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Conférence des villes - Emplois d'avenir : Michel Sapin compte sur les grandes villes

A peine annoncée, la baisse du nombre de chômeurs au mois d'août a suscité une polémique. Mais devant la Conférence des villes, mercredi, Michel Sapin a exhorté les maires à "en finir avec les grincheux" et à se saisir des emplois d'avenir alors que jusqu'ici les grandes villes ont traîné les pieds. Selon lui, sa politique en faveur des jeunes commence à porter ses fruits. La barre des 60.000 emplois d'avenir a été franchie.

Quelques heures avant la publication des chiffres du chômage pour le mois d'août, le ministre du Travail, Michel Sapin, se montrait très confiant, mercredi, appelant à combattre "le scepticisme généralisé".
"Cela fait cinq ans que tous les mois, le ministre de l'Emploi annonce une augmentation du nombre de chômeurs […] L'action locale, régionale, nationale, voire même européenne, à un moment donné, ça porte ses fruits", a-t-il asséné lors de la Conférence des villes, le rendez-vous annuel de l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) consacré cette année à l'emploi.
Le ministre a dû se contenter de cette litote avant que les chiffres tombent dans la soirée : pour la première fois depuis avril 2011, le nombre de chômeurs de catégorie A (sans activité) est reparti à la baisse, avec 50.000 demandeurs d'emplois de moins, a-t-on appris de la Dares (ministère du Travail).
Seulement voilà, pour une grande part, cette amélioration s'explique par le bond (+38,3%) des radiations des listes de Pôle emploi pour défaut d'actualisation. En clair, 275.000 personnes, contre 200.000 au mois de juillet, ont disparu des listes de l'opérateur faute d'avoir actualisé leur situation mensuelle, comme elles y sont obligées. "Les statistiques publiées ce mois-ci peuvent être affectées par une hausse d'une ampleur inhabituelle des sorties enregistrées pour cessations d'inscription pour défaut d'actualisation en août 2013", prend soin de préciser la Dares. L'UMP a aussitôt saisi la balle au bond pour parler de "manipulation statistique".

Entre 500 et 600 emplois d'avenir tous les jours

Michel Sapin s'est donc gardé de tout triomphalisme, indiquant qu'il était encore trop tôt pour parler de retournement. Même si, selon lui, l'inversion a déjà commencé pour "le chômage des jeunes qui, pour le quatrième mois consécutif, a diminué fortement (25.700 jeunes demandeurs d'emploi de moins)". C'est le "résultat direct" de sa politique en faveur des jeunes, souligne-t-il, dans un communiqué.
60.000 emploi d'avenir ont été signés à ce jour, s'est-il réjoui, lors de la Conférence des villes. "Il va y en avoir entre 500 et 600 tous les jours." A ce rythme, l'objectif fixé à 100.000 avant la fin de l'année sera bel et bien atteint. "Il faut en finir avec les grincheux", a-t-il martelé face aux maires. 
Alors que les grandes villes traînent un peu des pieds depuis l'entrée en vigueur du dispositif, il leur a assuré qu'on pouvait créer des emplois d'avenir "sans augmenter sa masse salariale". "Mais cela suppose de faire de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences", en tenant compte des départs à la retraite. Les emplois d'avenir, "ce sont des emplois aidés, mais le plus intelligemment possible. La formation, c'est la clé de tout. Il y a eu beaucoup trop de contrats aidés par le passé, qui n'étaient là que pour occuper", a-t-il ajouté. C'est oublier le recours massif à ces contrats aidés classiques depuis l'arrivée de Michel Sapin. Le projet de budget pour 2014 en prévoit encore 340.000 dans le secteur non marchand.
S'agissant du contrat de génération, l'autre dispositif phare en faveur des jeunes, mais réservé, lui, au secteur marchand, Michel Sapin s'est défendu d'un retard au démarrage. Avec 10.600 demandes d'aides déposées à la mi-septembre, "cela monte au rythme normal", a-t-il assuré, sachant que la négociation prévue pour les entreprises de 50 à 300 salariés "doit se terminer à la fin du mois de septembre". "Un contrat de génération ne crée pas d'emploi, c'est un accélérateur d'embauche", a-t-il aussi ajouté, demandant aux entreprises de se montrer "plus allantes".

"Les grandes villes sont les moins bonnes"

Quelques jours après la publication du rapport de la mission d'information de l'Assemblée pointant un retard des agglomérations par rapport aux zones rurales, les emplois d'avenir ont fait l'objet d'une table ronde lors de la Conférence des villes. Le député Jean-Patrick Gille, président de l'Union nationale des missions locales, a confirmé que "proportionnellement, les grandes villes sont les moins bonnes". "C'est étonnant, car quand on a fait le dispositif, on était persuadés que les ZUS (zones urbaines sensibles, ndlr) en profiteraient le plus. Mais la liste des dix départements qui réussissent le mieux, ce sont les plus ruraux." Le député a dénoncé une "frilosité" des services de ressources humaines des collectivités qui n'ont "pas assez de vision sur la gestion prévisionnelle de l'emploi".
"Ce n'est pas une question de quantité, lui a répondu Hélène Mandroux, le maire de Montpellier dont la ville a recruté 50 emplois d'avenir, "uniquement des jeunes des quartiers sans formation". "Notre souci , c'est de recruter sur des emplois qui doivent se pérenniser [...] c'est qu'au bout de trois ans, [les jeunes] rentrent dans la fonction publique territoriale."
Refusant aussi de se lancer dans "une course à l'échalotte", le maire d'Evry et président de la communauté d'agglomération Evry Centre Essonne s'est chargé de faire la promotion des emplois d'avenir : "Nous n'avons pas mesuré suffisamment tôt l'ambition de ce dispositif, a reconnu Francis Chouat. Ca marche [...] Je ne connais pas un seul emploi d'avenir qui soit mécontent."
Du côté des chefs d'entreprises, Antoine Frérot, le PDG de Véolia Environnement, a alerté les maires sur les 150.000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans qualification. Il leur a proposé d'introduire des obligations de formation dans les appels d'offres : "La commande publique a été mise à profit pour les emplois handicapés, pourquoi pas pour ces jeunes ?"