Deshaies expérimente le piégeage des déchets (97)

« Ici, la porte de l’océan, c’est notre fenêtre. » En Guadeloupe, la pollution marine par les déchets d’origine continentale s’illustre d’autant plus que ces déchets sont rapidement déversés sur le littoral… Dans la commune de Deshaies, au nord-ouest de Basse-Terre, ce phénomène est particulièrement visible dans le village de Ferry, au sein du quartier de Fond Héliot-Choiseau. Charriés par les eaux pluviales au bord des routes jusque dans les canalisations et avaloirs, les déchets plastiques, en aluminium et autres bouteilles en verre sont relargués au sein d’un exutoire, qui lui se déverse dans une mangrove à fort intérêt écologique. « La réhabilitation écologique du lieu-dit Fond Héliot-Choiseau, et en particulier la problématique des déchets, s’inscrit dans la convention d’application de la Charte du Territoire signée en 2021 entre le Parc national de Guadeloupe et la ville de Deshaies », explique le premier adjoint à la ville de Deshaies, Alphonse Guillaume. Le travail mené conjointement par l’agent de développement de Deshaies et un agent technique du Parc conduit l’équipe à se pencher sur un dispositif innovant, déjà expérimenté à Marseille et au Havre : la pose d’un piège à déchets.

Barrage conçu ad hoc

L’initiative donne lieu, en juin 2023, à la signature d’une convention entre Deshaies, le Parc national et la communauté d'agglomération du Nord Basse-Terre pour cette expérimentation pionnière aux Antilles. La solution technique, conçue par la société Green city organisation, se présente sous la forme d’un petit barrage en béton et en métal, des matériaux choisis pour leur faible impact sur l’environnement local. Ce dispositif de capture de déchets est placé en périphérie du lit mineur, sur un exutoire d’eau pluviale. Il capte les déchets et les conduit vers un filet, métallique à grosses mailles, capable de capter des objets de la taille d’un mégot de cigarette, et qui peut engranger jusqu’à trois mètres cubes de déchets. « Les objets peuvent ainsi s’accumuler, sans que cela freine trop le débit de l’eau », signale Alphonse Guillaume.

Un dispositif à étendre

Suite à la pose d’un premier filet en juillet 2023, « le premier relevage a été effectué en octobre 2023, conjointement par les services techniques communaux et un agent du Parc national, poursuit le premier adjoint. Nous avons essentiellement ramassé des matières plastiques. Une fois les différents types de déchets triés selon leur nature, nous les orientons vers les déchetteries ou la filière du recyclage. »

La zone littorale de Ferry compte d’autres sites où la pollution marine par les déchets est avérée, la commune de Deshaies projette ainsi d’équiper d’autres exutoires avec ce type de filet, forte du soutien financier de la communauté d’agglomération du Nord-Basse Terre. « Mais nous attendons encore d’avoir un retour d’expériences plus riche sur le site pilote pour aviser quant aux modalités », précise Alphonse Guillaume. Les élus se montrent également attentifs à l’impact de l’initiative partagée avec le Parc national chez les habitants de Ferry, car elle rappelle l’importance de la prévention à la source. « D’autres collectivités guadeloupéennes sont venues découvrir le filet sur place, se réjouit Alphonse Guillaume. Mais tous les exutoires ne peuvent pas être équipés. Si le débit générique est top élevé et que le filet est trop entravant, alors le système se neutralise automatiquement. Dans notre cas, nous avons ciblé une ravine qui ne charrie de gros objets, comme des branches par exemple, qu’en cas de gros orage. »