis en place sur le territoire. Il a conduit au gel de près de 50 hectares, préalablement destinés aux activités économiques.
Des investissements très lourds pour la collectivité
Ainsi, en 2010, la collectivité rachète les papeteries du Moulin-Vieux à Pontcharra. 12 ans de travaux et 7 millions d’euros (voir encadré), dont 4 pour la dépollution, redonnent au site sa vocation industrielle. Depuis, la collectivité a réhabilité 10 sites majeurs, deux ont fait l’objet d’un programme de réindustrialisation (Moulin-Vieux à Pontcharra, Pruney au Versoud). Le bilan de ces opérations de requalification est déficitaire. « C’est un choix politique fort, pour gérer et préserver le foncier sur le territoire, précise l’élu. Réhabiliter une friche s’avère long et coûteux pour les collectivités. Cela nécessite une capacité financière, sans attendre un retour sur investissement, si ce n’est un investissement industriel. »
Vers une zone industrielle à énergie positive
« Ce qui m’occupe aujourd’hui est la réduction de l’empreinte carbone des zones d’activités », confie l’élu. En cours de réhabilitation, la dernière friche, l’usine Ascométal au Cheylas, offre un large panel d’ateliers, d’une superficie de 15 à 6 000 m². Elle s’annonce exemplaire pour la limitation de l’empreinte carbone. Des panneaux photovoltaïques en toiture, des ombrières sur le parking et une éolienne produiront l’électricité qui alimentera le site. Une solution de stockage d’énergie renouvelable (solaire, éolien, hydraulique) produite localement, grâce à l’hydrogène et des batteries au lithium, est testée. Le processus a été mis au point par une start-up, Sylfen, installée sur le parc d’activité.
Garder la logique du réemploi continu du foncier
« Nous sommes fiers d’avoir réussi à convertir notre passé industriel et à développer une pluralité d’activités économiques », témoigne l’élu. Toutes les friches ont retrouvé une vocation économique. Ce programme ambitieux a d’ailleurs été récompensé par le prix Politique publique décerné par Territoires et industrie en 2023.Désormais, le territoire est dans une logique d’optimisation et de densification du foncier pour poursuivre son développement économique. « Les entreprises sont incitées à réfléchir à l’optimisation de leur foncier pour assurer leur croissance », conclut l’élu.
Zoom sur le budget
- Aménagement du Moulin-Vieux
Coût total : 7 M€ dont 3,30 M€ financés par le Grésivaudan, en partenariat avec l’Union européenne, la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’État via le plan France
- Aménagement du Pruney
Coût total : 6 M€ dont 2,16 M€ financés par le Grésivaudan
- Aménagement du Cheylas
La foncière privée SLS réhabilite le site en parc d'activités industrielles
Coût total : 8 M€ dont 200 000 € de l’État via le plan France Relance et le Fonds friches Relance
Communauté de communes du Grésivaudan
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Jean-François Clappaz
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