Creil Sud Oise aide les jeunes des quartiers prioritaires à se saisir du numérique (60)

Très à l’aise sur leur smartphone et les réseaux sociaux, certains jeunes le sont beaucoup moins quand il s’agit de mettre en page un CV ou de remplir un formulaire administratif. « Cet illectronisme des jeunes est particulièrement fort dans les quartiers prioritaires et chez les personnes sans diplômes. Ce sont ces profils que nous avons souhaité accompagner en priorité », explique Sophie Lehner, vice-présidente de l'agglomération Creil Sud Oise (ACSO).

Un plan d’action a commencé en 2019, avec la réalisation d’un diagnostic territorial sur la médiation numérique. L’étude a révélé que plusieurs acteurs associatifs locaux proposent un accompagnement numérique, mais aussi que cette offre manque de visibilité, notamment dans les cinq quartiers prioritaires que compte l’intercommunalité. Cette étude a débouché sur une feuille de route prévoyant la structuration de l’accompagnement numérique, la création d’un lieu étendard pour porter la cause numérique et un programme de transformation numérique de la collectivité.

Lauréate de l’appel à projets

La création de parcours de médiation numérique a ensuite bénéficié d’un coup de pouce de l’État, via l’appel à projets pass numérique, dont l’ACSO a été lauréate en 2019. Cofinancés par l’État, l’Europe et la collectivité (voir encadré), ces pass sont destinés à faciliter l’accès des bénéficiaires à des formations numériques de qualité, sans avoir à débourser un euro. « L’ACSO s’est engagée à commander 1 200 chéquiers. Nous avons opté pour des carnets de cinq chèques de 50 euros, avec la possibilité d’en demander un second », précise Barbara Pasqual, chargée de mission auprès de la direction générale des services de l’ACSO.

Cette modalité permet à la collectivité d’assurer un meilleur suivi des personnes qu’elle a choisi d’accompagner. Les chéquiers sont en effet réservés aux habitants les quartiers prioritaires, qu’ils soient jeunes de 16-25 ans non diplômés ou demandeurs d’emploi. Ces chèques sont délivrés par la mission locale, les trois agences Pôle emploi et les centres sociaux. Sur quels critères ? « Chacun des conseillers, que nous avons formés au dispositif, garde sa latitude d’appréciation des difficultés numériques rencontrées », précise Barbara Pasqual. À Pôle emploi, la structure se base, entre autres, sur leurs résultats aux tests d’évaluation en ligne de la plateforme d’évaluation des compétences numériques PIX.

Structures labellisées

Une fois le chéquier en poche, le jeune est invité à se rapprocher des structures de formation locales : le Point information médiation multi services (PIMMS), Interm’Aide, Solidarité et jalons au travail (SJT), le Centre d’information et de médiation sociale (CIMS) et les Compagnons du Marais. Ces structures ont été labellisées par l’Aptic, l’opérateur national des pass numériques. Les jeunes peuvent ainsi apprendre à créer une vidéo, à poster une annonce sur internet ou effectuer une recherche d’emploi, ou encore à maîtriser les techniques de communication à distance avec leurs proches ou celles nécessaires à la réalisation de démarches en ligne.

Le suivi du dispositif est assuré par un comité d’une quinzaine de personnes, représentants de la collectivité, prescripteurs et structures de formation. Mise en place juste avant la crise sanitaire, la distribution de chèques reste encore modeste avec 40 % des chèques commandés distribués. Au total, une centaine de jeunes ont utilisé leur chéquier. Les premiers retours sont positifs, avec notamment des jeunes qui voient leur dossier plus facilement accepté dans des formations qualifiantes. Quant aux élus ils souhaitent désormais étendre le dispositif à toutes les communes de l’agglomération tout en le réservant aux jeunes ou personnes sans emploi. Et pour incarner la démarche, ils prévoient l’ouverture d’un tiers lieu dans les prochains mois.