En 2025, les acteurs du sport attendent plus que jamais l'héritage des Jeux

Refroidis à la rentrée 2024 par une conjoncture défavorable au financement du sport après la parenthèse enchantée des Jeux, les acteurs territoriaux du sport espèrent encore que 2025 pourra donner le vrai départ à l'héritage olympique.

Après un été olympique que chacun s'accorde à reconnaître réussi, la France du sport était en attente de cet héritage cent fois vanté depuis le début de l'aventure des Jeux, en 2015. Dans les territoires dotés de nouveaux équipements ou d'installations rénovées pour accueillir les compétitions ou les délégations étrangères, on s'enorgueillit désormais d'une capacité d'accueil accrue des nouveaux pratiquants, ambition nationale mainte fois répétée. Seulement voilà, c'est partout qu'il faut pouvoir accueillir ce nouveau public, car pas moins de 1,5 million de licenciés supplémentaires sont arrivés dans les clubs à la rentrée de septembre 2024. 

Et pour relever ce défi, nombre de maires se sentent démunis, comme certains d'entre eux en ont témoigné lors du dernier Congrès des maires (lire notre article du 22 novembre). En l'absence d'un plan Marshall, si souvent réclamé, qui permettrait notamment de rénover des dizaines de milliers d'équipements sportifs obsolètes et énergivores, les élus se tournent vers la mutualisation des équipements scolaires mais se heurtent encore à des difficultés, notamment dans les lycées.

À l'école, des dispositifs en berne

Au-delà des équipements, essentiels au développement des pratiques, plusieurs initiatives gouvernementales ont été mises à mal dernièrement. Présentés comme un "héritage" des Jeux, les dispositifs visant à augmenter le temps d'activité physique et sportive chez les jeunes battent de l'aile. "Trente minutes d'activité physique quotidienne à l'école" a embarqué moins de la moitié des écoles primaires. En cause : une souplesse d'organisation qui, pour les enseignants, pose plus de problèmes qu'elle n'en résout (lire notre article du 30 septembre). Perçu comme "complexe à mettre en œuvre", le dispositif "Deux heures d'activité physique et sportive en plus par semaine au collège" ne sera finalement pas généralisé pour des raisons de "soutenabilité" financière, mais réservé aux établissements classés en réseau d'éducation prioritaire. Son extension à quelque 7.000 collèges aurait en effet coûté environ 20 millions d'euros (lire notre article du 8 novembre 2024). 

De son côté, le Savoir-nager patauge. Le nombre d'enfants initiés à la natation dans ce cadre est passé de 100.000 à 70.000 par an, en raison des problèmes d'organisation que ce modèle de stages – pourtant pédagogiquement performant – pose dans les piscines (lire notre article du 19 décembre). 

L'enjeu du futur PLF pour 2025

Du côté des élus locaux, on a encore déploré cet automne l'importante baisse des crédits de paiement telle qu'elle résultait du projet de loi de finances (PLF) pour 2025 (lire notre article du 21 octobre). Depuis la chute du gouvernement Barnier et le vote d'une loi spéciale pour entamer l'exercice budgétaire 2025 de l'État – et jusqu'au vote d'une loi de finances en bonne et due forme en début d'année prochaine –, seuls des crédits ne pouvant excéder ceux ouverts par la loi de finances pour 2024 pourront être engagés. Ce qui, en raison de l'inflation, fera mécaniquement baisser les moyens disponibles.

Le Premier ministre François Bayrou a toutefois annoncé que le vote du PLF repartirait sur les bases du texte tel qu'il avait été approuvé par le Parlement. Les acteurs du sport se prennent donc à rêver que l'amendement de Benjamin Dirx relevant de 100 à 216 millions d'euros les prélèvements sur les paris sportifs en ligne de la FDJ et des nouveaux opérateurs agréés figurera dans le texte final. Un déplafonnement d'une taxe affectée à l'Agence nationale du sport que le gouvernement a cependant toujours refusé.

Atterrissage "à vue" pour le budget des Jeux

Pour les Jeux olympiques, d'importants moyens financiers ont pu être débloqués. Alors que le coût initial de l'évènement pour les finances publiques était de 1,47 milliard d'euros en 2018, il "atterrira" selon le "jaune" budgétaire au minimum à 2,6 milliards, et sans doute entre 3 et 5 milliards si l'on en croit les déclarations du premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.

Or les acteurs du sport français attendent de nouveaux investissements. D'abord pour faciliter l'accès aux clubs chez les jeunes, et en particulier les plus pauvres, par exemple en relevant les crédits du Pass'Sport (lire notre article du 9 décembre). Mais aussi pour encadrer ces nouveaux venus par des éducateurs formés. Et surtout pour rénover leurs équipements sportifs, à l'heure où certaines collectivités font le choix de fermer les gymnases faute de pouvoir les chauffer (lire notre article du 26 novembre) .

Mis en avant par les organisateurs auprès de la population française, l'héritage des Jeux n'est donc pas encore au rendez-vous. L'année 2025 sera une marche décisive vers sa construction.