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Offre de soins - Etablissements de santé : pourquoi de tels écarts entre régions ?

L'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (Atih) publie une volumineuse et intéressante étude comparative de l'activité hospitalière en 2011 entre les régions. Il s'agit là de la première mise en oeuvre de l'article 21 (et non 27 comme indiqué par erreur sur le site de l'Atih) de la loi du 10 août 2011 modifiant la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) du 21 juillet 2009. Celui-ci prévoit en effet que les agences régionales de santé (ARS) dressent un bilan annuel de l'activité des établissements de santé et qu'elles le transmettent à l'Atih qui en tire, chaque année, "une analyse nationale et comparative par région".
Une analyse beaucoup moins évidente qu'il y paraît au premier abord, d'autant plus que ses auteurs n'ont pas hésité à se fixer des objectifs ambitieux. Au-delà d'une simple collecte de données à vocation comparative, l'idée directrice de l'étude est en effet de rechercher l'existence d'un lien entre la structure sociodémographique de chaque région et celle de la patientèle de ses établissements de soins. L'Atih se veut toutefois modeste pour ce premier exercice, en précisant que "cette analyse doit être présentée comme une étude exploratoire" et que "les méthodes statistiques utilisées [...] ne permettent pas de déduire des liens de causalité".
Ce travail très fouillé n'en apporte pas moins des éclairages intéressants. Il apparaît ainsi que, sur la période considérée (2010-2011), la plus forte progression de l'activité des établissements de soins concerne les patients de plus de 80 ans et que les régions les plus "âgées" sont donc les plus concernées. De même, la part des interventions réalisées en ambulatoire ou en séances (hors dialyse) présente une nette disparité, allant par exemple de 22,2% de l'activité en Limousin à 32,1% dans le Nord-Pas-de-Calais pour les activités en ambulatoire. L'évolution des catégories majeures de diagnostic (CMD) prises en charge par les établissements de soins présente également des disparités importantes sur l'exercice 2011, difficiles à interpréter : pourquoi, par exemple, les CMD respiratoires progressent-elles de 11,1% sur l'année en Rhône-Alpes quand elles reculent de 4,3% en Corse, tandis que, dans le même temps, les CMD de l'oeil augmentent de 11% en Basse-Normandie alors qu'elles régressent de 3,6% en Bourgogne ? L'étude de l'Atih dresse également une typologie des régions en fonction de leur structure hospitalière. Avec huit classes pour 22 régions métropolitaines (dont deux classes pour les seules régions Alsace et Corse), cette typologie reste toutefois assez large.
La principale limite de l'étude ne vient toutefois pas de l'Atih, mais de la loi qui lui a confié cette mission comparative. Il apparaît en effet que le niveau régional - s'il peut être un niveau de gouvernance de la santé - n'est pas réellement pertinent pour des analyses comparatives en la matière, en raison de l'ampleur des disparités infrarégionales, "souvent plus marquées que les disparités interrégionales". L'étude reconnaît d'ailleurs que "pour aller plus loin, une analyse par territoires de santé permettrait de mieux appréhender les enjeux locaux et d'affiner la relation entre les caractéristiques sociodémographiques et l'activité hospitalière".
A noter : outre le premier volume consacré à la comparaison interrégionale, l'Atih propose également un second tome consacré à un "Atlas régional". Dans l'esprit des atlas démographiques du Conseil national de l'Ordre des médecins, il se compose de monographies par régions présentant, pour chacune d'entre elles, les principales données sur l'activité des établissements de soins.

 

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