Enseignement supérieur : les filières sélectives "de proximité" ont bien un effet positif sur leur territoire
L'ouverture de filières sélectives – classes préparatoires aux grandes écoles ou sections de technicien supérieur – dans des classes "de proximité" ces dernières décennies a bien permis de lutter contre les disparités géographiques, selon l'Institut des politiques publiques. Les élèves issus des petites et moyennes communes en ont particulièrement bénéficié.

© Kergourlay CC BY-SA 3.0
Le recrutement des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et des sections de technicien supérieur (STS) demeure concentré sur les grands centres urbains, mais quand une ouverture a lieu dans une petite commune, elle profite bien aux élèves issus du territoire. Tels sont les principaux enseignements d'une note récente de l'Institut des politiques publiques (IPP) intitulée "Peut-on réduire les inégalités géographiques dans l'accès aux filières sélectives en France ?"
Son auteure, Georgia Thebault, a cherché à connaître le rôle de la distance à la formation la plus proche dans les choix d'orientation. À partir de données individuelles détaillées retraçant les parcours des élèves dans l'enseignement secondaire et supérieur, elle a analysé l'impact des CPGE et STS de proximité créés entre 2006 et 2015 pour lutter contre les disparités géographiques d'accès aux formations sélectives.
CPGE et STS : des effectifs en hausse de 44%
La proportion de diplômés du supérieur varie considérablement selon les régions et illustre la structure de la géographie française : centralisation autour de Paris, contrastes entre zones urbaines et rurales, et forte disparité de l'offre de formation, commence par constater la note. Autrement dit, "la distance à la formation la plus proche peut représenter un obstacle important à la poursuite d'études" pour des raisons financières ou psychologiques.
Pour lutter contre ces freins, les CPGE et STS, qui "offrent des rendements parmi les plus élevés de l'enseignement supérieur", ont connu une expansion importante depuis les années 1990, avec l'ouverture de "classes de proximité", y compris dans des lycées de petites et moyennes communes. En trente ans, les effectifs cumulés des CPGE et des STS sont alors passés de 263.000 à 378.000 étudiants, soit +44%.
Impact sur les élèves des petites communes
Il résulte de l'analyse que "l'ouverture d'une CPGE augmente en moyenne de 0,6 point de pourcentage la probabilité que les élèves du lycée concerné ou des lycées voisins s'inscrivent en CPGE dans les trois ans suivant leur baccalauréat". Cet effet est légèrement plus marqué pour les ouvertures de STS (0,9). Dans les deux cas, poursuit la note, "il correspond à une augmentation relative d'environ 8% par rapport à la probabilité contrefactuelle en l'absence d'ouverture". L'impact des ouvertures de STS atteint même 2,1 points de pourcentage pour les élèves du lycée où elles sont implantées, soit une augmentation relative de 17,6% par rapport à la probabilité contrefactuelle.
L'auteure souligne en particulier que "l'impact des ouvertures de classe est plus marqué pour les élèves de communes de moins de 10.000 habitants, où l'offre de formation est plus limitée". Cet effet est particulièrement net pour les ouvertures de STS, plus nombreuses dans les communes de cette taille, mais vaut aussi, bien que "moins clairement identifié" en raison du plus faible nombre d'ouvertures, pour les CPGE.
Pour l'auteure, "ces résultats montrent que la politique d'ouverture des 'classes de proximité' a favorisé l'accès aux CPGE et aux STS au cours des deux dernières décennies, contribuant ainsi à la diversifier le recrutement des formations sélectives".