Energie : un bouclier tarifaire insuffisamment ciblé sur les plus modestes ?
Le gouvernement a annoncé le 14 septembre 2022 le maintien du bouclier tarifaire en 2023, qui permettra la limitation des prix du gaz et de l'électricité à +15% pour tous les Français, les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les petites communes, et la mise en place d'un chèque énergie de 150 euros en moyenne pour les 40% de ménages les plus modestes, soit ceux faisant partie des quatre premiers déciles de revenus (lire notre article). Au total, 12 millions de foyers devraient être concernés par ce chèque distribué en fin d'année. Son montant dépendra des revenus du ménage : les personnes faisant partie des deux premiers déciles percevront 200 euros et les personnes des deux déciles suivants 100 euros.
Coût des mesures : 16 milliards d'euros pour le plafonnement des hausses de prix du gaz et de l'électricité et 1,8 milliard d'euros pour le chèque énergie. Des efforts importants pour soutenir le pouvoir d'achat des Français mais qui "gagneraient à être plus ciblés à destination des ménages les plus vulnérables", selon Asterès. Le cabinet a fait le compte : les sommes les plus importantes (16 milliards) sont allouées aux mesures les moins ciblées, le bouclier tarifaire concernant l'ensemble des Français. "Or, les ménages les plus aisés sont aussi ceux consommant le plus d'électricité et de gaz, détaille Asterès dans sa note publiée le 15 septembre, ils sont donc, en nombre d'euros dépensés par l'Etat, les premiers bénéficiaires de cette mesure". Pour 100 euros dépensés par l'Etat pour plafonner les prix, 13 euros bénéficient aux 10% des ménages les plus aisés et 8 euros seulement aux 10% des ménages les plus modestes. La solution proposée par Asterès pour mieux cibler les aides : verser directement 100 euros de manière uniforme aux quatre déciles de ménages les plus modestes, sous la forme du chèque énergie par exemple. Le gain serait de 25 euros pour ces ménages, tandis que les six déciles les plus aisés n'auraient pas de coup de pouce du tout.
Dans un rapport publié le 24 février dernier, la Cour des comptes avait de son côté critiqué le "ciblage peu performant" du chèque énergie. Les Sages avaient notamment estimé que le choix d'un critère simple pour établir son barème, à savoir le revenu par unité de consommation, n'était pas "parfaitement cohérent avec son principal objectif, la lutte contre la précarité énergétique", 25% des ménages se trouvant dans cette situation ne le percevant pas.