La Grigonnais « réinvente rural » et attire de nouveaux habitants (44)

Située à mi-chemin entre Rennes et Nantes, la commune de La Grigonnais « réinvente le rural » depuis plus de dix ans déjà. Ce centre bourg de Loire-Atlantique, qui ne cesse de gagner des habitants et des entreprises depuis lors, multiplie les projets alliant biodiversité et démarche participative.

« Il faut remonter au 6 mars 2009, se souvient l’actuel maire Gwenaël Crahès. L’équipe municipale de l’époque, menée par François Favry, s’engage dans une réflexion de développement durable pour chaque projet. » C’est désormais dans l’ADN de la commune. À chaque fois, la même question : quel impact sur notre environnement ? Et, autant que faire se peut, comment associer les citoyens à la démarche ?

Filière bois-énergie

Il y a d’abord eu la création d’une filière locale de bois-énergie. Avec la chaudière à bois, installée en 2012, puis agrandie lors du précédent mandat, « la commune parvient aujourd’hui à alimenter la quasi-totalité de nos bâtiments, se félicite Gwenaël Crahès. Maintenant, ça semble évident, notamment pour des raisons économiques et écologiques. Mais, à l’époque, c’était innovant ! »

Pari gagnant, d’autant plus que le bois qui nourrit la chaudière provient des haies bocagères des exploitations agricoles environnantes. Une étude préalable, menée par le Centre d’initiative pour valoriser l’agriculture en milieu rural (CIVAM), avait confirmé que le territoire disposait des ressources nécessaires pour répondre aux besoins de la commune. Pour pousser plus loin son action, la commune pratique une politique incitative. « Si l’agriculteur a mis en place un plan de gestion du bois, nous le lui rachetons plus cher », poursuit l’élu.

Forêt comestible

Transformer le pré de 5 000 m2 qui jouxte le terrain de foot, voilà l’autre projet phare porté par la mairie de la Grigonnais. Pour à la fois valoriser le végétal et favoriser le vivre ensemble, la Ville a décidé d’en faire une « forêt comestible », désormais baptisée « La Pacanière ». Suite à différents ateliers participatifs, associant petits et grands et menés en 2022 par l’association Les jardins de Phine, le site a pris forme. À ce jour, quelque 1 100 arbres ont été plantés.

À terme, le jardin forêt accueillera une mare, une tour d’hirondelles, un parcours sensoriel et un jardin comestible où chacun pourra venir cueillir des grenades, prunes, arbouses, fraises, framboises, ou encore du thym, de l’origan de la rhubarbe… « Avec trois arbres au mètre carré, une partie de l’espace sera un véritable réservoir à biodiversité », commente Gwenaël Crahès. Au-delà de cet enjeu environnemental, c’est aussi l’impact social qui est visé. « L’objectif final, c’est de mettre cet espace en cogestion avec des habitants », ajoute l’élu. Une première étape allant en ce sens sera franchie courant 2023, avec la formation d’un groupe de bénévoles nommés les « MiniBigForest Keepers ».

Nouveau quartier, nouveaux projets

Avec une telle dynamique, pas étonnant que La Grigonnais ait participé à l’appel à projets porté par la communauté de communes de Nozay autour du « Premier réinventer rural » de France ! Lancé en 2018, cet appel visait à « proposer une nouvelle offre d’habiter » et « apporter un renouveau fort et marquant à nos centres bourgs ». Dans la droite ligne de ses autres projets, La Grigonnais a, quant à elle, lancé un projet en cœur de bourg destiné à favoriser les matériaux biosourcés et proposer de nouveaux modes d’habitat, en l’occurrence de l’intermédiaire, de l’habitat collectif disposant d’entrées individuelles, et de l’habitat participatif, avec le soutien de l’association L’Écho-habitant. À terme, le site de 1,5 hectare comprendra 42 logements, allant du T1 au T5 duplex, soit près de 100 habitants.« On est convaincus que le projet va marcher, assure le maire. La phase d’étude d’urbanisme est achevée. Le seul hic : les aménageurs sont assez frileux, car les logements intermédiaires dans notre zone ne sont pas fréquents. » Novatrice à bien des égards, la commune parviendra-t-elle cette fois encore à transformer l’essai ? Elle réfléchit à l’idée de remplacer sa chaudière à bois par une plus grande afin d’alimenter le nouveau quartier en voie d’éclore… Et ce n’est qu’un aspect de la dynamique en cours ! Après tout, un marché de producteurs anime bien le village depuis près d’un an, en partie grâce à la mise à disposition par la mairie d’un vieux hangar et de deux frigos à une association de citoyens et de paysans locaux.