Le Sicoval agit pour l’inclusion numérique des habitants (31)

Poussée par l’État, la dématérialisation des formalités administratives est relayée sur le terrain par les collectivités. C’est le cas du Sicoval : la communauté d’agglomération du Sud-Est toulousain s’est engagée auprès de l’État à définir et à mettre en œuvre une stratégie de lutte contre l’illectronisme.

Le vice-président en charge de la transformation numérique sur le territoire de la communauté d’agglomération du Sud-Est toulousain (Sicoval), Dominique Marty, affiche clairement l’ambition des élus : « Nous souhaitons innover dans la construction et la diffusion de services en ligne accessibles à tous, en laissant le choix à chacun de nos habitants entre la relation numérique dématérialisée et les contacts en présentiel. » Cette ambition exige de familiariser au numérique les quelque 22 000 habitants du territoire qui en sont éloignés, pour des raisons d’âge, de compétence ou d’équipement. Pour mémoire, une étude CSA de mars 2018 révélait que 32 % des Français avaient renoncé à une démarche administrative parce qu’elle exigeait de passer par Internet.

Une charte, un diagnostic

Pour atteindre ces objectifs, le Sicoval prend appui sur des actions concrètes. En février 2019, l’agglomération signe la Charte territoire France connectée pour un numérique inclusif. Elle s’engage ainsi à conduire un programme, à tester des outils proposés par l’État, en vue de leur déploiement à l’échelle nationale et à expérimenter des modèles de gouvernance de l’e-inclusion. L’engagement de la collectivité s’est matérialisé dans un premier temps par la réalisation d’un diagnostic, établi sur la base de plusieurs études. Parmi celles-ci, Anne Claire Dubreuil, directrice de projets de la Transformation numérique cite notamment « la cartographie de la fragilité numérique du territoire de l’agglomération, construite à partir de critères tels que l’âge ou la précarité, ainsi que le déploiement d’un jeu visant à évaluer les compétences et l’appétence numérique des habitants. »

Ce diagnostic a fourni aux élus et aux agents les connaissances nécessaires à l’élaboration d’une stratégie visant l’accompagnement et l’assistance des personnes en difficulté avec le numérique. Sont aussi concernées la structuration d’actions adaptées et l’expérimentation de nouvelles solutions. La gouvernance de la lutte contre l’illectronisme a ainsi fait l’objet d’expérimentations de solutions qui seront soumises au secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques début 2022 pour être validées et proposées à l’échelle nationale.

Quelle bonne échelle pour la gouvernance ?

Une de ces propositions concernait la création d’une conférence des financeurs regroupant des acteurs publics et privés pour assurer la coordination territoriale de l’inclusion numérique. « Nous l’avons expérimentée sur notre territoire et imaginé de l’associer à trois collèges composés respectivement d’acteurs du public et du privé, de médiateurs du numérique et de personnes engagées dans la participation citoyenne. Ces collèges auraient principalement pour mission de définir et de valider les projets d’e-inclusion utiles au territoire. L’articulation du travail des trois collèges, aujourd’hui portée par le Sicoval, aurait vocation à être exercée à une échelle territoriale supérieure : la métropole ou le département selon les cas. »

« Dans le département de la Haute-Garonne nous pensons que c’est au département de porter la gouvernance et donc l’articulation entre les trois collèges, indique Anne Claire Dubreuil, directrice des projets de la transformation numérique. Mais il est indispensable que cette gouvernance départementale s’exerce en lien étroit avec les intercommunalités, qui doivent être impliquées dans les choix et les arbitrages. En effet, c’est à leur échelle que s’exercent les interfaces les plus efficaces avec les habitants. » Et aussi « au niveau des communes », ajoute le vice-président en charge de la transformation numérique. « Les centres communaux d’action sociale, les secrétaires de mairie, les tiers lieux sont à la bonne échelle pour aller au plus près des populations et identifier les publics en difficulté, qui demeurent invisibles à tous ceux qui ne sont pas sur le terrain. »

L’illectronisme, pas seulement pour les séniors

Il faut considérer un autre enseignement du diagnostic préalable à la mise en œuvre de la stratégie d’e-inclusion du Sicoval : « Certaines communes sont bien plus touchées que d’autres par l’illectronisme. Elles requièrent des actions spécifiques », explique le vice-président. À noter que les publics en difficulté ne se limitent pas aux personnes âgées. En outre, à rebours d’une idée reçue, les études soulignent que beaucoup de jeunes sont également en souffrance pour réaliser des démarches en ligne. L’illectronisme a souvent sa source dans l’illettrisme, et des actions sont également encouragées par le Sicoval sur cette problématique.

Aujourd’hui, le premier enjeu de l’agglomération est de passer le relais de la gouvernance de l’e-inclusion au département. Il pourra ainsi coordonner ses actions avec celles des intercommunalités, en association avec les structures interdépartementales que sont les hubs territoriaux pour un numérique inclusif, mis sur pied par la Banque des Territoires et l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Un enjeu qui concerne au premier titre la délégation à l’inclusion numérique créée par le Sicoval. Une délégation qui manifeste, selon le vice-président Dominique Marty, tout l’intérêt que portent la collectivité et ses élus à ce sujet.

Financements de l’inclusion numérique

En plus des postes de conseillers numériques du département, l’État finance 7 autres postes de conseilleurs numériques sur le territoire du Sicoval, dont un en place à la communauté d’agglomération, pour un montant total de 350 000 euros. L’État verse également une subvention de 37 000 euros pour l’achat de mobiliers d’e-inclusion et une autre de 40 000 euros pour la démarche Afnor de coordination territoriale d’inclusion numérique. De son côté, le Sicoval a financé à hauteur de 12 000 euros l’évaluation de la compétence numérique de ses agents via la plateforme PIX, consacrée à ce type de diagnostic.

Communauté d'agglomération du sud-est toulousain

Nombre d'habitants :

80000

Nombre de communes :

36
110 rue Marco Polo
31 670 Labège

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